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Palestine occupée : les crimes israéliens du 18 au 24 novembre

Abdullah, présumé terroriste à 8 ans 

Dimanche vers 9 h, à la « porte des Maghrébins » (qui mène à al-Aqsa), un certain Fadi Abu Shukheidem (42 ans) tue quatre occupants israéliens, dont un colon et deux officiers de police, avant d’être tué à son tour. La riposte ne se fait pas attendre…Après avoir bouclé la vieille ville pendant une heure, l’armée perquisitionne l’école al-Rashidiya, où Abu Shukeidem animait un cours de religion, et retient plusieurs heures le directeur de l’école pour l’interroger. Puis les forces d’occupation investissent le domicile de l’assaillant au camp de réfugiés de Shu’afat. La maison est saccagée et la famille au grand complet emmenée en détention : son frère Shadi, son neveu Basel, sa fille Aya (20 ans) et son fils de 8 ans, Abdullah ! Cette intervention musclée déclenche évidemment des affrontements qui dureront jusqu’au soir, provoquant des dizaines de suffocations. 

Les prisons de la mort lente 

Jeudi 18 au matin, Sami Abed Al-Amour, citoyen de Deir Al-Balah (dans la bande de Gaza), s’éteint à l’hôpital Soroka de Beersheba. Agé de 39 ans, il purgeait depuis 2008 une peine de 19 ans d’incarcération. Malgré la détérioration de sa santé, ses geôliers ont attendu le dernier moment pour lui prodiguer des soins. Non assistance à personne en danger ou meurtre prémédité ?

Ce drame vient rappeler le sort des quelque 4600 Palestiniens aujourd’hui détenus dans les geôles israéliennes, dont 200 mineurs et 35 femmes. Parmi ces prisonniers politiques, 200 malades ont besoin d’une intervention médicale mais l’administration des prisons tergiverse et fait de leur traitement médical un objet de chantage.

Depuis la guerre de 1967, près d’un million de Palestinien-ne-s de tous âges sont passé-e-s par la case prison.

Cette semaine encore, ce sont au moins 84 habitants de Cisjordanie, dont 7 mineurs et 3 femmes, qui ont rallongé cette liste. Ainsi, jeudi 18 à 3h du matin, lors d’un raid sur Bethléem et les villages voisins, l’armée prend d’assaut plusieurs maisons et s’empare de 7 habitants, parmi lesquels le jeune (17 ans) Zaki Za’ul, de Husan. Le soir, lors d’affrontements à al-Issawiya, faubourg de Jérusalem que l’occupant voudrait vider de ses habitants non-juifs, c’est un ado de 14 ans, Qusai Abu Irmilah, que les soldats battent comme plâtre avant de l’emmener pour incarcération. Dimanche, à Jérusalem Est, les kidnappings à domicile de Ali Mahmoud al-Tawil et de Hussain Ahmed Atiya (17 ans tous les deux) ont lieu pour une fois en début de soirée. Dimanche, à 2 h du matin, c’est encore à al-Issawiya que la soldatesque roue de coups les quatre frères Abu al-Humus avant de les emmener. Ils s’appellent Khader, Belal, Sultan et Mohammed (le plus jeune a 19 ans).

Palestine occupée : les crimes israéliens du 18 au 24 novembre

La pression sur les habitants du quartier n’épargne pas les femmes : lundi à 16 h, Rasha al-Issawy est enlevée à son domicile. Beit Safafa est une autre ville harcelée autour de Jérusalem, à cheval sur la « ligne verte ». Mardi à 18 h 30, deux jeunes de 15 ans y sont kidnappés lors de la perquisition de leur domicile :  Adam Mustafa al-Safadi et Mohammed Ibrahim al-Wahsh.

Les dignitaires sont aussi dans le collimateur : Najeh Bakirat (64 ans), directeur général adjoint des fonds de dotation de Jérusalem, est arrêté mercredi à la porte des lions. Ce même mercredi, police et armée se déploient dans le camp de Jazalone, à Ramallah, et prennent d’assaut plusieurs maisons. Cherchant à s’emparer d’un certain Mohammed Abu Sabri, elles font irruption chez lui, rassemblent sa famille et ordonnent à son frère de lui téléphoner pour lui dire de se rendre sous peine qu’on enlève toute sa famille. Finalement, l’assaillant évacue les lieux en emmenant en captivité la mère (Nabila, 50 ans) et le frère (Belal, 30 ans) de l’homme recherché. Au cours de la même opération, un ancien prisonnier, Thaier Samad’ah (30 ans), est une nouvelle fois emmené en détention. Quant à Mohammed al-Salameen, enlevé dimanche à 3 h du matin à son domicile d’al-Bireh, ce sera, à 24 ans, la deuxième fois qu’il croupira en prison… 

Une occupation nauséabonde 

Cette semaine, cinq habitants de Cisjordanie, dont deux mineurs et un journaliste, ont été gravement blessés par balles. En incluant les blessures plus légères, on arrive à un total d’au moins 28 – sans compter les centaines de victimes de suffocation par les gaz de la répression. Jeudi 18 à 19 h 30, l’armée se déploie dans le quartier d’al-Dahra, à al-Issawiya. Elle établit des checkpoints un peu partout et contrôle les identités. Des dizaines de jeunes résistent en lançant pierres et fusées d’artifice contre les véhicules militaires, s’attirant en retour balles métalliques et grenades lacrymogènes. Arrivé en renfort, un véhicule inonde de « skunk » les magasins et habitations d’alentour. Merveille de la high tech israélienne, ce liquide nauséabond et toxique imprègne tout et peut persister jusqu’à trois semaines.

La résistance des jeunes palestiniens ne faiblit pas

Bilan de plusieurs heures d’affrontements : 17 blessés légers et 95 suffoqués, en plus du jeune kidnappé de 14 ans mentionné plus haut.Vendredi midi, un jeune de 17 ans, Fares al-Durra, est blessé aux membres inférieurs lors de la répression d’une manifestation à Qalqiliya. Au même moment, dans le village voisin de Kafr Qaddum, deux autres personnes qui protestaient contre le bouclage du village sont blessés, parmi lesquelles un autre jeune de 17 ans, atteint à la main par une balle.Dimanche à l’aube, pour une raison non précisée, une force d’infanterie israélienne se déploie dans le centre de Ramallah, tirant bombes assourdissantes et lacrymos. Bienvenue dans la capitale de l’Etat de Palestine ! Des jeunes ripostent à coups de pierres et de bouteilles vides.

Les balles métalliques des policiers visent et blessent au genou un journaliste, Maher Haroun, alors qu’il couvre l’évènement à distance et bien qu’il porte une tenue estampillée « presse », bien reconnaissable. Lundi à 2 h du matin, Silwan est une nouvelle fois la cible. Plusieurs maisons de la famille du gouverneur de Jérusalem, Adnan Ghaith, sont prises d’assaut et saccagées. Des bombes assourdissantes sont tirées à l’intérieur et les occupants roués de coups. Quatre des habitants sont emmenés vers des centres d’interrogatoire (« de torture » serait une appellation plus exacte). Mais la cible privilégiée n’est autre que le gouverneur, battu en même temps que ses fils et cousins. Adnan Ghaith a été arrêté à de nombreuses reprises depuis sa nomination. 

Colons auto-destructeurs 

On a recensé 19 attaques de colons cette semaine. La récolte des olives étant terminée, ce sont les voitures palestiniennes qui en font les frais : pneus crevés, vitres brisées à coups de pierres… Dans le gouvernorat de Naplouse, on dénombre sept attaques de ce type perpétrées par des colons de Yitzar pour la seule journée du dimanche. Dans la nuit qui suit, les mêmes s’en prennent aux fenêtres des habitants d’Urif. A Sheikh Jarrah, la police israélienne a relevé les empreintes sur les pneus crevés sous prétexte de mener une enquête alors que les attaques contre les voitures palestiniennes s’y effectuent généralement sous sa protection.

Vivants et morts privés de toit 

A Jérusalem, les démolitions se poursuivent : deux immeubles résidentiels de deux étages, détruits sans préavis avec les meubles à l’intérieur, et deux bâtiments agricoles. Pour le propriétaire des immeubles, ce sont 18 ans d’économies qui partent en fumée.

A Yatta, près d’Hébron, une maison de deux étages et… un cimetière passent sous les bulldozers. 

A Asira ash-Shamaliya, près de Naplouse, c’est une route pavée de 500 mètres reliant le village à des terres agricoles que les engins de l’occupant font disparaitre. Cette route était cofinancée par une caisse de secours agricole, une compagnie d’électricité et la municipalité. 

La Cisjordanie entravée Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés 62 checkpoints temporaires et 11 fermetures de points névralgiques pour compliquer encore un peu plus les déplacements à risque des habitants de Cisjordanie. Cinq Palestiniens ont été enlevés à ces checkpoints.

Dans Gaza assiégée 

A l’unique point de passage autorisé pour le déplacement des personnes, même des patients atteints de maladies graves ne sont pas toujours autorisés à aller se soigner en dehors de Gaza.

Et les entorses au cessez-le-feu infligées par Israël sont quasi quotidiennes :

– Alors qu’ils naviguent à moins de trois milles des côtes (la limite autorisée par les accords d’Oslo est de 20 milles), d’inoffensifs bateaux de pêche ont encore été attaqués par la marine de guerre ce jeudi.

– Des terres agricoles ont encore été visées par des soldats campés derrière la ligne de démarcation les jeudi et lundi.- D’autres soldats ont tiré vendredi et samedi sur des habitants.

– Lundi, des tirs ont visé des positions de la résistance au nord de Beit Lahia.

– Lundi et mardi, des engins de chantier couverts par des véhicules militaires et des avions de reconnaissance ont pénétré en territoire gazaoui pour se livrer à des travaux de terrassement.

– Lundi encore, l’armée a intercepté deux habitants qui tentaient de fuir la bande de Gaza. 

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 Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ .

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