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« Crime et châtiment dans la colonie de Homesh en Cisjordanie », par Gideon Levy

Meurtre d’un colon israélien, en Cisjordanie occupée. Alors là, les médias se réveillent. Il y a eu 9 morts palestiniens et de nombreux blessés dans les semaines précédentes, attaqués par des colons ou par l’armée d’occupation, parce qu’ils résistaient pacifiquement au vol de leurs terres. Mais cela, motus, n’a intéressé personne. Le journaliste israélien, Gidéon Levy, résume bien la situation dans le quotidien Haaretz.

"Crime et châtiment dans la colonie de Homesh en Cisjordanie", par Gideon Levy
Attaque de colons dans le Nord de la Cisjordanie
Fermiers palestiniens blessés par des colons

« Des soldats israéliens se tiennent entre des Palestiniens et un colon juif à la suite d’une attaque de colons contre le village cisjordanien de Burqa, vendredi. Le crime est Homesh, le meurtre de Yehuda Dimentman est la punition. La plupart des Israéliens voient les choses différemment, car c’est ce qu’on leur dit : un beau jour, un étudiant de yeshiva (école religieuse juive NDLR) est assassiné sans que ce soit sa faute, uniquement parce qu’il était juif et que ses tueurs assoiffés de sang étaient nés pour tuer. Les Palestiniens sont toujours dans le rôle des méchants ; les Juifs sont toujours les victimes.

C’est une version réconfortante, mais elle n’a aucun lien avec la réalité. S’il y a un endroit en Cisjordanie où une attaque n’est pas venue de nulle part, sans raison ni contexte, Homesh est cet endroit. S’il y a un endroit où les Palestiniens n’ont aucun moyen de récupérer leurs terres, sauf par la violence, Homesh est cet endroit. Et s’il y a un endroit où les colons, la droite, le gouvernement et l’armée font tout ce qu’ils peuvent pour provoquer cette effusion de sang, Homesh est cet endroit. Le sang de Dimentman est aussi sur leurs mains.

« Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » a déploré le colon Ariel Danino de Kumi Uri sur Twitter. Kumi Uri est un avant-poste dont les habitants attaquent également les soldats et la police. Et voici pourquoi : Le gouvernement israélien a décidé d’évacuer Homesh lors du désengagement de Gaza en 2005. Huit ans plus tard, la Haute Cour de justice a ordonné à l’État d’annuler les ordonnances d’appropriation et de fermeture de la zone émises contre les Palestiniens. Les colons, soutenus par l’armée, le gouvernement et la droite, y ont établi une yeshiva.

Pendant des années, nous avons essayé d’approcher Homesh à plusieurs reprises. Des colons armés et masqués sortaient toujours de cette « pure maison de la Torah » et nous chassaient avec des menaces. Leur rabbin regardait de loin et n’intervenait pas. Quand nous sommes arrivés là-bas après la décision de la Haute Cour avec quelques propriétaires terriens de Burqa, ils n’ont pas osé sortir de leur voiture.

Je n’ai jamais vu de Palestiniens aussi effrayés que ce groupe d’agriculteurs, qui depuis 35 ans n’ont pas été autorisés à entrer sur leurs terres. Pendant un instant, on espérait que justice serait faite tardivement.

Depuis mars 2020, B’Tselem a documenté sept agressions par ces ‘enfants de la Torah’ de Homesh. Ils ont attaqué des femmes et un bébé, blessé des personnes âgées et de jeunes bergers et saccagé des voitures et des maisons dans le village palestinien voisin de Silat al-Dhahr. Il y a environ quatre mois, ils ont attrapé un Palestinien de 15 ans, Tareq Zubeidi, qui avait osé aller pique-niquer avec ses amis près de cette école de violence débridée, et ils l’ont torturé. Ils l’ont battu, ligoté et lui ont donné des coups de pied alors qu’il était ligoté, l’ont attaché au capot de leur voiture puis l’ont jeté à terre, et après cela ils l’ont attaché par les bras à un arbre et lui ont brûlé la plante des pieds avec un briquet. Ils étaient sortis de la yeshiva, ils étaient apparemment les amis de Dimentman.

Toutes ces années, la droite a organisé des démonstrations de force à Homesh, avec la participation de ministres du gouvernement et de députés. Tsahal n’a pas levé le petit doigt, comme d’habitude. Depuis 2013, le porte-parole de Tsahal a promis à Haaretz avec ses paroles habituelles : « L’entrée des Palestiniens sur la terre sera décidée en fonction de leur lien avec la propriété. »

Bien sûr, Tsahal n’a jamais vérifié le « rattachement à la propriété » par les voyous des colons. Et donc il n’y a plus personne pour exécuter les décisions du gouvernement et faire appliquer les décisions de la Haute Cour, ni pour rendre la terre aux malheureux fermiers de Burqa. C’est assez pour vous rendre fou.

Les Palestiniens ont deux options : renoncer, comme le faisaient les agriculteurs de Burqa, ou essayer de récupérer par la force leurs terres et les restes de leur dignité. C’est ce que les tueurs de Dimentman essayaient apparemment de faire. Que conseilleriez-vous aux Palestiniens ? Que feriez-vous à leur place ? À notre grande horreur, cela ne les aidera pas non plus. Bientôt : le retour à Homesh.

Au sud de Homesh se trouve l’avant-poste colonial d’Evyatar. Neuf Palestiniens ont déjà payé de leur vie des protestations contre le vol de terres là-bas. Là aussi, Israël se moque des décisions de sa propre justice, en y établissant une « yeshiva ». Bientôt, un terroriste assoiffé de sang tentera également de frapper les colons là-bas ; alors Israël se lamentera, jouera la victime et pleurera sur son sort amer face à cette cruelle terreur palestinienne. »

par Gidéon Levy

Et ce n’est pas fini. Car on peut imaginer qu’après le meurtre de ce colon, c’est le déchaînement intégral, toutes les villes et tous les villages palestiniens de la région sont attaqués. A Naplouse, les mosquées appellent à l’auto-défense pour protéger les habitants et les biens.

Courageusement, les Palestiniens répondent aux raids de l’armée et des colons. A Silat al-Harithiya, dans le Nord de la Cisjordanie occupée, sur la route entre Naplouse et Jénine, ils ont riposté samedi face aux blindés :

A Burqa, également, l’armée procède à des arrestations et saccage les domiciles des Palestiniens.

Source : Haaretz et Quds News

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