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Dareen Tatour et Luk Vervaet à la librairie Résistances le mardi soir 26 avril !

Ne ratez pas cette soirée exceptionnelle, avec la poétesse palestinienne Dareen Tatour, emprisonnée plus de 3 ans par Israël pour avoir publié le poème « Résiste ô mon peuple, résiste » et avec l’écrivain et militant belge Luk Vervaet qui présentera son dernier livre « Somud » (Résistance).

Dareen Tatour : Trois ans de prison : corps ligoté, esprit libre

Dareen Tatour, 39 ans, citoyenne israélienne d’origine palestinienne a été emprisonnée par israël pour avoir publié sur les réseaux sociaux un poème en arabe intitulé « Résiste ô mon peuple, résiste »

Arrêtée le 11 octobre 2015, accusée « d’incitation à la violence et apologie de terrorisme» , et transférée dans des prisons israéliennes tous les 3 mois, Dareen Tatour est devenue le symbole de ce que veut dire la liberté d’expression et de création artistique en Israël, quand on est palestinien.

Après 5 interrogatoires « musclés » où on lui a hurlé dessus et où elle a été brutalement secouée pour lui faire signer des « aveux d’avoir violé les lois et d’inciter à la violence contre les Juifs », elle a passé 11 mois en confinement solitaire, puis été condamnée aux arrêts domiciliaires sans le droit de téléphoner ni de se servir d’internet.

« Des restrictions qui n’ont aucun précédent », a souligné son avocate Gaby Lasky, ajoutant : « Cette criminalisation de la poésie n’a qu’un but, celui d’intimider et de réduire au silence les Palestiniens qui vivent en Israël. »

Dareen Tatour, est en effet citoyenne israélienne, mais les règles ne sont pas les mêmes en Israël pour les Juifs et pour les non-juifs. 

Haaretz  a publié de longs extraits des questions surréalistes posées, lors de son procès à Nazareth, par le procureur général aux différents témoins israéliens, et tournant autour de l’interrogation « Qu’est-ce qu’un poème ? »

L’un des témoins était le professeur de littérature hébraïque Nissim Calderon, qui a été interrogé pendant deux heures sur le thème : « Est-ce que le poème de Dareen Tatous est un poème ? »

– Le Procureur : Vous affirmez que l’accusée est poète ?

– Calderon : Oui.

– Le Procureur : Vous confirmez que vous n’avez eu aucun contact avec l’accusée par le passé ?

Calderon: Non. J’ai simplement lu les accusations contre elle, dont son poème, et toute personne qui écrit des poèmes est un poète.

Le Procureur : Que répondez-vous à ceux qui estiment que le texte de Tatour n’est que de la camelote juvénile ?Est-ce que cela pourrait vous faire changer d’avis ?

Calderon : Tous les poèmes, même ceux qualifiés de camelote juvénile restent néanmoins de la poésie.

Le Procureur : Qui définit ce qui constitue un poème ?

Calderon : Il n’y a pas d’autorité habilitée à certifier qu’un poème est bien un poème. Ce que le poète lui-même qualifie de poème est un poème.

Le Procureur : Comment savez-vous que l’accusée définit son texte comme un poème ?

Calderon : Les éléments rythmiques contenus permettent de parler de poème

Procureur : quels éléments rythmiques ?

Calderon : Quand les phrases sont courtes, avec une musicalité , comme dans « Résiste, Ô mon peuple, résiste » et des répétitions, souvent dénommées « chorus », on parle de poème

Le Procureur : Alors, si j’écris un texte de 8 lignes fait de courtes phrases et que toutes les deux lignes, je répètes des phrases précédentes, vous allez considérer cela comme un poème ?

Calderon : Oui

….(Transcription littérale, traduite de l’anglais par CAPJPO-EuroPalestine)

“Bien sûr, ce n’était pas un procès, mais une pièce de théâtre » a déclaré Dareen Tatour. « Israel a pris toute notre terre. Rien de surprenant à ce qu’il ait besoin d’opprimer un maximum de gens ».

Elle raconte : « Après une nuit passée au centre de détention de Jalama (Kishon), on m’a transférée à la prison de Damon, à Dalivat al-Karmel, ville située près d’Haïfa. Elle servait d’entrepôt de tabac, durant le Mandat britannique et a été transformée en prison par Israël, pour y fourrer quelque 500 prisonniers. En 2002, des Associations des droits humains et un comité de juristes israéliens se sont accordés pour déclarer que l’endroit ne convenait même pas aux animaux, donc que ce n’était pas pour les êtres humains. Pourtant, jusqu’à ce jour, on l’utilise encore comme prison pour les détenus et prisonniers palestiniens arrêtés pour avoir travaillé en Israël sans permis, laquelle s’ajoute à « la section 61 » réservée aux prisonniers politiques. J’étais dans cette section avec 22 prisonnières. 

J’ai vécu de multiples scènes cruelles, mais la pire a été celle de la fille d’une des prisonnières qui tapait la cloison en verre avec ses deux mains pendant la visite, pleurant, criant. Elle voulait simplement toucher sa mère, mais ni les geôlières, ni les services pénitentiaires ne lui ont donné l’occasion de le faire – pas une seule minute. Le seul choix de la mère était de lui envoyer des baisers : De les imprimer sur le verre, ce qui la faisait pleurer à son tour. Les visites dans les prisons politiques israéliennes ne se font que derrière un verre protégé contre tout contact, même auditif. De plus, de nombreuses prisonnières n’ont jamais eu le droit à de visites depuis leur détention, autre brutale vérité. Ces expériences que j’ai vécues en prison ont éveillé mes émotions et m’ont inspirée à écrire encore plus, malgré la souffrance. Je note donc tout ce que je sens et vois, jusqu’à ce que chaque incident se transforme en poème.

Je suis entrée en prison avec un poème en tête, mais on m’a relâchée avec 101 poèmes, plus un roman que j’y ai écrit, incorporant les menus détails de cette vie et les épisodes : Un défi, avec moi-même en premier et les autorités israéliennes en deuxième place. Je ne me suis pas arrêtée là, y ayant appris à dessiner. À présent, je m’exprime également en images. J’ai aussi transformé ma chambre en laboratoire de photographie, filmant un projet sur l’assignation à domicile et la prison. Voici comment j’ai converti mon séjour en détention en d’autres énergies créatives, ce qui confirme que rien n’arrête une poétesse d’exprimer ses sentiments, même si son corps est en prison, car l’esprit reste libre. »

« La détention que j’ai endurée est la preuve certaine qu’on m’a détenue, accusée et emprisonnée pour la seule raison que je suis Palestinienne et qu’on me dit Arabe sur ma carte d’identité. Israël est loin d’être une démocratie. Il donne des jugements racistes et n’accorde la démocratie qu’à ceux dont la carte d’identité a la mention « Nationalité juive ».

Dareen Tatour est de passage en France pour moins de 48 H. Venez échanger avec elle ! Elle rompra le jeûne du ramadan (dattes palestiniennes, lait et biscuits) avec celles et ceux qui le souhaitent.

Luk Vervaet l’accompagne avec des livres de circonstance !