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Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée du 21 au 27 avril 2022

 Par la volonté de l’occupant, le mois de ramadan s’est poursuivi comme il a commencé : dans le sang et les larmes (ou plutôt les suffocations, dues aux lacrymogènes, qui n’ont même pas épargné des fillettes dans leur école). Trois jeunes de 18 à 20 ans, abattus sans sommation alors qu’ils manifestaient pour leur liberté, portent à 41 le nombre de victimes depuis le début de l’année. Auxquelles s’ajoutent 86 blessés, dont sept enfants et adolescents, deux soignants et trois journalistes – en leur qualité de témoins gênants.

La machine pénitentiaire israélienne a avalé au moins 121 détenus politiques supplémentaires, dont quatre mineurs, au cours de 228 incursions « musclées » en Cisjordanie dans cette seue semaine.

Gaza a subi 5 bombardements et 30 attaques en même temps qu’un blocus renforcé. Il fallait bien fêter la Pâque juive… 

Une jeunesse décimée 

Vendredi 22, à 3 h 10, Lotfi Ibrahim Labadi (20 ans) succombe aux blessures qu’il a endurées le 18 à l’aube lors d’un raid israélien sur Yamoun. Un autre habitant, Abdullah Imad Al-Samudi, avait été grièvement blessé dans les affrontements.

Mardi 26 à 1 h 15, dans le camp de réfugiés d’Aqabat Jabr, au sud de Jéricho, une unité des forces spéciales Mista’arvim s’infiltre clandestinement dans le camp à bord d’un camion banalisé. Le commando fait irruption dans l’atelier al-Ajouri et s’empare de Muhammad Tariq en même temps que de son fils Hamza. Pendant ce temps, un grand déploiement de soldats envahit le camp et ne tarde pas à se heurter à de jeunes manifestants « armés » de pierres et de bouteilles vides. Les balles des soldats blessent quatre de ces manifestants, dont deux mineurs : Hassan Ahmed Abu Ajwa (16 ans) et Muhammad Riyad Awadat (17 ans).

Quant à Ahmed Ibrahim Oweidat (20 ans), il décède à l’hôpital à l’issue de quatre heures d’opération. En visant sa tête, le tireur ne lui avait laissé aucune chance. 

Mercredi 27 après-midi, le scénario est presque identique. Des commandos israéliens envahissent Jénine, attaquent plusieurs maisons et enlèvent plusieurs citoyens de la ville. Spontanément, les habitants protestent en lançant pierres et bouteilles contre les véhicules des assaillants, lesquels ripostent à coups de grenades lacrymogènes mais aussi de balles métalliques et de balles réelles. C’est alors qu’un des soldats terrasse d’une balle dans la tête Ahmad Massad (18 ans), qui se tenait à distance sur une colline surplombant la route. Le Jihad islamique revendique Massad comme l’un de ses combattants et Israël affirme qu’il était armé*. Assassiné ou mort au combat, dans tous les cas il a succombé, comme d’autres en Ukraine, en exerçant son droit d’occupé de résister à l’occupant – par des balles ou par de simples pierres.

Trois autres jeunes, dont deux de 16 ans, ont été blessés lors de la même opération punitive, au cours de laquelle deux habitants ont été emmenés en détention. Un ordre de démolition a été remis à la famille de Raad Hazem, dans le cadre d’une punition collective contre l’auteur de l’attentat de Tel Aviv du 7 avril. (Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=daJD_Hmdafc)

Musulmans et chrétiens interdits de séjour 

Jusqu’au bout du ramadan, l’occupant aura tenté d’imposer sa loi sur l’esplanade des mosquées et jusqu’au bout les Palestiniens auront résisté. Jeudi 21, après la prière de l’aube, le bilan des affrontements s’établit à 8 blessés, dont 2 gravement. Vendredi, les forces d’occupation israéliennes (FOI) attaquent à l’intérieur de la mosquée tandis qu’à l’extérieur, dans la cour du Dôme du Rocher, où des fidèles sont rassemblés pour prier, des drones les bombardent de gaz lacrymogènes, n’épargnant bien sûr ni femmes ni enfants. Bilan de la journée : 31 blessés, parmi lesquels 11 sont transférés à l’hôpital, dont 2 dans un état grave. Deux soignants et trois journalistes figurent parmi les blessés, notamment les reporters Ali Yassin et Muhammad Asho. Sans compter les suffoqué-e-s…

Les chrétiens ne sont pas épargnés. Israël a limité à 4000 le nombre de fidèles orthodoxes du monde entier autorisés à célébrer la grande fête du « feu sacré », qui a lieu le Samedi Saint en l’Eglise du Saint Sépulcre. Appliquant drastiquement ce diktat, les forces d’occupation attaquent les milliers de croyants surnuméraires qui tentent d’approcher. Ils sont impitoyablement repoussés (même les prêtres), voire battus, et deux des visiteurs sont arrêtés, y compris un journaliste égyptien (voir vidéos https://europalestine.com/2022/04/24/israel-sen-prend-aussi-aux-chetiens-dans-jerusalem-video/)

Ecolières assourdies et enfumées 

Quant au reste de la Cisjordanie, il subit les violences habituelles. La tension est comme toujours maximale lors des manifestations du vendredi.

Ainsi, à Nabi Saleh, Muhammad Tamimi est atteint d’une balle à la jambe. A Beita, un villageois non identifié s’ajoute à l’interminable liste des protestataires blessés ou tués. Il en va de même à Beit Ummar. A Kafr Qaddoum, deux mineurs figurent parmi les six manifestants blessés.

Au soir du même vendredi, l’association des jeunes femmes du village de Ras Karkar organise des jeux pour les enfants dans la cour de l’école de filles. De dangereuses terroristes à n’en pas douter ! N’écoutant que leur courage, les forces d’occupation les bombardent de grenades de désencerclement et de lacrymogènes. 

Parmi les mineurs blessés lors des 228 incursions israéliennes en Cisjordanie de cette semaine, citons Muhammad Ghunaimat (17 ans) à Tarqumiya, Muhammad al-Khasib (17 ans), Muhammad Awadat (17 ans) et Hassan Abu Ajwa (16 ans) dans le camp d’Aqabat Jabr à Jéricho… 

Les colons n’épargnent pas les gosses 

Cette semaine-là, les colons ont mené au moins 16 attaques contre leurs hôtes (involontaires) palestiniens. Le 21, à Sinjil, près de Ramallah, une bande attaque trois agriculteurs en train de labourer leurs champs. Le maire Moataz Abdel Rahman figure parmi les victimes. Il faut dire que Sinjil est « servi » en matière d’occupation, avec une colonie et quatre avant-postes sur son territoire. 

Le même jour, un gang armé attaque des villageois de Kisan en train de faire paître leur bétail. Ces fanatiques leur lancent des pierres, les menacent de leurs armes et leur interdisent de revenir sur leurs propres terres.

Le 22, un autre gang détruit des ruches à Kafr al-Dik.

A Hébron, un ultra-sioniste profite du fait que la famille de Ziyad Abu Eishah est immobilisée à un checkpoint pour l’attaquer, en même temps qu’un autre habitant, sous l’oeil indulgent des soldats.

Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée du 21 au 27 avril 2022

Pendant ce temps, dans la vieille ville, une bande attaque les passants et caillasse les voitures, les vitrines de magasins et les fenêtres des maisons. Les forces d’occupation interviennent… pour tirer sur les Palestiniens qui tentent de s’opposer aux agresseurs.  

Le 23, à Surif, au nord-ouest d’Hébron, un ultra-sioniste tire à balles réelles sur les passants. Trois d’entre eux sont blessés, dont Muhammad Ghunaimat (17 ans), gravement atteint.

Le 24, une bande attaque Qaryut, près de Naplouse, Mahmoud Issa (14 ans) est roué de coups et doit être hospitalisé pour un pied fracturé.

Non loin de là, à Azmut, une autre bande déracine 35 oliviers.

Le 26 au soir, c’est encore sous la protection de l’armée que des colons, sous couvert de visiter un sanctuaire juif à Kifel Hares, caillassent une maison et blessent un habitant. 

Kidnappings de masse 

Parmi les plus de 121 Palestiniens raflés cette semaine, au moins quatre sont des enfants ou adolescents. Jeudi matin, à 9 h, les FOI font pleuvoir grenades de désencerclement et bombes lacrymogènes sur une bande de gamins près de leur école à Hébron. L’un de ces gosses, Yazan Abu Ermila (13 ans) est emmené en captivité. 

Mais c’est encore une fois à Jérusalem que la machine carcérale frappe le plus dur. Considéré comme un intrus, tout Palestinien peut y être raflé arbitrairement et à tout moment. Ainsi, jeudi à 11 h, le jeune Dujana Atoun est kidnappé près de la Porte du Conseil, l’un des accès à l’esplanade des mosquées. Dimanche, Muhammad Ghaith, enlevé dans le faubourg de Silwan, n’a que quinze ans. Lundi 26 à 17 h, l’un des sept habitants de Jérusalem raflés est le jeune Suhaib Abu Nab (14 ans). Ce jour-là, 19 habitants de la vieille ville sont enlevés par l’occupant. 

Terres passées au bulldozer 

Au fil des jours, l’occupation de la vallée du Jourdain se poursuit peu à peu, en toute discrétion. Ainsi, le 24, un commando de colons envahit un hectare de terrain à Khirbet al-Farisiyah et y procède à des travaux de terrassement en vue d’agrandir un avant-poste installé depuis un an.

Le même jour, ce sont les forces d’occupation qui dirigent les bulldozers pour préparer la construction d’une nouvelle colonie au sud de Burin. Situé à 7 km de Naplouse, ce village subit déjà la présence de deux colonies.

Le 25 au matin, les mêmes FOI passent au bulldozer 1 hectare de terrain, ainsi qu’une oliveraie de 4 hectares et qu’un autre terrain planté d’amandiers à Jab’a, au nord d’Hébron. Ce village est coincé entre le complexe de colonies de Gush Etzion et le mur de l’apartheid.

Le même jour, les FOI nivellent 5 hectares et déracinent des centaines d’arbres fruitiers à Al-Walaja, près de Bethléhem. Notons que les oliveraies des villageois sont situées de l’autre côté du mur et qu’en 2019, un habitant a été condamné à 200 dollars d’amende pour avoir cueilli des olives sur son propre terrain… 

La chasse aux pêcheurs

Saborder l’économie de la Palestine, réduire ses habitants à la mendicité, cela fait partie des objectifs du colonisateur. A Gaza, cela passe par un blocus qui restreint ou empêche l’importation de moyens de production et l’exportation des produits, par des terres agricoles rendues inaccessibles, ou par les entraves à la pêche, ressource essentielle des assiégés…

Normalement, chaque pays côtier bénéficie de droits économiques exclusifs sur une zone maritime pouvant aller jusqu’à 370 km de son littoral. Au delà, ce sont les eaux internationales, ouvertes à tous. Il n’en va pas de même à Gaza. Israël a réduit à 8 milles (14,8 km), et parfois moins, la distance autorisée aux Palestiniens et les garde-côtes veillent à la faire respecter, prêts à tirer sur les contrevenants. Dans ces conditions, les pêcheurs n’ont plus qu’à se contenter des quelques poissons rabougris qui fréquentent le littoral. Comme si cela ne suffisait pas, les vedettes israéliennes ne dédaignent pas de s’attaquer à des pêcheurs restés à l’intérieur de la limite permise !

Ainsi, mardi soir, des patrouilleurs ouvrent le feu sur une flotille de pêche à proximité de Rafah. Comme des fauves attaquant un troupeau, ils isolent deux des navires, les encerclent et capturent leurs six occupants. La moitié, membres de la famille Khail al-Bardawil, sont mineurs : Mahmoud (17 ans), Mohammed (16 ans) et Khalil (14 ans). Les victimes de la rafle sont conduites au port d’Ashdod. Ils seront reconduits le lendemain matin au passage d’Eretz, dans la bande de Gaza, libres (si l’on peut dire) mais privés de ressource, leurs bateaux ayant été confisqués.

Et comment Israël justifie-t-il le traitement infligé à Jaber Baker, de Gaza ville ? Lundi à l’aube, deux navires garde-côtes encerclent le bateau à bord duquel il pêche avec son frère Awad et avec Mohammed Abu Ghanem, le propriétaire de l’embarcation. Les Israéliens tirent dans leur direction puis leur ordonnent par haut-parleur de… se déshabiller et de nager jusqu’au navire de l’assaillant. Jaber, qui sait à peine nager, hésite à se jeter à l’eau. Les matelots adverses font alors feu sur les deux frères avec des balles dites « en caoutchouc » (balles de métal enrobées d’une fine couche de caoutchouc). Jaber est touché à la jambe et Awad dans le dos. Tant bien que mal, les trois pêcheurs parviennent à nager jusqu’au navire de guerre. A peine hissé à bord, Abu Ghanem s’évanouit, ce qui n’empêche pas les marins de les emmener tous trois menottés jusqu’au port d’Ashdod pour interrogatoire. Ils seront reconduits à la frontière le soir même, délestés de leur bateau de pêche…

Au total, Gaza a subi cette semaine 16 attaques de pêcheurs et 10 attaques contre des terres agricoles. Et a essuyé 5 bombardements dans la nuit du 21 lors d’échanges avec des groupes de résistants par dessus la ligne de démarcation. Ces derniers avaient tiré pour marquer symboliquement leur solidarité avec les victimes d’al-Aqsa. Quatre maisons détruites du camp d’al-Bureij font partie des « dommages collatéraux » de ces bombardements. 

L’enfermement pour tous 

Il y a les prisonniers politiques derrière les barreaux, au nombre de 4650 fin mai 2021 – dernier chiffre connu. Et il y a les Palestiniens du dehors, victimes d’un double enfermement, externe et interne.Autour de Gaza, Israël ménage habituellement trois passages partiellement ouverts, un pour les marchandises (au compte-gouttes) et deux pour des humains triés sur le volet. Mais pour la Pâque juive, les Gazaouis ont eu droit à un bouclage renforcé : de ces trois passages, il n’en est resté que deux le 23, un seul les 25 et 26 et aucun le 24, jour du sabbat ! La situation n’est guère plus rose en Cisjordanie : du jeudi au samedi, impossible pour les Palestiniens d’entrer ou de sortir du minuscule territoire – et donc d’aller travailler en Israël. Et à l’intérieur même, 109 checkpoints volants se sont ajoutés aux 108 points de contrôle permanents. Autant de pièges où sept Palestiniens se sont fait enlever cette semaine, passant directement du ghetto derrière le mur à la prison entre quatre murs. *

Source : https://www.middleeasteye.net/news/israeli-palestine-west-bank-forces-kill-jenin-raid Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR)*, du Palestinian Monitoring Group (PMG)**: http://www.nad.ps/ et de www.en.wikipedia.org.

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