Nous voyons tous passer ces dernières semaines de nombreux appels à l’aide de Palestiniens de Gaza qui cherchent à en sortir, pour ne pas mourir sous les bombes israéliennes.
Et pour sortir, ils n’ont qu’une solution, payer des sommes énormes à des escrocs égyptiens qui les feront passer la frontière de Rafah contre des milliers d’euros.
Ci-dessous l’appel de Mohammed et d’Eva qui ont lancé une collecte pour faire sortir leur famille et qui sont d’autant plus déterminés qu’ils ont eux-mêmes réussi à sortir récemment grâce à leur nationalité allemande.
« Je me sens terriblement coupable et je ne peux ni manger ni dormir tranquillement, en sachant que celles qui m’ont élevé, qui m’ont tout donné, sont bloquées à Rafah alors que ma soeur et moi, nous sommes sortis de l’enfer », nous dit Mohammed rencontré lors d’une de nos récentes manifestations à Paris
Il parle notamment de Lubna, que nous connaissons bien, et qui participait à l’émission « Gaza la Vie » avec Ziad Medoukh.
On a beau dire à Mohammed que faire sortir de Gaza 3 femmes et 4 enfants, cela va tenir du miracle, il n’en démord pas et à lancé ce message sur les réseaux :
« Je suis Mohamed, j’ai 23 ans et je viens de Hay El Rimal à Gaza qui est assiégée depuis des années, et dont la population est soumise à des bombardements intensifs depuis le 7 octobre 2023.
Jusqu’à présent, l’agression et les bombardements de notre peuple n’ont pas cessé, en plus de toutes sortes de souffrances, de tourments et de violations : agonie lente due à la faim, à la soif, aux déplacements, à la propagation des maladies et à l’incapacité d’obtenir des soins médicaux, de la nourriture ou toute autre aide.
La menace imminente de la mort plane sans cesse. Depuis le début de la guerre, ma famille et moi avons subi la destruction de notre maison
de notre quartier, de notre belle mosquée, puis un premier déplacement vers le sud, dans le quartier de « El Baten El Samin » à Khan Younis, où nous avons vécu terrorisés, puis de nouveau vers Rafah, où ma famille vit désormais dans le camp Yebna dans des conditions totalement inhumaines sous la menace d’être à nouveau expulsés.
Comme chacun le sait, après Rafah il n’y a plus rien, nulle part où aller, sauf cette frontière égyptienne désespérément fermée. J’ai été évacué vers l’Allemagne grâce à mon passeport allemand mais ma famille est toujours bloquée sur place. Je veux les aider à évacuer vers une zone sûre en dehors de Gaza. Je suis prêt à tout, même à donner des sommes d’argent importantes à des passeurs peu scrupuleux pour les voir en sécurité, ne serait-ce qu’en Égypte, de l’autre côté de l’Enfer.
Ma vie n’a plus de sens sans ma grand-mère Zahra, l’amour sans qui je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. Elle souffre d’une maladie cardiaque chronique et elle est paralysée. Sans mes tantes Lubna (très active dans la vie associative à Gaza) et Abeer qui m’ont apporté douceur et réconfort durant toute ma vie à Gaza. Sans mes trois frères : Nasser 18 ans, Kareem 14 ans, Abdallah 12 ans. Et sans ma petite sœur Mesk, âgée de 5 ans.
C’est pour eux que j’organise cette cagnotte.
Je suis censé être en dernière année d’études universitaires vétérinaires, mon université a été détruite, comme tout le reste des infrastructures sur place.
Mon université « Al Azhar AVANT :
ET APRES :
Malgré les possibilités qui s’offrent à moi en Europe, je suis incapable d’avancer, littéralement choqué par tout ce que j’ai vécu, tout ce que j’ai vu ces dernières semaines, mais je ressens surtout un énorme sentiment de culpabilité. Impossible pour moi d’envisager un avenir sans eux.
Actuellement logé à Paris chez nos amis, nos vies sont en suspens, mais nous portons la voix de notre famille et nous comptons sur vos participations et surtout sur vos partages massifs.
Nous vous remercions pour votre solidarité et nous vous tiendrons au courant de la situation à venir.
Mohammed El Halimy
CAPJPO-Europalestine
