Dans un rapport publié ce mois d’août, l(organisation israélienne de défense des droits humains détaille ce qu’Israël fait subir aux Palestiniens et Palestiniennes enlevés à Gaza ou en Cisjordanie, à partir de 55 témoignages de détenus libérés après avoir passé des mois d’horreur dans le « Guantanamo » israélien, le camp de Sde Teiman ou bien dans d’autres geôles israéliennes ou plus de 10.000 Palestiniens sont incarcérés.
LA PRISON SECRÈTE DE SDE TEIMAN
CNN a été le premier et seul média grand public à dévoiler ce qui se trame dans nouvelle prison secrète israélienne, Sde Teiman, créée dans le désert du Neguev pour incarcérer des milliers d’hommes et de garçons palestiniens kidnappés dans les rues de Gaza et de Cisjordanie depuis l’attaque par le Hamas le 7 octobre.
Certains Palestiniens qui sont sortis, complètement brisés, de ce système d’incarcération après avoir été exhibés ligotés, presque nus et les yeux bandés dans les rues et les stades de Gaza – ont commencé à raconter leur expérience
Comme on pouvait s’y attendre, les médias occidentaux ont largement ignoré ces témoignages. Même lorsque le personnel pénitentiaire lui-même de Sde Teiman a commencé à se manifester il y a plusieurs semaines pour divulguer des histoires toutes plus horribles les unes que les autres, les médias occidentaux ont collectivement somnolé.
LES TORTURES SYSTÉMATIQUES
La privation (eau, nourriture, besoins naturels, soins médicaux, protection du froid, contact entre détenus, tout effet personnel),
L’humiliation (nudité, port de couches, positions, insultes, scènes filmées, …),
Les actes de coercition (interdiction de bouger, de parler, de regarder, de dormir, etc…),
La violence et la terreur permanente, les coups, l’usage de chiens militaires et
Les techniques d’interrogatoire les plus terribles (exposition aux cris des autres détenus, positions de stress, simulacres de noyade, usage de l’électricité sur différentes parties du corps, brûlures de cigarettes, de briquets, viols de multiples façons, chiens, bruit permanent)
sont autant de marqueurs du caractère planifié et institutionnalisé de la torture.
L’« hôpital » du camp de détention
Les conditions de vie dans l’hôpital de campagne du camp de détention, qui accueille les Palestiniens mutilés lors de la destruction sauvage de Gaza par Israël ou blessés par les coups des soldats israéliens, voire amputés sont révélatrices.
Ils sont menottés à des brancards, rangée après rangée, les yeux bandés et nus à l’exception d’une couche pour adulte. Ils ne sont pas autorisés à parler.
Ils restent là, jour après jour, nuit après nuit, dans un état de privation sensorielle totale, sans rien pour les distraire de leurs blessures et de leur douleur. Au milieu de tout cela, des internes en médecine israéliens peuvent utiliser leur chair exposée et vulnérable comme support d’expérimentation.
Un système généralisé
Début juillet 2024, il y avait 9623 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes pour la plupart sans procès, sans connaître le motif, et sans avoir accès à un système de défense, ce qu’Israel qualifie de « détention administrative. »
Les témoignages recueillis confirment que ces dispositions et tortures ont été mises en pratique dans toutes les prisons israéliennes instantanément.
Le caractère systématique des abus et des tortures signe une politique délibérée, menée par le Ministre de la « Sécurité Nationale », Itamar Ben Gvir, qui appartient au parti fasciste déclaré « Puissance juive », qui considère explicitement tous les Palestiniens comme que de la vermine.
PLUS DE 60 PALESTINIENS MORTS SOUS LA TORTURE DEPUIS LE 7 OCTOBRE
Parmi les médecins enlevés, détenus et torturés, le Dr Adnan al-Bursh, chef du service de chirurgie orthopédique de l’Hôpital Shifa, est connu pour faire partie des Palestiniens qui sont morts dans des circonstances mystérieuses en captivité israélienne.
Il a très probablement été torturé à mort ou tué lors d’une intervention médicale que les « internes » s’amusent à pratiquer sur les détenus.
Sde Teiman est la petite chambre de torture qui reflète la chambre de torture beaucoup plus grande de Gaza elle-même, où les bombes et la famine atteignent précisément les mêmes objectifs.
La gangrène liée aux amputations
L’organisation israélienne de défense des droits humain, B’Tselem fait état d’au moins 60 Palestiniens morts dans les prisons israéliennes depuis octobre 2023.
Elle prend l’exemple de :
Thaer Abu Asab, 38 ans, de Qalqiliya détenu à Ketziot dans Neguev, qui a été retrouvé mort dans sa cellule le 18 novembre 2023 avec le corps couvert de blessures
et celui d’Arafat Hamdan de Beit Sira diabétique de 24 ans retrouvé mort dans sa cellule le 24 octobre 2023, alors qu’il avait été arrêté deux jours plus tôt et que son traitement lui avait été refusé.
B’tselem signale également que les amputations de jambes liées à la gangrène sur des liens trop serrés et des blessures négligées sont devenues fréquentes dans les prisons israéliennes et sont une des causes de décès.
L’ex-prisonnière Wafa Jarrar de Jénine vient de mourir début août après avoir été blessée lorsque les forces d’occupation ont perquisitionné son domicile et l’ont arrêtée le 21 mai de cette année.
En prison, elle a été victime de négligence médicale de la part de ses geôliers. Par conséquent, ses jambes ont dû être amputées jusqu’au-dessus du genou.
Le gouvernement d’occupation criminelle l’a ensuite relâchée en Cisjordanie peu après que ses jambes aient été amputées pour ne pas porter la responsabilité de sa mort.
LE CAS DE MARWAN BARGHOUTI
Marwan Barghouti, surnommé le « Mandela palestinien, seul homme politique palestinien susceptible d’unifier l’ensemble des partis, considéré comme un futur leader potentiel du peuple palestinien, est à l’isolement dans la prison de Meggido depuis 24 ans
Selon des codétenus et des groupes de défense des droits de l’homme, Barghouti est à peine reconnaissable après une série de passages à tabac, dont l’un l’a rendu aveugle de l’œil droit.
Il souffre en permanence d’une épaule disloquée à la suite d’une agression, blessure qui n’a pas été soignée.
Selon son avocat israélien, il a été traîné sur le sol, menotté et nu, devant d’autres détenus
Barghouti a perdu beaucoup de poids en raison des restrictions alimentaires sévères imposées à tous les prisonniers palestiniens depuis octobre et n’a pas accès aux livres, aux journaux ni à la télévision.
POURQUOI CE SILENCE ?
Jonathan Cook, journaliste britannique, en poste à Nazareth depuis 20 ans, donne la réponse :
« La complicité des institutions occidentales dans le génocide actuel d’Israël n’est pas une anomalie. Elle ne découle pas d’un malentendu ou d’une confusion. La classe politique et médiatique occidentale voit le génocide à Gaza aussi clairement que le reste d’entre nous.
Mais pour elles, il est justifié, voire nécessaire. Il faut apprendre aux colonisés et aux opprimés que toute résistance est futile. »
CAPJPO-Europalestine