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HEBRON : LANCEMENT EFFECTIF DU GRAND PLAN D’EXPULSION DES PALESTINIENS

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23 novembre – Ariel Sharon ne plaisante pas. Après avoir dit, l’autre jour, qu’il entendait « profiter » de l’embuscade d’Hébron (Al Khalil, Cisjordanie) pour renforcer l’emprise israélienne sur la ville palestinienne, il a rapidement joint le geste à la parole. L’armée a par exemple commencé la construction d’une grande muraille reliant la colonie voisine de Kiryat Arba à la ville. Dans un article publié mercredi par Haaretz (traduction La Paix Maintenant France), la journaliste Amira Hass décrit le plan israélien.


Haaretz 20.11.02

Les jours saints, les maisons sont fermees a double tour
par Amira Hass

La seule et unique signification de la creation d’une « continuite
territoriale » entre Kiryat Arba et le caveau des Patriarches, c’est
l’expulsion. L’expulsion d’encore plusieurs milliers d’habitants de Hebron,
des gens qui ont la malchance d’avoir leur maison, leur magasin ou leur
jardin dans la zone devolue a la « continuite ». Tsahal va proteger cette
construction juive, et des dizaines, voire des centaines, d’Israeliens,
entrepreneurs, ingenieurs, architectes, charpentiers, vont se joindre aux
travaux, et la police les protegera. Des milliers d’Israeliens vont ainsi
particper activement a cette expulsion. Ils reviendront chez eux, chaque
soir, retrouver leur famille inquiete, a Jerusalem ou a Kfar Saba. Si l’un
d’eux est tue dans une embuscade palestinienne, la reaction sera encore
davantage de « continuite territoriale ».

Il n’y aura nul besoin de faire monter les gens dans des camions. Tous
simplement, ils ne pourront plus rester chez eux, laisser leurs enfants
courir le risque d’emprunter chaque jour le chemin ou leurs « voisins » juifs
construisent, en arpentant les rues le fusil en bandouliere, comme des
maitres de la terre, sinon du monde, des rues fermees a la circulation des
Palestiniens, pour raisons de securite. Ils perdront encore des jours de
travail, quittant leur maison ou s’y rendant, et confrontes alors aux rires
bruyants de bandes de Juifs des deux sexes qui leur jettent des pierres,
leur donnent des coups de pied, leur crachent dessus, alors qu’un policier
ou quelques soldats assistent passivement a la scene. La vie des
Palestiniens qui habitent la « continuite territoriale » va devenir semblable
a celle des Palestiniens de la vieille ville de Hebron, mais a un rythme
accelere.

Que, ces dernieres annees, des dizaines d’habitants de la vieille ville
aient quitte leur maison, est un secret de polichinelle. Ils ne pouvaient
plus supporter leur vie, soumise au harcelement continuel d’une poignee de
citoyens juifs israeliens, qui ont pu se comporter de cette facon a cause du
laxisme ou de la sympathie de soldats et d’officiers, du laxisme ou de la
sympathie de policiers, et de l’indifference du public en Israel. Des
dizaines de commercants de la vielle ville ont cesse d’ouvrir leur magasin,
que ce soit a cause des jours et des nuits de couvre-feu impose sans cesse a
Hebron, ou a cause de la peur des « voisins », ou parce que les rues ou se
trouvent ces magasins sont fermees, pour proteger la securite des voisins
juifs.

Quand le couvre-feu est leve et le marche rouvert, il y a une illusion de
vie. Mais samedi dernier, au lendemain de la bataille entre des Palestiniens
armes et des soldats, des policiers et des gardes armes de Kiryat Arba, sous
le couvre-feu total impose a la ville palestinienne de Hebron, on pouvait
s’apercevoir combien la ville s’est videe. Une vielle femme et son fils
jettent un coup d’oeil effraye a travers une fenetre barricadee. Derriere
une porte de metal bien fermee, on entend le murmure des habitants a
l’interieur. Mais depuis les toits de la vielle ville, on peut constater
l’abandon : des volets de bois grand ouverts qui battent sous le vent et
derriere eux, un trou noir ­ une piece vide. Des plantes qui ont seche, des
cordes a linge sans linge, ce sont les signes d’un endroit vide de ses
habitants.

A Wadi Nasara, la ou a eu lieu la bataille, face a la limite sud de Kiryat
Arba, quelques maisons sont deja vides. Le « chemin des fideles » est devenu,
pour les Palestiniens, le chemin des lanceurs de pierres et des tireurs en
l’air, et du manque de reaction des autorites, depuis des annees. Les
vendredis et les samedis, ainsi que les autres jours de fetes juives, quand
les fideles arpentent le chemin, sont des jours maudits pour les habitants
de Wadi Nasara et de la vieille ville. Alors, ils s’enferment chez eux,
barrent leurs fenetres et se bouchent les oreilles quand la fenetre vole en
eclats, ou quand leurs pots de fleurs sont renverses, et qu’ils savent qu’il
ne sert a rien d’appeler la police.

Les colonies ont ete construites avant et apres le terrorisme. Elles ont ete
construites, que les Palestiniens expriment leur opposition, ou pas. Un long
couvre-feu a ete impose sur la ville palestinienne apres que Baroukh
Goldstein ait assassine des fideles musulmans a la mosquee Ibrahimi/caveau
des Patriarches; un couvre-feu leur a ete impose apres qu’un Palestinien ait
asassine un bebe juif, et apres que des Palestiniens armes aient combattu
des Israeliens armes. Des fanatiques juifs, a Hebron et a travers toute la
Cisjordanie, harcelent les Palestiniens, avant les attentats et apres les
attentats. Aujourd’hui, ils ne cachent plus que leur « entreprise de
colonisation » fait partie d’un plan de transfert, ce que tout le monde,
ailleurs a l’ouest, appelle un « nettoyage ethnique ».

Ces fanatiques juifs et leurs lobbyistes sont-ils reellement les heritiers
de la diaspora juive? Depuis Hebron, il semble plutot qu’ils appartiennent a
un heritage different, celui des descendants de mouvements nationalistes et
antisemites qui lorgnaient sur les maisons des juifs et envoyaient leurs
bandes commettre les pogroms et repandre la peur, pour mettre
progressivement en oeuvre leur plan : « nettoyer la patrie de ses youpins ».
Hebron, ce shabbat, faisait comme un echo aux anciens contes de Sochba, une
ville au nord-est de la Roumanie, ou tous les dimanches, les juifs
s’enfermaient a double tour dans leurs maisons.

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