Sakina Arnaud et Philippe Destendeau, deux militants bordelais de l’association Palestine 33, ont finalement été relâchés jeudi soir, au terme d’une garde à vue qui en dit long sur la volonté du gouvernement français, et de son ministère de l’Intérieur, d’intimider les citoyens qui dénoncent les crimes du gouvernement israélien.
Sakina Arnaud et Philippe Destendeau avaient été interpellés samedi dernier, suite à la plainte du gérant d’un supermarché Champion du centre de Bordeaux, qui leur reprochait d’avoir mis des étiquettes « Made in Israel – Apartheid – Boycott » sur des produits alimentaires eux-mêmes « Made in Israel », à savoir des produits largement produits dans les colonies illégalement installées par Israël en Cisjordanie et à Gaza, sur des terres volées au peuple palestinien.
L’interpellation avait été suivie d’un contrôle d’identité au commissariat du coin, qui avait duré une demi-heure.
Mais mercredi matin, la police s’est présentée au domicile de Sakina Arnaud, et l’a emmenée, menottes aux poignets, tandis que les pandores interpellaient à nouveau aussi son camarade Destendeau.
Commence alors une garde à vue hallucinante. « Pendant la garde à vue, notre domicile a été perquisitionné, les policiers s’attaquant à nos ordinateurs, et les embarquant. Ils ont notamment saisi le fichier nominatif de tous les citoyens ayant signé la pétition que nous avons récemment lancée, et qui demande la suspension de l’accord de jumelage entre la ville de Bordeaux et la ville israélienne d’Ashdod, tant que la municipalité de Bordeaux n’aura pas signé un accord similaire avec une ville de Palestine occupée », raconte Philippe Arnaud, le mari de Sakina.
Et tout ça pour quoi ? Les deux militants de Palestine 33 se sont vu signifier une mise en examen, au sortir de leur garde à vue. Mais la magistrature locale n’a pas suivi, jusqu’à présent, la flicaille zélatrice d’Ariel Sharon, qui avait la prétention d’incriminer les militants pour « discrimination raciale », rien que çà. Nos deux amis sont mis en examen pour « dégradation d’objets mobiliers », autrement dit d’avoir, éventuellement, abîmé quelques pamplemousses ou jus de fruit produits par le régime d’apartheid.
La police française, à Bordeaux en particulier, devrait faire preuve d’un peu de pudeur. Car c’est bien cette même institution qui, il y a soixante ans maintenant, exécuta sans états d’âme, d’autres basses besognes, ô combien plus lourdes de conséquences encore : l’arrestation des Juifs, sur ordres d’un haut fonctionnaire nommé Maurice Papon (plus tard préfet de police de Paris, ministre de la République), bientôt suivie d’une déportation sans retour.