« Nouvelle donne » oblige, la propagande du gouvernement israélien, complaisamment relayée par l’immense majorité des médias, fait la part belle, ces derniers jours, aux « gestes de bonne volonté » d’Israël.
Côté palestinien, toutes les composantes de la résistance, Hamas et Djihad Islamique compris, ont publiquement déclaré qu’elles observaient le cessez-le-feu que leur demandait le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas. La réalité de l’accalmie a été reconnue par les dirigeants israéliens eux-mêmes.
Ces derniers ont de leur côté effectivement cessé, mais cela ne fait que cinq jours pour le moment, leurs opérations d’assassinats ciblés de militants, tout en continuant de tuer des civils impunément (un homme de 65 ans, un handicapé mental et une écolière de dix ans dans la bande de Gaza depuis le week-end dernier).
Le passage de Rafah (qui permet la circulation entre la bande de Gaza et l’Egypte, sous contrôle militaire israélien) a en outre été rouvert mardi dans le sens Gaza-Egypte, après 50 jours de fermeture (suite à une attaque contre un poste militaire de l’occupant) mais pas pour les hommes âgés de 16 à 35 ans, interdits de toute sortie. Les deux autres passages, celui d’Erez (nord de la bande, vers Israël) et de Karni (milieu de la bande, vers Israël), restent hermétiquement fermés.
Mais c’est bien tout.
La principale mystification concerne le prétendu projet de « transfert de la sécurité » pour les villes de Ramallah, Jéricho, Tulkarem, et Qhalkhilya.
A lire la presse, l’armée israélienne aurait assuré jusqu’à présent la « sécurité » de ces villes palestiniennes, et elle s’apprêterait donc à transférer ces tâches de « sécurité » à la police palestinienne.
Il s’agit là d’un mensonge éhonté. Depuis plus de deux ans maintenant, ces quatre villes sont hermétiquement bouclées par l’armée israélienne. Un Palestinien ne peut y entrer ni en sortir qu’en passant par les barrages de l’armée israélienne installés à leurs portes, lesquelles sont ouvertes ou fermées, pour des durées indéterminées, selon le bon vouloir de l’armée israélienne.
Cette dernière n’assure évidemment pas la « sécurité » des habitants de ces villes, mais directement leur insécurité.
A la fois en y pénétrant avec ses troupes de manière aléatoire chaque fois qu’elle le veut, pour tuer, arrêter, détruire, et toujours intimider, tout en interdisant aux policiers palestiniens de s’y déployer, ne serait-ce que pour y exercer les missions les plus élémentaires qu’un citoyen attend d’une police municipale, comme la régulation de la circulation automobile par exemple. Bien entendu, l’armée israélienne n’a jamais songé à exercer de telles tâches elle-même, alors qu’elle en a pourtant l’obligation, au regard des conventions internationales, comme puissance occupante.
L’interdiction faite aux policiers palestiniens de se déployer dans les villes, qui dure depuis le printemps 2002 maintenant, a fait partie du plan israélien de déstructuration systématique de la société palestinienne, et d’annihilation des institutions publiques qui avaient commencé de se mettre en place pendant les années ayant suivi les accords d’Oslo.
Le « transfert de la sécurité » se limiterait donc, s’il avait lieu, à autoriser le retour de policiers palestiniens dans ces villes, le bouclage total de celles-ci restant inchangé. Il aurait cependant pour effet de rendre politiquement plus délicats les raids israéliens à l’intérieur des quatre villes, car cela amènerait l’armée israélienne à attaquer également des policiers palestiniens en uniforme, et donc à détruire ipso facto le discours sur la « nouvelle donne ».
C’est sans doute ce qui fait hésiter la direction israélienne, qui a annoncé mardi le report, à une date ultérieure, de ce pseudo « transfert de la sécurité ».
Parmi les autres « gestes » possibles, Israël a évoqué la libération d’un certain nombre des 8.000 prisonniers palestiniens actuellement détenus. Le gouvernement israélien entend de ce point de vue conserver toutes les options, et annoncer avec tintamarre la libération de quelques centaines de prisonniers, en fin de peine ou en détention administrative. Pour s’assurer que ses geôles continueront de rester bien pleines, l’armée israélienne a d’ailleurs procédé au cours de ce mois de janvier « d’embellie » à un nombre très élevé d’arrestations, plus de 400 en tout.