Ci-joint un compte-rendu de la situation au centre culturel d’Al-Rowwad et plus généralement dans le camp de réfugiés d’Aïda, près de Béthléem, envoyé par AbdelFattah Abu Srour, directeur du centre.
Chers amis,
1 – Nous avons crée une nouvelle chanson et un clip vidéo. Le sujet traite de la « libération » de Gaza et de la joie et des espoirs que nous ressentirions si cet événement était suivi de l’évacuation de toutes les colonies en Cisjordanie et dans Jérusalem-Est. Mais la réalité du terrain, en dépit de ces espoirs, laisse beaucoup de choses inchangées. Par exemple, après avoir transféré les restes de leurs morts dans le cimetière juif de Jérusalem-Est, à Ras El Amou, la station de police de cette zone sera egalement démolie afin de permettre la création d’une nouvelle colonie, comme extension de l’ancienne colonie construite au cours des dernières années 90 et des premières de ce siècle. C’est un autre coup, qui vient en addition de l’extension des colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Ces décisions ont pour but de calmer les colons, après les images choquantes du show télévise de leur retrait de Gaza, qu’ils occupaient illégalement, comme s’ils faisaient de grands sacrifices… Qu’ont éprouve les réfugies palestiniens quand ils ont été contraints de quitter cette même terre en 1948 ? Par quel facteur devrions-nous multiplier ces souffrances ? Bien qu’Israël se soit effectivement retiré unilatéralement de Gaza, il refuse de quitter les frontières. Si bien que les Palestiniens n’auront jamais d’autonomie quoiqu’il arrive. Comme par les accords d’Oslo, Israël garde le contrôle total de toutes les frontières : parlons-nous de deux Etats ou d’un seul Etat contrôlant des bantoustans ou vit une population de Palestiniens occupée par l’étranger ? Ceux qui pensent que le retrait de Gaza est le dernier pas se trompent. Israël a évacue quelques colonies mais il garde le contrôle sur tout. Nous ne sommes pas un peuple libre… Chacun peut le voir… en ouvrant les yeux… Mais nous gardons l’espoir que les choses changent…
2 – Un groupe de volontaires est venu de Roubaix Nord Pas de Calais pour faire pendant trois semaines un atelier de vidéo. Le résultat en a été deux courts-métrages. ‘Al Nakba » (la Catastrophe) d’environ 5 minutes ou un vieil homme rapporte l’histoire de son village, avec des images de cet événement sur un mural. Le second film « L’examen », de 15 minutes, parle d’une étudiante qui doit passer un examen, mais, le jour de celui-ci, le village est sous couvre-feu. Elle essaie d’y aller malgré tout, pour ne pas rater l’examen : une histoire simple de la vie ordinaire en Palestine occupée. Ils nous ont remis une caméra PD150 d’occasion et un ordinateur équipé de Pentium 4.
3 – En ce qui concerne la construction du nouveau centre, le plancher est terminé ainsi que le réservoir d’eau. Cette semaine les murs et les colonnes porteuses devraient commencer à s’élever au dessus du sol. Nous avons l’espoir qu’à la fin de ce mois le rez-de-chaussée sera terminé pour le gros oeuvre et que pourra alors commencer le premier étage. Début janvier les finitions devraient commencer. Nous devons trouver encore 35.000 euros pour remplir notre contrat avec les donateurs allemands et l’UNDP (le PNUD). Le rez-de-chaussée sera multifonctionnel, destiné aux représentations théâtrales, aux marionnettes aux projections de films vidéo mais sera aussi un lieu de réunion publique pour la population du camp, destiné aux meetings et conférences. Il y aura aussi un atelier temporaire pour les femmes, les répétitions musicales et un laboratoire de fabrication de films vidéo. Au premier étage seront les bureaux, une librairie, un centre d’ordinateurs et une aire d’exposition d’art et d’artisanat. Nous aurions besoin de toute l’aide possible et de dons pour :
les équipements de théâtre : lumière, son, projection vidéo, écran ;
instruments de musique, quels qu’ils soient ;
livres, CD et DVD, plus précisément des livres de technique et d’art , traitant de peinture, artisanat, marionnettes, théâtre, création de costumes, vidéo, conception de lumières et de sons
cassettes vidéo et DVD, orientées en particulier vers les dessins animés, les récits, les pièces de théâtre, les marionnettes et les films de qualité pour enfants et adultes, etc.
4 – Collaborations : J’espère que pour fin mars 2006 le nouveau centre Al Rowwad sera fonctionnel et qu’il sera donc possible d’y recevoir différents volontaires spécialises dans les activités cites ci-dessus. D’autres options sont ouvertes, en particulier formation en informatique, création de sites internet et enseignement de langues : anglais, français et autres. Je crois que les cours de langue devraient se dérouler sur six mois à un an pour qu’ils soient réellement efficaces. Les volontaires pourraient rester à Aïda et seraient hébergés par nous. Cependant il est clair que nous ne pourrions pas les rémunérer, car à ce jour Al Rowwad ne reçoit aucune subvention et dépend entièrement du bénévolat et de dons sporadiques. On peut envisager une collaboration dans la formation de l’équipe Al Rowwad, comme des ateliers en commun avec des équipes extérieures, tout particulièrement des centres culturels et des écoles. Je voudrais aussi encourager les Palestiniens de la diaspora à envoyer leurs enfants et des étudiants palestiniens à venir vivre avec leur peuple et si possible à être volontaires dans le centre en fonction de leurs compétences.
5 – Avenir : Al Rowwad entend donner la priorité à la production de clips vidéo des chansons de la pièce « Nous sommes les enfants du camp », à partir de laquelle nous ferons cassettes et DVD en vue de leur vente. Nous avons également crée une nouvelle chanson pour les prisonniers et nous commencerons à travailler début 2006 sur un clip vidéo.
Par ailleurs, nous continuerons à chercher des subventions et à demander des dons pour les étudiants. C’est un projet qui me tient personnellement à coeur et je crois qu’il contribue à donner de l’espoir pour commencer ou continuer leur vie d’étudiants qui pourront construire l’avenir de leur pays. Toute aide sera bienvenue. Le projet de broderies avec les femmes continue à aider celles-ci à gagner décemment leur vie et nous allons éditer très prochainement un catalogue. Les parrainages sont aussi en route, comme les projets d’échanges par correspondance pour les enfants, les familles et les familles de prisonniers, et vous êtes donc invités à rejoindre ces initiatives.
6 – La situation à Aïda : rien n’a vraiment changé après la construction du mur d’apartheid illégal. L’armée israélienne entre dans le camp et utilise les tours d’observation du mur raciste pour tirer sur les enfants et bombarder le camp avec des gaz lacrymogènes. L’armée d’occupation continue sa politique d’arrestations pendant la nuit.
Je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué par tous les moyens au succès et à la continuité d’Al Rowwad. Je voudrais remercier du fond du coeur les Amis d’Al Rowwad en France, et les Amis d’Al Rowwad aux USA, Al-Awda USA et Londres, la Fondation Hoping, le PNUD, l’UNWRA, le Consulat de France, la Représentation des Pays-Bas à Ramallah, l’Université américaine du Caire, l’Ambassade canadienne et la Fondation Ford en Egypte, Al Kamandjati et A. Dreams. Bien de ces contributions n’auraient pas été possibles sans l’investissement de gens dynamiques et travailleurs ; Des remerciements particuliers à tous les volontaires qui sont passés par Al Rowwad cet été.