L’armée israélienne qui attaque régulièrement les manifestations de protestation des villageois de Kufr Qaddoum (près de Naplouse), qui résistent à l’annexion de leurs terres par les colons, ne se contentent plus de lancer leurs chiens dangereux contre eux. Ils ciblent désormais les enfants. Lettre de Carole à Dominique Baudis, Défenseur des Droits, pour qu’il fasse respecter par Israël la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 20 novembre 1989, et ratifiée par la France… comme par Israël
La semaine dernière, le gouvernement israélien a fait placarder les photos de 4 mineurs dans le village de Kafr Qaddoum, avec des inscriptions en arabe pour les menacer de venir les prendre parce qu’ils ont jeté des pierres
sur des jeeps ou des bulldozers.
Chaque semaine depuis juillet 2011 la population de ce village mène une lutte exemplaire contre le blocage de leur route conduisant à la ville Naplouse et contre l’annexion de leurs terres par le Mur et par les colons de Mitspe Kedumim, Eshkubiyot, et Kdumim South, qui eux ont accès à cette route .
Exemplaire car ils résistent à la terrible violence des colons et de l’armée qui n’hésite pas à attaquer les villageois à l’aide de chiens comme le montre cette vidéo :
Ci-dessous la lettre adressée par Carole Sandrel à Dominique Baudis :
PARIS, 3 juin 2013
Monsieur Dominique BAUDIS Défenseur des Droits
7 rue Saint-Florentin
75409 PARIS Cedex 08
Monsieur le Défenseur des Droits,
Si je m’adresse à vous, c’est que vous êtes aussi le garant des droits de l’enfant, droits qui sont universels.
Parce que j’ai gardé de mon passé d’enfant juive, – cachée et simultanément exploitée et humiliée – le souvenir intense de la douleur et de la honte qu’un enfant, si petit soit-il – cinq ans – éprouve quand les adultes s’acharnent contre lui, je suis et je serai toujours du côté des enfants ; et plus encore des enfants palestiniens que persécute Israël, car Israël prétend agir au nom des miens en particulier, (quoique, personnellement, je ne lui ai pas confié la mémoire de mes parents ; mes parents qui refusèrent de fuir Paris pour y tenter de sauver des enfants juifs ; leur mémoire n’appartient qu’à l’Histoire française ).
Or, ces enfants palestiniens ne connaissent rien d’autre que l’occupation israélienne, comme leurs parents avant eux, et ils sont bien plus mal traités encore que je ne l’avais été ; ils sont non seulement la cible des colons mais celle de la soldatesque israélienne.
Peut-on rester indifférent à ces maltraitances ?
Amira Haas, journaliste israélienne, rapportait dans le Ha’aretz, fin mai 2013, les conclusions d’un rapport de l’organisation B’tselem consacré aux enfants palestiniens tués par Israël entre septembre 2000 et avril 2013, qui faisait état de 1373 enfants de moins de 18 ans tués par Israël.
Par ailleurs, il n’est pas rare que la police des frontières et les forces militaires israéliennes s’en prennent aux adultes devant leurs enfants, comme ceux qui ont récemment roué de coups toute une famille de Jérusalem-Est ; de même cet état éminemment démocratique détient dans ses prisons et à l’isolement une centaine d’enfants palestiniens, comme dans la prison d’Eshel, dont la saleté est repoussante. Sans jugement, depuis des mois, soumis à interrogatoires musclés.
Tout cela dure depuis des années et le Figaro évoquait en juillet 2012 le cas d’un enfant de 9 ans brutalisé à Hébron par des gardes frontières israéliens qui l’avaient jeté à terre puis l’avaient bourré de coups de pied : il se trouve que la scène avait été filmée le 29 juin 2012 par un témoin palestinien ; malheureusement, ce type de violence n’est pas exceptionnel et les colons, ceux d’Hébron en particulier, lourdement protégés par l’armée israélienne, n’ont de cesse que de harceler les écoliers palestiniens.
Le 7 mars dernier, l’UNICEF affirmait une fois de plus, dans un nouveau rapport, que des enfants palestiniens vivant en Cisjordanie subissaient de mauvais traitements dans le système de détention militaire israélien. Des actes que l’agence onusienne qualifiait de « répandus, systématiques et institutionnalisés » et qui violent les lois internationales. Le motif invoqué pour l’arrestation de ces gamins ? c’est souvent le même : « avoir jeté des pierres sur les forces armées, ou être soupçonné de l’avoir fait (…) En l’espace de dix ans, une estimation de 7000 enfants, majoritairement des garçons âgés de 12 à 17 ans (vivant en Cisjordanie), ont été détenus, interrogés, poursuivis et/ou arrêtés par le système judiciaire militaire israélien », détaille le rapport. Soit une moyenne de deux enfants par jour. Les peines de prison peuvent aller de six mois pour un enfant de 13 ans, jusqu’à dix ans pour un enfant de 14 ans, et parfois plus lorsqu’il atteint l’âge de 16 ans. La détention des enfants palestiniens est ponctuée d’interrogatoires violents et de pressions visant à leur faire avouer quand bien même ils n’ont rien fait.
Raffinement supplémentaire : Israël interdit aux enfants de plus de 8 ans d’aller voir leur père emprisonné….
Et comme Israël n’est pas l’ennemi des provocations, le jour où, en mars dernier, le président Barak Obama arrivait en Israël, des soldats israéliens kidnappaient une vingtaine d’écoliers d’Hébron sur le chemin de l‘école, scène filmée par un militant. B’tselem, organisation israélienne pour les Droits de l’Homme, avait alors contacté d’urgence le Conseiller juridique de l’armée responsable de « Judée et Samarie », pour lui demander de faire cesser sans retard la détention de ces enfants d’Hébron, dont certains âgés de 8 à 10 ans. La vidéo de ces arrestations a été filmée par un militant international.
La liste est longue des humiliations et exactions qu’Israël inflige sans discontinuer aux enfants palestiniens.
J’attire aussi votre attention sur le sort de femmes enceintes arrêtées aux chekpoints alors qu’elles se rendent à l’hôpital pour y accoucher, et qui faute de laisser-passer, font des fausses couches…
Voilà, monsieur le médiateur des Droits, ce que je souhaite apporter à votre information, en espérant que vous voudrez bien intervenir pour qu’Israël respecte et considère les enfants palestiniens comme il entend qu’on respecte et considère les siens.
Croyez, Monsieur le Défenseur des Droits, à l’expression de ma vive considération,
Carole SANDREL
Oui, les enfants jettent des pierres contre les chars et les bulldozers qui détruisent leurs maisons. Comment en serait-il autrement ? Il faut les féliciter pour cette résistance à la colonisation et au terrorisme de l’occupant israélien !
Vous aussi, écrivez à nos représentants !
CAPJPO-EuroPalestine