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« LE MONDE » DONNE A SON TOUR DANS LA « PHOBIE DE LA JUDEOPHOBIE »

L’un des journaux français les plus influents, le quotidien « Le Monde », donne à son tour une présentation alarmiste et passablement fausse de « l’antisémitisme en France ».


Le journal a ainsi choisi de faire (édition datée du mardi 19 février) sa « une » sur le sujet, accompagné d’un dessin de Plantu qui ne laisse en apparence pas de doute sur ce que le lecteur doit penser de la réalité –ou pas- de l’antisémitisme dans la France de 2002 : on y voit en effet pas moins de 6 synagogues, à l’architecture originellement majestueuse, être la proie des flammes, dans un paysage évoquant bien plus la tristement célèbre « Nuit de cristal » de novembre 1938 en Allemagne, que les incidents antisémites rapportés dans la France actuelle. Dans un coin, un policier demande à son commissaire, manifestement passif, « A partir de combien de synagogues brûlées on peut parler d’antisémitisme ? ».

Le journal s’abrite, approche pseudo-objective oblige, derrière le fait qu’il a effectué une « enquête » sur le sujet.

Mais la présentation de ladite enquête commence par la reprise, sans distanciation, des « statistiques alarmantes » (sans guillemets dans la Une du journal) sur une recrudescence des actes anti-juifs publiée par le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Ce n’est qu’en pages intérieures que la nécessité de « nuancer » tableaux et statistiques est proposée par le quotidien.

On y apprend, entre autres, que les statistiques du CRIF sont contrebalancées par celles, sensiblement plus banales, des ministères de l’Intérieur et de l’Education nationale ; que le CRIF inclut dans son propre décompte tous les « actes vécus comme agressifs par les juifs » quand bien même il s’agirait de délinquance générique du type vols de sacs à main ; et où le député-maire (PS) de Créteil Laurent Cathala fait une mise au point factuelle et convaincante.

Laurent Cathala relève en particulier que le CRIF a parlé de l’arrachage, dans un immeuble résidentiel de sa ville, de 100 mezouzot (ces signes que les pratiquants de la religion juive fixent sur le chambranle de leurs portes d’entrée) . Or, indique le maire, l’immeuble ne compte que 60 appartements, et « peut-être une vingtaine de familles juives ». Quant à l’effraction dont a été l’objet une des synagogues de cette ville, elle a été le fait de trois adolescents dont aucun n’est d’origine maghrébine. « Selon toute vraisemblance, ces jeunes voulaient voler », analyse Laurent Cathala.

De même, un article est consacré à la présence de « propos racistes en tous genres » sur Internet. L’enquête révèle alors qu’à côté de la présence de propos carrément antisémites sur des sites « musulmans », que les responsables de ces derniers assurent vouloir éradiquer, on trouve aussi, sur des sites « juifs » des torrents d’obscénités anti-arabes, sans mention, cette fois, d’une quelconque volonté des dirigeants de tels sites d’y mettre le holà.

Plus loin, la parole est donnée au président de Beur FM, Nacer Kettane, pour qui il est nécessaire de rappeler « qu’en France, s’il y a des gens victimes de bavures racistes, de discriminations, ce sont bien les jeunes Maghrébins ». Des statistiques à paraître étayent le propos, précise Le Monde.

Plus généralement, les reportages effectués par Le Monde confirment que depuis l’aggravation de la situation en Israël/Palestine avec l’éclatement de la seconde Intifada à l’automne 2000, des jeunes d’origine maghrébine ont pu, ça et là mais dans des proportions toujours très marginales, tourner leur ressentiment anti-israélien contre « des juifs » de leur voisinage.

Notamment parce qu’ils pensent –quand ce ne sont pas de jeunes vandales s’économisant un instant de réflexion au profit de la casse pure et simple- que « les Juifs », ce sont finalement les représentants en France d’un gouvernement et d’une armée qui oppriment, à quelques milliers de kilomètres d’ici, un autre peuple arabe.

C’est bien pour cette raison que les Appels des artistes et scientifiques « Pour une Paix Juste et Immédiate au Proche-Orient », dont Le Monde rend compte avec exactitude, sont indispensables, pensons-nous, dans le contexte actuel.

En particulier ce paragraphe de nos appels : « De même que nous disons aux Français d’origine arabe ou musulmane que leurs concitoyens d’origine juive ne sont pas responsables des malheurs des Palestiniens, nous disons aux Français d’origine juive, et plus généralement à l’ensemble de l’opinion publique, que critiquer la politique israélienne n’est pas faire preuve d’antisémitisme ».

AMI LECTEUR : la lutte pour une Paix Juste au Proche-Orient passe aussi par les médias. Si ces derniers, ou une partie d’entre eux, ont une information souvent déséquilibrée sur ce conflit comme sur ses répercussions en France, c’est notamment parce qu’ils sont sensibles aux réactions de leurs lecteurs. Or ces dernières ont été jusqu’ici bien plus nombreuses de la part des partisans de la politique israélienne. En réagissant, à votre tour, lorsque la partialité d’un article ou d’une émission vous a choqué, vous avez la possibilité de changer le cours des choses.