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SHIMON PERES VU PAR LE CHRONIQUEUR ISRAELIEN HAIM BARAM

Le ministre Avigdor Lieberman (1) propose ouvertement (et ne se gene pas de le faire savoir a la presse) de commettre toute une serie de crimes de guerre, et quoi qu’il ne soit pas encore majoritaire, c’est lui qui dicte le ton, et fixe les grandes lignes (de la politique gouvernementale)


A des moments de crise securitaire liee a l’assassinat d’Israliens ou a la mort de soldats, se deroule un phenomene commun qui se renouvelle regulierement: la droite devient meurtriere, la droite “moderee” s’aligne sur elle, et le centre devient silentieux ou se contente tout au plus d’une protestation discrete qui ne pese d’aucun poids sur les prises de decision.

Il y a lieu d’etre extremement pessimiste: tous les processus historiques qui caracterisent l’ecroulement du centre et le glissement a droite du centre de gravite de la scene politique sont acheves, et nous en subirons tous les consequences.

Les Palestiniens, victimes de l’occupation, se radicalisent eux-aussi, et ne chercheront plus aupres de nous des certificats de bonne conduite. Faucons et colombes, devoreurs de territoires et ennemis jures des colonies – personne ne sera epargne.

Shimon Peres est aussi de ceux qui pensent que les propositions de Lieberman doivent etre definies comme des crimes de guerre, et, au cours d’une reunion du cabinet, l’a meme mis en garde contre une eventuelle inculpation a la cour internationale de La Haye.

Il a juste oublie que Sharon lui-meme a fait des propositions analogues, et que lui, Peres, en tant que membre de la coalition gouvernementale est totalement complice des actes de ses deux collegues au gouvernement. Le politicien israelien le plus populaire en occident, qui anime des Centres de Paix et est assis sur un prix nobel de la paix comme le corbeau de la fable, siege au meme gouvernement que des criminels de guerre, et devient petit a petit le Frantz von Pappen de la politique israelienne. Peut-etre finira t-il lui auusi sa carriere politque comme ambassadeur en Turquie .
Malgre la critique violente que je n’ai cesse d’exprimer au cours des annees contre sa politique, je plains notre ministre des affaires etrangeres. La degenerescence morale que represente sa participation a ce gouvernement terminera sa carriere politique sur une note discordante. Meme les critiques les plus intransigeants du jeune Peres ont de la peine aujourd’hui a voir la miserable image du vieux Peres
(…) L’argument selon lequel les ministres travaillistes ont un role moderateur sur les decisions gouvernementales est stupide. Ils cohabitent dans un gouvernement du refus, qui est responsable de meurtres cibles et massifs, fait consciement echouer le plan saoudien, et met des batons dans les roues des efforts du president egyptien Hosni Mubarak pour arreter la folie dans la region.
Une rupture entre Sharon et le centre, et son isolement avec les extremistes de droite peut, au contraire, neutraliser les plans dements que lui et ses amis proposent. C’est Peres et et ses hommes qui empechent, par leur seule presence au gouvernement, une intervention internationale ferme. Un gouvernement Lieberman-Sharon, avec Peres comme devanture est la recette pour une catastrophe nationale, dont nous voyons, des a present, les premiers signes.

(*) Haim Baram est un editorialiste du Kol Hair et militant de gauche.
(1) Avigdor Lieberman et Beni Elon viennent d’annoncer qu’ils retiraient leur lettre de demission du gouvernement.

Encart:

Lieberman vu par Peres
“Le ministre des affaires etrangeres, Shimon Peres, a, au cours de la rencontre internes des ministres travaillistes tenue hier soir, violement attaque le ministre Avigdor Lieberman, president du parti Notre Israel. Il a entre autre affirme qu’”il a les idees de Haider”, l’ancien president du parti de la Liberte autrichien. Le president du parti travailliste Benyamin Ben Eliezer: “ne dit pas une chose pareille”, a quoi Peres a repondu que si Lieberman “n’a pas la personnalite de Haider, il en a du moins les idees…”
(Haaretz, 8/3/02)