Le Premier ministre israélien a prononcé dimanche une allocution insensée, affirmant que sa politique de terreur d’Etat était la seule valable, alors même qu’elle a valu à ses compatriotes de nouveaux attentats, particulièrement meurtriers, sur le sol israélien.
Ariel Sharon a en particulier affirmé que les « attentats terroristes » étaient l’œuvre d’un seul homme, Yasser Arafat, ce même Arafat dont le territoire est réduit depuis vendredi à quelques pièces sans électricité, sans eau, et sans téléphone !
Il est en effet clair, selon l’immense majorité des analystes, que Sharon veut détruire l’Autorité palestinienne, y compris son chef, pour se retrouver en tête-à-tête avec le Hamas islamique, lequel a revendiqué l’attentat du jour, mais que Sharon n’a pas désigné dans son allocution !
Au demeurant, tandis que l’armée israélienne a expulsé la presse de Ramallah et que la presse israélienne parle elle-même de dizaines de tués et de ratissages systématiques, les intentions israéliennes quant au sort du Président de l’Autorité palestinienne restaient floues dimanche soir, laissant quand même largement ouverte la perspective d’une liquidation physique, imputable à un « accident » si nécessaire. L’absence de la presse internationale faciliterait de ce point de vue largement les choses.
Ainsi, Sharon et son adjoint aux « Affaires étrangères » Shimon Peres répètent à tout va qu’ils « ne s’en prendront pas à l’intégrité physique de Yasser Arafat », ce qui a entre autres objets, d’un point de vue propagandiste, de faire passer pour un accessoire tous les autres morts, civils ou policiers palestiniens tués de sang-froid d’une balle dans la tête.
Mais des officiers d’Etat-major confessent volontiers que Yasser Arafat vit au milieu de gens recherchés par Israël, et que l’armée israélienne a bien l’intention de capturer morts ou vifs. « Alors, dans un tel contexte, on ne peut évidemment pas garantir l’intégrité physique complète de Yasser Arafat », a ainsi déclaré au quotidien Haaretz un officier général.
Tandis que les rapports de civils ou membres d’ONG encore présents dimanche à Ramallah font état, non seulement de la brutalité meurtrière des troupes israéliennes, mais de nombreux comportements de soudards de la pire espèce (voitures civiles écrasées par les tanks, tirs gratuits sur les citernes d’eau, vols de magnétoscopes et caméscopes dans les habitations, utilisation des TV locales saisies pour la diffusion de propagande anti-palestinienne, voire de films pornographiques), en Israël, un nouvel attentat à la bombe a frappé durement la population civile.
Une bombe explosant dans un restaurant de Haifa a ainsi fait au moins 16 morts (dont des Palestiniens israéliens) : la première réaction d’un responsable de la sécurité intérieure israélienne a été de dire que, puisque la bombe avait apparemment été préparée avec une bonbonne de gaz …. il allait falloir priver les Palestiniens de leur approvisionnement en gaz domestique.
Au plan international, la résolution des Nations-Unies exigeant d’Israël l’évacuation des villes palestiniennes est ouvertement foulée aux pieds par les responsables israéliens, sans que cela ait entraîné la moindre réaction un peu digne des grandes nations l’ayant votée.
La palme dans ce domaine revient à George Bush : quelques heures seulement après que le représentant américain aux Nations-Unies eut voté la résolution, le président américain a été comme frappé d’amnésie, et déclaré qu’Israël « avait raison de se défendre ».
Les dirigeants de la France, eux, se sont tus.