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Maroc: des appels répétés au boycottage commencent à pénaliser les multinationales américaines

RABAT (AP) – Relayés par plusieurs associations et journaux marocains, les appels au boycottage des produits américains pour sanctionner « la complicité criminelle entre les Etats-Unis et Israël » commencent à pénaliser lourdement l’activité de plusieurs multinationales américaines implantées au Maroc.


Régulièrement désignés comme cibles de la « guerre économique » déclarée par les réseaux de soutien au peuple palestinien et la puissante mouvance intégriste, McDonald’s et Coca-Cola sont les principales victimes de cette campagne.
De son côté, depuis le 15 avril, le principal quotidien financier du royaume, « L’Economiste », appelle régulièrement à sa « une » les opérateurs marocains « à boycotter le dollar pour la Palestine et à opter, chaque fois que cela est possible, pour l’euro ». Il s’agit avant tout d' »un geste politique, un symbole de solidarité », explique Nadia Salah, rédactrice en chef. « Nous avions une grande foi dans les idéaux américains, mais le traitement de l’affaire palestinienne nous renverse. »
Quatrième partenaire commercial du Maroc (après la France, l’Espagne et le Royaume-Uni) avec un volume d’échange d’un milliard de dollars, les Etats-Unis entretiennent des relations historiques, diplomatiques et militaires privilégiées avec le royaume, considéré comme « un Etat pivot » du continent africain.
Ces appels au boycottage interviennent alors que Washington a annoncé officiellement, fin avril, à l’occasion d’une visite du roi Mohammed VI, que les Etats-Unis négocient un accord de libre-échange avec le Maroc, cinquième pays au monde à bénéficier d’un tel traitement après le Mexique, le Canada, Israël et la Jordanie.
« Le gouvernement peut faire ce qu’il veut, c’est le peuple et les consommateurs marocains qui auront le dernier mot », commente Khalil Soufiani, un des initiateurs du boycottage au nom de l’Association marocaine de soutien au peuple palestinien.
Depuis la reprise en octobre 2000 de l’Intifada, des tracts appelant au boycottage des produits américains sont distribués dans les quartiers populaires mais également dans les campus universitaires et à la sortie des écoles et des mosquées. Certains journaux comme « Attajdid » (islamiste) ou « Al Alam » (organe du parti nationaliste Istiqlal) soutiennent cette initiative. Plus récemment, des messages ont commencé à circuler via Internet ou les téléphones mobiles: « McDonald’s reverse 10% de son chiffre d’affaires à Israël. Boycottez. Transmettez. »
« Nous ne baisserons pas les bras face à cette manipulation politique mais la situation est très alarmante », a confié à l’Associated Press Ali Idrissi, directeur du marketing de McDonald’s Maroc, qui compte 16 restaurants.
Depuis mars, les choses se sont aggravées puisque dans plusieurs restaurants, désormais placés sous surveillance policière, des islamistes ont été vus en train d’interpeller les consommateurs en stigmatisant leur « complicité avec l’entité sioniste ». « C’est affligeant, certaines personnes nous disent aujourd’hui qu’elles ont honte d’être vues au McDo », déplore Ali Idrissi.
La multinationale a répliqué par une campagne de presse rappelant « qu’aucun don n’a été fait à Israël » et que McDonald’s Maroc est « une entreprise marocaine », qui « contribue au développement du Maroc à travers 1.200 emplois directs et 300 millions de dirhams d’investissements » et s’engage « avec coeur dans des opérations caritatives ».
Si les résultats d’exploitation sont tenus confidentiels, les analystes financiers estiment que la chaîne de restauration rapide, présente dans les principales villes marocaines (Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger, Agadir), devrait être déficitaire pour la seconde année consécutive après 10 ans de croissance continue. Même discrétion chez Coca-Cola Maroc, alors que les initiateurs du boycottage évoquent « une baisse de 50% » des ventes dans le nord du Maroc (Tanger et Tétouan), où les islamistes sont fortement implantés. AP