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Proche-Orient: « il y a un camp de la paix en Israël » : plus de 60.000 samedi soir à Tel-Aviv

Voici le texte de la dépêche AFP relatant la très grande manifestation anti-guerre, samedi à Tel-Aviv
TEL-AVIV, 12 mai (AFP) – « C’est un message très important au gouvernement israélien, au monde arabe et à la communauté internationale: il y a un camp de la paix en Israël et il élève la voix », tonne Yossi Sarid à la tribune.


Devant lui, sur la place Yitzhak-Rabin de Tel-Aviv, s’étale la plus grosse manifestation pacifiste rassemblée en Israël depuis septembre 2000 et le début de l’Intifada: plus de soixante mille personnes, selon la police

« C’est beaucoup plus que ce à quoi nous nous attendions », reconnaît M. Sarid, dirigeant du parti de gauche israélien Meretz, et chef de l’opposition parlementaire au gouvernement d’union nationale dirigé par le premier ministre de droite nationaliste Ariel Sharon.

Quasiment absent de la scène publique depuis le lancement, le 29 mars, d’une offensive militaire israélienne massive en Cisjordanie, largement approuvée en Israël, le camp de la paix savoure ce samedi soir « un tournant radical », selon les mots de Arye Arnon, l’un des dirigeants du mouvement La Paix maintenant, co-organisateur de la manifestation.

Gali Golan, porte-parole du mouvement, parle de 100.000 participants. « Clairement opposés au gouvernement » selon M. Arnon. « Retrait des territoires (palestiniens) pour le salut d’Israël »: le mot d’ordre du rassemblement se partageait la faveur des très nombreuses pancartes brandies par la foule avec d’autres calicots comme « L’occupation nous tue tous » ou « La Paix maintenant ».

Les manifestants, qui ont répondu à l’appel conjoint du mouvement pacifiste et d’une « coalition de la paix » regroupant des écrivains et diverses personnalités de gauche forment une foule de tous âges dans laquelle se côtoient mères de familles accrochées à leur poussette, invalides en fauteuil roulant ou jeunes gens dansant au son de la musique des groupes qui se produisent au milieux d’eux.

La place même où le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin était tombé le 4 novembre 1995, sous les balles d’un extrémiste juif opposé aux accords israélo-palestiniens d’Oslo (1993) qu’il avait signés, est trop petite pour accueillir tout ce monde, et les gens débordent dans les rues avoisinantes.

« Rabin, je te le promets, nous finirons le travail », lance à la foule l’ancien ministre travailliste Yossi Beilin, la voix empreinte d’émotion. « Il faut nous libérer de l’ocupation, il faut nous libérer de la colonisation », dit M. Sarid.

« Nous sommes ici pour manifester contre l’opération militaire à Gaza » qu’Israël envisage et prépare en représailles à l’attentat suicide meurtrier de mardi soir, explique-t-il, au micro, ajoutant: « S’ils font cela, ils le feront sans nous ». « Sharon nous mène droit à la catastrophe », renchérit M. Beilin, « on nous dit que Sharon est un homme de paix, mais ce n’est pas vrai ».

D’autres personnalités s’expriment ensuite, comme Choukri Khatib, représentant la communauté des Arabes israéliens, ou le célèbre écrivain israélien Amos Oz.

Quand la chanteuse septuagénaire Yaffa Yarkoni entonne un de ses chants patriotiques de la « guerre d’Indépendance d’Israël » de 1948, – qui lui valent le succès depuis cette date -, la foule reprend en choeur, agitant des drapeaux bleu et blanc, aux couleurs du pays

Mme Yarkoni avait provoqué un tollé il y a plusieurs semaines pour avoir violemment dénoncé l’opération de l’armée en Cisjordanie et avait même reçu des menaces de mort après avoir annoncé qu’elle se produirait à la manifestation.

Pour assurer sa sécurité et celle des participants, plus de six cents policiers sont déployés, mais rien de grave ne se produit et, après deux heures de discours et de musique, vers 22h00 locales (19h00 GMT), la foule se disperse, et il ne reste bientôt plus sur la place que les mots de paix des pancartes abandonnées.