Nous publions ci-dessous le texte de la pétition de soutien à Daniel Mermet, à l’initiative de Reporters Sans Frontières (RSF), sous le titre : « A-t-on encore le droit de critiquer Sharon ».
Parmi les premiers signataires de cette initiative salutaire, dont rend compte Le Nouvel Observateur cette semaine, figurent notamment : Jorge Semprun, écrivain, résistant, ancien déporté, Lucie et Raymond Aubrac, résistants, Stéphane Hessel, Ambassadeur de France ancien déporté, Jean-Luc Hees, directeur de France-Inter, ou encore le politologue Alfred Grosser.
APPEL
A-t-on encore le droit de critiquer Sharon?
Contrairement aux Etats-Unis, la France demeurait, jusque-là, un pays où la critique de l¹actuel gouvernement israélien n¹était pas considérée comme un acte d¹antisémitisme. Les calomnies et insultes à l¹encontre des journalistes et des rédactions n¹émanaient que de groupes extrémistes et minoritaires non représentatifs. Mais au fur et à mesure que s¹exaspère la tragédie israélo-palestinienne, on voit se profiler de véritables campagnes de dénonciations diffamatoires et de menaces.
Ainsi le 31 mai, Daniel Mermet, journaliste et producteur à Radio France, a comparu devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir diffusé des commentaires émanant d¹auditeurs dans une série de reportages à Gaza et en Israël. Au terme d¹un procès de huit heures, aucune peine n¹a été requise. Le jugement sera rendu le 12 juillet prochain.
Les graves actes antisémites qui se sont multipliés au cours de ces vingt derniers mois doivent être poursuivis et condamnés par la justice, ainsi que tous les actes racistes ou xénophobes. Et l¹on ne peut que partager une inquiétude déjà exacerbée par la tragédie qui se déroule au Proche-Orient.
Mais, les groupuscules et les hommes qui osent prétendre parler au nom de tous les juifs exploitent peurs et désarroi et, face à la moindre critique de l¹actuelle politique israélienne, brandissent l¹accusation d¹antisémitisme.
On est consterné de voir des personnalités du monde intellectuel soutenir de telles dérives, allant jusqu¹à s¹associer à des poursuites judiciaires visant à faire taire un journaliste comme Daniel Mermet.
Ainsi, la lutte contre l¹antisémitisme et la judéophobie, systématiquement et abusivement invoquée, s¹en trouve dangereusement galvaudée. Si » Là-bas si j¹y suis » est une émission antisémite, alors l¹antisémitisme est partout. Et on peut le trouver chez tous ces militants de la paix qui, en Israël et dans les diasporas, constatent la mort dans l¹âme le sanglant échec et la cécité d¹Ariel Sharon.
Nous refusons ce délire accusatoire et cette exacerbation de la suspicion.
Nous refusons cette grave dérive du débat public.
Nous refusons cette banalisation de l¹antisémitisme.
Les signatures sont a adresser à
Reporters sans frontières
5, rue Geoffroy Marie
75009 Paris – France
tel : (33) 1 44 83 84 65
fax : (33) 1 45 23 11 51
E-mail : europe2@rsf.org
Web : www.rsf.org
