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OSLO ENTERRE

8 juillet – Voici le texte d’une tribune libre publiée dans le quotidien Sud-Ouest par Bertrand Bloch, Mohamed Jaber, et Roger Salamon.
« Oslo enterré »

Dans le chaudron du Proche-Orient, le récent discours de G. W. Bush est une insulte à l’histoire traduisant le mépris des drames que vit le peuple palestinien et un refus de tracer une voie à la hauteur des enjeux permettant aux peuples palestinien et israélien un avenir de paix.


La ligne définie par G. Bush, imposée par une Amérique arrogante, fidèle réplique de la politique israélienne actuelle, présage des lendemains encore plus douloureux pour les populations palestinienne et israélienne déjà cloîtrées dans l’attente du pire, en confortant les ultra d’Israël et en radicalisant les communautés qui sont sensibles aux drames de la région. Le discours de G. Bush survient à un moment où, au terme de deux ans de pouvoir, le gouvernement d’Ariel Sharon, aidé en cela par ceux qui propagent la terreur, a définitivement réussi à enterrer les espoirs et la vision d’avenir des accords d’Oslo. La logique de diabolisation de la population palestinienne et de ses aspirations, la politique des partisans du grand Israël n’ont fait qu’alimenter le brasier des fanatiques islamistes emmurés dans leur haine d’Israël. La politique de G. Bush affaiblit encore plus ceux qui pouvaient imaginer malgré tout qu’un dialogue permettrait une solution respectueuse des droits des uns et des aspirations des autres. A. Sharon a voulu faire croire que les chars de Tsahal auraient raison des bombes humaines et de leurs commanditaires et permettraient d’assurer la sécurité à laquelle les Israéliens ont droit. Chacun connaît les résultats d’une telle politique aveugle. A. Sharon continue à participer à un jeu dont il a démontré la maîtrise et la logique au Liban il y a vingt ans. La situation actuelle, l’atrocité des attentats kamikaze rappellent tristement l’époque des derniers combats désespérés et sans pitié des Indiens d’Amérique qui luttaient contre une histoire de vaincus et un avenir de servitude.
La politique actuelle a déjà conduit à l’édification d’un mur de honte, de terreur, de défiance et de désespoir. Comment pour tous ceux, qui ont vécu dans leur chair, dans leurs familles ou dans leurs pensées, le ghetto de Varsovie, la Shoah, le mur de Berlin, ne pas être effrayé par ce symbole qui, à nouveau, prétend assurer la sécurité d’Israël ? Qui seront les prisonniers de ce mur et de son histoire ? Les Arabes palestiniens ? Les juifs d’Israël qui se protégeront et se cacheront comme ils ont dû le faire si souvent par le passé ? Qui peut croire aujourd’hui qu’une paix juste dépend uniquement de l’éviction de Yasser Arafat ? Quand Israël acceptera-t-il à nouveau, comme il l’a fait malgré les difficultés du temps d’I. Rabin, de traiter le peuple palestinien comme un partenaire pour l’avenir et pour la paix ?
Les trois signataires de ce texte, ont vécu et vivent à travers leur histoire personnelle ou celle de leur famille et de leurs proches, les convulsions terrifiantes provoquées par des dirigeants nourris de leur haine et de leur refus du vivre ensemble. Que l’on vienne d’une rive ou de l’autre, on ne peut qu’être désespéré qu’aucun leader, à l’image des Mandela, Rabin ou Sadate, n’ait aujourd’hui la force, le courage et la vision pour imposer enfin les bases d’une paix qui, il y a encore quelques année, semblait à portée de main. Dans le silence assourdissant des gouvernements européens et de ses opinions publiques, nous restons des spectateurs impuissants et consternés d’un drame écrit avec le sang des peuples palestinien et israélien et signé par des dirigeants refusant un avenir juste. Si, en tant que citoyens, nous restons passifs, nous cautionnons au Proche-Orient, en France, et sur l’ensemble de notre planète, une vision du monde qui laisse libre cours à tous les extrémismes communautaires, religieux et politiques dont chacun, quelles que soient ses origines, connaît les tentations et les ravages.
Bertrand Bloch Roger Salamon Mohamed Jaber

BB, RS, MJ sont enseignants à l’Université V.Ségalen (Bordeaux) et membres de la Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient (CAPJPO ; www.paixjusteauprocheorient.com)