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MAROC : PETITION CONTRE UNE CAMPAGNE ANTISEMITE

Le journal marocain l’Economiste publie une pétition d’intellectuels et personnalités du pays, dénonçant le mauvais coup fait à la cause de la paix et des droits du peuple palestinien par une campagne de racisme antijuif actuellement en cours. Voici le texte de cette pétition :


Maroc: L’Economiste
Pétition : Halte au racisme antijuif !
Depuis quelque temps, une vague de racisme antijuif se déchaîne au grand jour dans les colonnes de certains journaux nationaux, sous la plume virulente d’individus qui, à l’instar du pseudo imam Zemzami, écrivent des insanités odieuses en toute impunité.
C’est ainsi que le journal Attajdid s’est livré récemment dans ses écrits à des dérives clairement racistes, prenant à partie un responsable marocain, en l’occurrence André Azoulay, non pour ses actes en tant que haut commis de l’Etat mais pour le simple fait qu’il soit juif, laissant entendre qu’il serait l’instigateur d’un soi-disant complot mené à moyen terme contre l’islam, à travers l’organisation du Festival gnawa d’Essaouira. Les implications et le ressort « logique » de cette prétendue conspiration sont tellement grotesques qu’ils ne méritent guère d’être exposés plus avant. Ces discours antijuifs sont d’autant plus exécrables qu’ils sont véhiculés par des courants politiques de totalitarisme religieux à des fins de démagogie pure en cette veille d’élections. Jouant sur le sentiment légitime de colère et de révolte du peuple marocain face aux actions odieuses menées par le gouvernement israélien contre les Palestiniens, ils visent à créer l’amalgame et monter les communautés musulmanes et juives les unes contre les autres dans notre pays.
Nous disons avec solennité: la sonnette d’alarme a été tirée et il faut en prendre acte. C’est dans les situations de crise que les vraies démocraties s’affirment. Combattre avec la plus grande fermeté le comportement odieux des racistes fait partie du devoir fondamental de tout démocrate. Dans notre pays, juifs et musulmans ont vécu depuis des siècles dans le respect mutuel de leurs différentes confessions. Nous conservons tous en mémoire la réponse cinglante faite par Feu Mohammed V au gouvernement de Vichy quand il lui fut
demandé de soumettre les juifs aux lois nazies. « Il n’y a pas de juifs dans mon pays, rétorqua-t-il. Il n’y a que des Marocains ». Quand des fanatiques dépourvus de toute conscience et hermétiques au sens du concept de citoyenneté dénigrent des Marocains parce qu’ils sont juifs, nous nous élevons d’une seule voix pour répondre: « Que nous soyons juifs ou musulmans, nous sommes tous des citoyens marocains à part entière ».
Nous n’aurons de cesse de combattre les amalgames racistes qui confondent sciemment les juifs avec la politique fasciste du gouvernement d’Ariel Sharon. Ces amalgames répugnants ont déjà eu pour conséquence de se traduire par des actes, certes isolés, mais insupportables à notre conscience, d’agressivité à l’égard de certains marocains juifs. A ces apprentis sorciers qui instrumentalisent la cause palestinienne, nous disons: « Vous êtes les alliés providentiels de ses pires ennemis ». Faut-il en effet être à ce point prisonnier d’une incapacité mentale à accepter l’autre pour ne pas comprendre combien ce racisme primaire sert la propagande sioniste selon laquelle toutes les sociétés non juives sont structurellement antisémites. C’est à cette argumentation que recourent les partisans du grand Israël pour attirer de nouveaux colons dans les territoires palestiniens. Les consorts de Sharon serinent à longueur de temps aux juifs du monde entier qu’ils doivent rejoindre Israël sous prétexte qu’en dehors de ses frontières, ils ne seraient nulle part en sécurité. Et que font nos Zemzami & Cie? En créant la peur au sein de la communauté juive marocaine, ils aident Sharon à recruter de nouveaux colons pour occuper la terre palestinienne. Par leur racisme crasse, ils poussent des juifs marocains qui, au cours de toutes ces décennies, n’ont jamais voulu renoncer à leur pays en cédant aux sirènes israéliennes à s’interroger à nouveau, comme en 1948, comme en 1967, sur la validité de leur choix de rester au Maroc.
Nous disons non à ceux qui veulent amputer notre pays de ce qui fait sa richesse civilisationnelle. Parmi les plus belles pages de l’histoire des musulmans, il y eut celles écrites durant sept siècles en Andalousie quand les plumes juives, chrétiennes et musulmanes plongeaient dans le même encrier pour faire ressortir à travers les arts, les lettres et les sciences, le meilleur de l’humanité. C’est à cela que nous nous référons pour imaginer cet avenir que tous ensemble nous pourrions à nouveau inventer. C’est pour cela que nous nous battrons en défendant les valeurs de tolérance, de respect et d’acceptation de la différence qui sont les nôtres. Aujourd’hui donc, nous, membres de la société civile marocaine, dénonçons et condamnons sans réserve les racistes de tous bords qui, par leurs agissements sournois sèment la haine et la discorde entre les Marocains de confession différente. Le silence des partis politiques, tout comme celui du gouvernement face à la multiplication des prises de position racistes nous laissent pantois. C’est une caution donnée à ceux qui mènent cette sale besogne. Aussi est-il vital, pour l’honneur de notre pays, que ses représentants politiques sortent de leur mutisme et condamnent sans ambiguïté aucune ces dérives inacceptables. De nos législateurs, nous attendons aujourd’hui et dans les plus brefs délais, une loi qui réprime et punit tous ceux qui nous déshonorent par leurs méprisables attitudes.
Liste des signataires
Naïmi Mustapha, professeur à l’université; Abraham Serfaty; Taïeb Debbagh, directeur de société; Driss Ben Ali, président « Alternatives »; Anis Balafrej; Abderrahim Harouchi, président « AFAK »; Noureddine Ayouch, homme de communication; Nabil Ayouch, cinéaste; Neïla Tazi, présidente de société; Hinde Taarji, journaliste; Taoufiq Kabbadj, administrateur de société; Ali Benamor, président « HEM »; Abdellah El Hajraoui; Larbi Maaninou, enseignant, Paris; Zoubir Sami, ingénieur informaticien; Kamal Lahbib, directeur de société; Sion Assidon, Transparency Maroc; Salah El Ouadie, poète; Mina Tafnout, informatiste spécialisée; Saher Hmida, médecin; Maria Charaf, directrice qualité, sécurité et environnement; Younes Benkirane, informaticien; Lahcen Moutik; Mokhtar Benaouda, responsable d’une structure d’accompagnement des initiatives artistiques à Strasbourg; Jawad Skalli, chargé de programme à l’association québécoise des organismes de coopération internationale, Canada; Aboubakr Chraïbi, université de Toulouse; Mokhtar Zagzoule, enseignant-chercheur, université Paul Sabatier, Toulouse; Younes Ajarraî, enseignant responsable associatif-France; Driss El Yazami, secrétaire général FIDH; Nadia Barkallil, association Alternatives; Ahmed Abadarrine; Mhamed Lachkar, président de ASASHA; Amina Hamidis-El Hamidi, professeur-France; Abdelkader Lagtaâ, réalisateur et producteur; Mustapha Slimani, citoyen; Ali Berbich; Lamia Merzouki; Abdelllah Wahibi, Forces Citoyennes; Sofia Benbrahim; Abderrahim El Manouzi, association des parents et amis des disparus au Maroc; Ahmed Sehouate, inspecteur de l’enseignement secondaire; Nadia Laallaoui; Ahmed Semlali, responsable informatique; Khalid Laraïchi, ingénieur; Jallane Abdelhak Jalal, artiste; Bouchaïb El Haddaj, cadre associatif; Morad Fatih; Driss Benzekri, ex-président du Forum vérité; Abdellah Moussadak, citoyen; Abdelaziz Bennani, avocat et ex-président ONDH; Abdelkrim El Manouzi, médecin responsable du centre d’orientation des victimes de la torture; Hamza Slimani, citoyen; Leïla Tazi, agrégée de Pédiatrie Association AMRASH; Saïd El Amrani, espace culturel Nord-Sud (asbl/Belgique); Leïla Rhiwi, militante associative; Bachir Rachdi, administrateur; Jamal El Ouarzazi, directeur de société; Mohamed El Ayadi, enseignant-chercheur, université Hassan II; Ahmed Assermouh, architecte-urbaniste.