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GUSH SHALOM MENACE DE POURSUITES POUR AVOIR DENONCE LES CRIMES DE GUERRE ISRAELIENS

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Le mouvement pacifiste israélien Gush Shalom est menacé de poursuites judiciaires par le gouvernement d’Ariel Sharon, parce qu’il dénonce les crimes de guerre de plus en plus nombreux commis par l’armée dans les territoires palestiniens occupés. Voici la traduction d’un texte adressé par Gush Shalom à l’opinion publique israélienne.


« Toute la vérité sur les activités de Gush Shalom contre les crimes de guerre
Une déclaration de Gush Shalom
publiée dans Ha’aretz, le 9 août 2002
Pour avoir envoyé, il y a quelques mois, des lettres individuelles – avec copie au Chef de l’État-Major et au Ministre de la Défense – à plusieurs officiers de l’armée israélienne, les avertissant que certains des agissements dont ils se sont vantés dans les médias peuvent constituer des violations du droit international, Gush Shalom se voit aujourd’hui menacé de poursuites judiciaires par Ariel Sharon.
Le texte anglais de cette déclaration est disponible sur http://www.gush-shalom.org/archives/crimes_eng.html.
La mise en garde contre les crimes de guerre est un acte de patriotisme.

1. Le but de Gush Shalom est de prévenir les officiers comme les soldats que certaines actions pourraient conduire, un jour ou l’autre, à leur mise en examen devant un tribunal israélien – et même un tribunal international.
2. Il est clair que c’est un acte de patriotisme qui vise à défendre l’honneur et à protéger la réputationd’Israël.
3. La quatrième Convention de Genève requiert de ses signataires, dont Israël, de traduire en justiceles contrevenants ou de les extrader dans un autre pays à cette fin.
4. Gush Shalom a réussi à provoquer un débat public sur les crimes de guerre en Israël et à avertir àtemps les officiers et les soldats des conséquences possibles de certaines actions.
5. Prétendre que cela a été fait en secret est totalement faux.
6. En janvier dernier, Gush Shalom a organisé une grande rencontre à Tel-Aviv pour susciter un débat public sur ce thème. Bien que des professeurs et des officiers supérieurs (retraités) y ont participé et pris la parole, cette rencontre a été ignorée par tous les médias importants.
7. Le but principal de notre campagne n’est pas de faire un procès, mais plutôt d’empêcher des actions illégales, en avertissant leurs auteurs potentiels que les crimes de guerre sont imprescriptibles et que ceux qui les commettent peuvent être poursuivis n’importe où, n’importe quand.
8. Gush Shalom avertit les soldats que, s’ils commettent des crimes de guerre, ils pourraient ne plus pouvoir voyager hors des frontières du pays de crainte d’être inculpés et arrêtés.
9. Dans sa tentative d’éveiller la conscience des officiers et des soldats des FDI, Gush Shalom a diffusé un guide de poche pour les soldats qui détaille les actions constituant des crimes de guerre. Le guide contient un avertissement contre la participation à des crimes de guerre.
10. De surcroît, Gush Shalom a produit une émission de radio sur le sujet. L’Autorité de l’audiovisuel a refusé de la diffuser, même en publicité payante. La Haute Cour de justice a refusé de contraindre cette Autorité à le faire.
11. Le déchaînement d’attaques contre Gush Shalom, déclenché par le Premier ministre Sharon, a involontairement contribué à développer la prise de conscience du problème des crimes de guerre à tous les niveaux des FDI.
12. La diffamation de Gush Shalom et l’incitation contre lui, qui décrit les militants de Gush Shalom comme des indicateurs, des kapo (police juive dans les camps de concentration nazis), Judenrat (comités du ghetto juif désignés par les Nazis), etc., visaient à détourner l’attention de l’échec de Sharon et de Ben Eliezer concernant la sécurité du pays et de ses citoyens, en créant une nouvelle légende du «coup de poignard dans le dos de l’armée». Cette légende nous rappelle des jours sombres et des régimes sinistres.
13. La direction politique et militaire d’Israël admet implicitement qu’il est impossible d’être occupant d’un autre pays sans commettre des crimes de guerre et sans violer le droit international.
14. La conclusion inévitable est que l’occupation doit prendre fin.
15. Prétendre que l’état de guerre et la nécessité de défendre les citoyens d’Israël oblige à commettre des crimes de guerre est inadmissible et faux. Le concept même de «crimes de guerre» signifie que de tels crimes sont spécifiquement prohibés en temps de guerre, alors que chaque côté croit qu’il est en train de défendre la vie de ses citoyens.
16. Gush Shalom appelle les soldats à refuser d’obéir à des ordres manifestement illégaux. C’est aussi une exigence de la loi israélienne.
17. Selon la loi israélienne, un «ordre manifestement illégal» est un acte sur lequel flotte «le pavillon noir de l’illégalité» – un ordre que toute personne normale reconnaît d’emblée comme illégal.
18. L’exécution sans procès (appelée «liquidation»), l’assassinat de blessés sans défense (appelé «vérification du décès»), l’obstruction à l’assistance aux blessés, les tirs sur les ambulances et les équipes médicales, la famine provoquée, le bombardement de quartiers résidentiels, la destruction massive de maisons, la punition de familles entières pour des actes commis par un de leurs membres par l’expulsion et la démolition de la maison – sont des exemples d’ordres illégaux.
19. L’assertion selon laquelle les autorités militaires elles-mêmes enquêtent sur des crimes de guerre et des violations des lois israéliennes et internationales et sanctionnent les contrevenants est malheureusement fausse. Au cours du présent conflit, les médias ont rapporté des centaines d’actions menées en contravention avec les lois israéliennes et internationales – mais il est très rare que quelqu’un soit poursuivi et personne n’a été puni en conséquence.
20. En plus des dangers qui menacent les officiers et les soldats qui commettent des actions illégales et violent les droits humains, ces actions compromettent également la paix et la sécurité, en augmentant la haine et en provoquant des représailles terribles. Ce fut le cas avec l’assassinat de Salah Shehadeh, qui a déclenché une série d’horribles actes de vengeance.
21. Ces derniers mois, Gush Shalom a envoyé des lettres à plusieurs officiers supérieurs qui avaient été cités dans les médias à propos d’actions manifestement illégales. Ils ont été prévenus que Gush Shalom rassemble des informations sur ces actions.
22. Ceci a été fait publiquement, avec copies des lettres à tous les médias (qui ont choisi de ne pas les publier) et à l’avocat de l’Armée (qui n’a rien fait à l’égard de ces officiers).
23. Le but premier de ces lettres était de faire prendre conscience aux commandants de la gravité de telles actions au regard du droit israélien et du droit international et de les persuader de renoncer à mener ces actions.
24. Nous avons dit aux officiers que s’ils commettent des crimes de guerre et violent le droit israélien et le droit international, nous transmettrons les informations sur ces violations aux autorités judiciaires israéliennes, quand et si ces autorités prennent sérieusement leurs responsabilités et appliquent la loi pour empêcher de telles actions.
25. Amir Oren, un commentateur militaire, a rapporté cette semaine que l’état-major général avait fait des préparatifs pour une «troisième opération» plus large que les deux précédentes, qui fera des «milliers de victimes palestiniennes». Ce rapport fait soupçonner que l’opération engendrera de graves crimes de guerre qui pourraient conduire ceux qui les auront planifiés et ceux qui les auront exécutés devant la Cour pénale internationale de La Haye.
26. Il n’y a eu aucune décision de Gush Shalom de transmettre ses informations au tribunal international et le Bloc n’a aucun contact avec cette institution. Cependant, si les tribunaux israéliens n’appliquent pas la loi, nous pourrions envisager cette option en dernier ressort.
27. Gush Shalom soutient la Cour pénale internationale établie récemment à La Haye et la considère comme un aboutissement des aspirations juives et mondiales. Le refus du gouvernement d’Israël de participer à cette institution met en évidence ses conceptions morales et porte fortement atteinte à notre image internationale.
28. Étant donné que la Cour internationale, qui est largement approuvée, gagne en importance, nos dirigeants militaires et politiques pourraient très bien se trouver inculpés à La Haye, sur la base de rapports dans les médias internationaux et ceci sans aucune intervention de Gush Shalom.
29. Des lois permettant de poursuivre ces personnes sont maintenant en préparation dans d’autres pays, comme la Belgique. Ceci signifie que des mandats d’arrêt internationaux peuvent être lancés et seront valables dans toute l’Europe et dans d’autres pays.
30. L’Armée israélienne a déjà reconnu que ses soldats pourraient être poursuivis par La Haye et, en conséquence, elle empêche dorénavant la publication des noms des officiers et des soldats engagés dans certaines opérations. À la demande des FDI, la télévision israélienne a commencé à rendre flou le visage des soldats, comme s’il s’agissait de délinquants juvéniles.
31. Si une organisation en Serbie avait publiquement prévenu Milosevic et ses généraux contre la commission de crimes de guerre, tous les journaux et hommes politiques israéliens (sauf Sharon) l’auraient applaudie.
32. Pour empêcher tout débat public sur les vraies conditions de la paix et pour entretenir la croyance des Israéliens que nous menons une «guerre inévitable», Sharon s’acharne contre ceux qui aspirent à la paix et à la réconciliation entre les deux nations.

[ Traduit de l’anglais – RM/SW ] (La diffusion des articles du site est encouragée. Merci de mentionner les sources.)

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