21 août (rédaction CAPJPO) – L’abandon du peuple palestinien par la communauté internationale (dont les mass-médias, qui préfèrent tartiner sur des faits divers sordides et autres sujets soi-disant « grand public ») a permis à Israël d’intensifier ces dernières semaines la répression de manière impressionnante, ses dirigeants affichant un sentiment d’impunité entièrement débridé.
Les exemples en sont quotidiens. C’est le cas, notamment, de cette pseudo « trêve » qu’Israël a imposée à des éléments de ce qui reste de « l’ Autorité Palestinienne », et qui voudrait qu’en échange du retrait très partiel d’une des villes palestiniennes (Bethlehem), toute résistance cesse, l’armée israélienne maintenant de son côté toutes ses opérations (assassinats de militants, arrestations en masse dans les autres villes, destructions d’habitations, sur fond de couvre-feu total imposé à l’ensemble de la population de Cisjordanie depuis plus de 2 mois maintenant).
Cette « trêve » n’a pas de rapport avec le projet, plus tangible, d’arrêt des attentats contre des civils israéliens : on sait désormais –cela a été révélé par la presse israélienne, sans entraîner de démenti gouvernemental- que les groupes armés palestiniens –Hamas compris- s’apprêtaient à proclamer unilatéralement une suspension des attentats sur le sol israélien, et qu’Israël était au courant de cette avancée, mais qu’Ariel Sharon a délibérément choisi de la torpiller en bombardant Gaza le 22 juillet dernier, tuant une douzaine d’enfants. Il s’ensuivit l’attentat contre l’Université Hébraïque de Jérusalem.
La « trêve » annoncée lundi peut en effet se résumer comme suit : « Vous, Palestiniens, arrêtez tout ; nous, Israéliens, continuons comme bon nous semble ».
Et la mort d’un jeune soldat israélien (le caporal Cohen, 19 ans) , abattu par un tireur du Hamas mardi à proximité d’une colonie juive de la bande de Gaza (dans le même temps, plusieurs civils palestiniens, dont un enfant de 13 ans, étaient tués, mais on ne va pas s’arrêter à de tels détails, n’est-ce-pas ?) suffit à déclencher de nouvelles menaces : le retour de l’armée à Bethlehem, seul gage provisoirement laissé en Cisjordanie par l’armée israélienne !
Nous n’avons parlé jusqu’à présent que d’événements auxquels la presse internationale a donné un certain écho ces dernières semaines.
Mais il y a en une quantité d’autres, qui démontrent à satiété le sentiment d’impunité totale dans laquelle évolue désormais l’armée israélienne dans les Territoires.
La Cour Suprême d’Israël vient ainsi d’ordonner à l’armée de surseoir à l’utilisation de « boucliers humains », une méthode de terrorisme expressément interdite par le droit international.
Ce jugement est intervenu après la mort d’un jeune de 19 ans, contraint par l’armée d’entrer dans une maison où était réfugié un militant palestinien recherché, et dont la porte d’entrée avait apparemment été piégée (cette information étant à prendre au conditionnel ; dans un premier temps, en effet, l’armée israélienne avait déclaré que le militant recherché avait été abattu au cours d’une tentative de fuite, avant qu’on apprenne que l’homme était manchot et cul-de-jatte !) Les naïfs pourront en tirer motif à satisfaction et se dire « qu’Israël est quand même un Etat de droit, où la Justice sait encore se faire entendre ». Mais l’armée « démocratique » de ce même « Etat démocratique » gouverné par des généraux n’a pas craint de faire appel du jugement de la Cour Suprême, et revendique haut et fort le droit de continuer à utiliser des otages comme boucliers.
De même, le procureur général de l’Etat d’Israël, Elyakim Rubinstein, a tenu à effectuer, au mois d’août, une période de réserviste en Cisjordanie, au tristement célèbre check-point de Qalandyia précisément. Il ne s’y est pas rendu incognito, et on aurait pu s’attendre que les militaires en poste à ses côtés modèrent leurs comportements en présence d’une personnalité aussi importante. Mais non ! Rubinstein a ainsi déclaré qu’il était personnellement intervenu auprès d’officiers en faveur de trois jeunes Palestiniens (dont un mineur), menottés dans le dos et laissés sous le soleil pendant des heures, à ce même check-point. Ces jeunes avaient peu de temps auparavant été sévèrement passés à tabac par les soldats, mais le magistrat a déclaré qu’il n’avait pas été témoin visuel de la scène. Le quotidien Yediot Aharonoth ajoute qu’aucune charge ni soupçon ne pesait sur les trois jeunes Palestiniens, et que l’intervention du magistrat a au moins eu pour effet d’entraîner leur libération le jour même.
Voici enfin, pour se faire une idée un peu plus précise du quotidien de la situation en Palestine, un résumé de la seule journée du lundi 19 aôut , dressé par Adam Stumacher pour l’International Solidarity Movement) :
Déportation
La Cour suprême israélienne a reporté l’étude de la plainte de trois palestiniens contre la décision de l’armée de l’occupation de les déporter de la CisJordanie vers la bande de Gaza.
Ramallah-AlBireh (confiscations, punitions collectives) :
L’armée israélienne a annoncé la confiscation de 168 dunam de terres entre Ramallah et Jerusalem-est. L’ordre signé par le directeur général du ministère de l’intérieur israélien annonce la confiscation d’une bande de terre de 3830 m de long et de 40 m de large appartenant aux villes et villages de Kalandia, Kafar Akab, Rafat, et AlBireh pour construire un obstacle au déplacement de la population.
Les soldats israéliens ont confisqué plusieurs véhicules de transport public sur la ligne Ramallah-Jerusalem.
Région de Ramallah :
L’armée israélienne a envahi le village de Kherebtha bani hareth à l’ouest de Ramallah lundi à 5h du matin et a procédé à la fouille et la destruction de l’intérieur des maisons avant d’arrêter six citoyens et de les emmener à une destination inconnue.
Bethlehem
L’armée israélienne a pris possession lundi matin de la maison de Moussa Douri dans le quartier Djabal Mawaleh et l’a transformé en casernement temporaire. Les soldats ont encerclé la maison, enfermé la famille dans une seule pièce avant de détruire le mobilier pour faire place au matériel militaire.
Un responsable sanitaire palestinien a mis en garde contre une catastrophe humanitaire dans les villages à l’ouest de Bethlehem (Battirn Hussan, Nahaline, Wawoud, foukine) qui manquent terriblement de médicaments, de nourriture et de lait pour enfants à cause du couvre feu qui empêche les équipes médicales d’atteindre ces villages et empêche les habitants d’aller s’approvisionner ou se faire soigner en ville.
Lundi soir, l’armée israélienne s’est retirée des villes de Bethlehem, Beit Sahour, Beit Jala et le camp de réfugiés de Dheisheh et continue d’encercler toute la région en vue de la nouvelle réoccupation. La région était totalement occupée et sous couvre feu depuis le mois de juin. Une centaine de policiers palestiniens étaient arrivés de Jericho à Bethlehem dans la journée. Il est à noter que 30% des effectifs de la police palestinienne ont été tués ou blessés ou arrêtés par l’armée israélienne pendant les derniers mois.
Naplouse (résistance)
Un accrochage a lieu entre des résistants palestiniens et les soldats de l’occupation dans la ville de Naplouse. Deux soldats ont été légèrement blessés. L’armée israélienne a repris la démolition des maisons et des magasins dans la vielle ville historique de Naplouse. Un Palestinien a été blessé lors de cette opération.
Les 115 000 habitants de la ville de Naplouse vivent sous couvre feu strict depuis 60 jours, pendant cette période il a été levé seulement pour 58 heures (moins d’une heure par jour)
Villages de la région de Naplouse (démolitions et punition collectives) :
L’armée israélienne a envahi le village de Lebban Sharkia près de Naplouse et a démoli 3 maisons sur la route Ramallah-Naplouse. Pendant l’opération de démolition les soldats ont averti les habitants de trois autres maisons voisines que leurs maisons vont également être prochainement démolies. Le village subit des opérations punitives de la part de l’armée depuis une semaine. La semaine dernière des colons ont chassé plusieurs familles du village et ont occupé leurs maisons et arraché des dizaines d’arbres fruitiers pour venger la mort de l’un des leurs.
L’armée israélienne a détruit plusieurs plantations dans les villages de Houara et Ainabous, et a fouillé les maisons et arrêté des jeunes dans les village de Sabastya, Nakoura, Sorra, Gett, et Kafar Kaddoum où trois des cinq arrêtés étaient des policiers palestiniens.
Jenine (Un enfant tué)
Un enfant palestinien âgé de 13 ans a été tué aujourd’hui par l’armée israélienne dans un village près de Jenine. Les conditions de ce nouveau meurtre ne sont pas encore connues. L’armée avait démoli le mur d’enceinte du collège du village de Bourkine après l’avoir occupé.
Jericho (punitions collectives)
Après avoir annoncé son intention d’alléger le bouclage de la ville de Jericho, l’armée israélienne a continué de creuser des tranchées supplémentaires profondes de 3m et large de 4m autour de la ville. L’armée a empêché tous les porteurs de cartes d’identité de Jericho de quitter la ville prétextant que la ville est déclarée zone militaire fermée.
Rafah – bande de Gaza (8 frères arrêtés) :
L’armée israélienne a envahi la maison de Muhammad Hamdan Abu Gharar situé à 500 mètres de la colonie de Mourag a emmené ses huit fils en direction de la colonies. Les huit frères sont Abdel Naser (47 ans), Hicham (40 ans), Yahia (28 ans), Hamdan (24 ans), Younes (23 ans), Yasser (22 ans), Arafat (19 ans), Taissir (17 ans)
Deir AlBalah – bande de Gaza (agrandissement de colonie)
L’armée israélienne a détruit complètement des terres cultivées appartenant à la famille Abu Samra à l’est de la colonie Kfar Darom en vue de l’agrandissement de la colonie. Les habitants ont déclaré que les attaques et les harcèlements israéliens se sont multipliés dernièrement pour les forcer à quitter leurs maisons proches de la colonie.
Cheikh Ejline – bande de Gaza (tirs…)
Les soldats de l’armée israélienne postés dans la maison du citoyen Mohammad Khosa dans la région de Cheikh Ejline ont arrosé les habitations proches de leurs tirs sans raison apparente.
Prisonnières
Les avocats des prisonnières palestiniennes dans la prison de Nevi Tirtsa près de Tel-Aviv ont annoncé que les prisonnières ont terminé une grève de la faim qui a duré 17 jours après un accord avec la direction de la prison qui porte sur l’amélioration des conditions de leur détention. Les détenues avaient subi des mesures de rétorsion pour avoir protesté contre l’inondation de leur cellules avec les eaux usées.
Flambée d’hépatite A
Une flambée sévère d’infections par le virus de l’hépatite A vient d’être signalée dans le village de Salem, proche de Naplouse, où 95 cas ont été confirmés au cours des deux dernières semaines. Une dizaine d’autres cas sont signalés dans un village avoisinant, selon le Dr Ghassan Hamdan, de l’Union of Palestinian Medical Relief Committees à Naplouse. Tous les cas concernent des enfants, la population adulte bénéficiant d’une immunité acquise au cours d’expositions antérieures au virus.
De sources palestiniennes, on indique que deux événements ont pu concourir à la résurgence de cette infection : d’une part, le fait que l’armée israélienne, en procédant à la construction d’un check-point à grand renfort de bulldozers, a détruit des canalisations d’eaux de vidange ; d’autre part, le fait que les colons d’une implantation voisine déversent régulièrement leurs ordures sur des terres cultivées palestiniennes.
Les médecins rappellent que si l’hépatite A (la « jaunisse ») n’est pas une maladie mettant généralement en jeu le pronostic vital chez un individu par ailleurs en bonne santé, il n’en est pas de même chez le nouveau-né, le sujet âgé, et plus largement les personnes dont les défenses immunitaires sont amoindries (pour cause d’autres maladies, malnutrition, etc.), ce qui est le cas des populations vivant sous couvre-feu et bouclage.
Un vaccin contre l’hépatite A est aujourd’hui disponible dans le monde. Mais pas en Palestine, où le bouclage.
« Les principaux besoins dans ce cas sont des financements pour les vaccins et de l’aid e pour l’acheminement des médicaments vers la région de Naplouse. Le blocus israélien qui restreint le déplacement des Palestiniens, aussi bien à l’intérieur des villes qu’entre les villes Palestiniennes, rend presque impossible pour les Palestiniens le transport des besoins médicaux et le déplacement dans les autres cas d’urgence. Nous croyons que l’intervention directe des organisations d’aide internationale est cruciale dans l’information de la crise humanitaire à l’intérieur des Territoires Palestiniens Occupés. Nos équipes de volontaires internationaux et d’activistes, aux côtés de nos partenaires Palestiniens, continueront de travailler sur le blocus afin de fournir de l’aide à ceux qui en ont besoin.
Toute organisation ou tout individu désirant aider pendant cette crise doivent contacter l’Union de Palestinian Medical Relief Organizations à
Naplouse au +972-9-238-7174.
Vous pouvez également contacter Susan Barclay à
Naplouse au +972-59-877-091 ou +972-55-829-680.