28 août – Une soirée de fête et de solidarité a lieu vendredi à Saint-Etienne, à l’occasion du dénouement heureux d’une intervention chirurgicale qui a permis d’extraire une balle du cerveau d’un adolescent palestinien de Ramallah, Muhammad Turky, 15 ans, fusillé à bout portant et laissé pour mort par des soldats de l’armée israélienne au début de l’année.
» Des centaines de personnes, en se donnant la main, ont montré que l’Humanité peut marquer des points contre la barbarie, contre la guerre « , écrit l’Association » Solidarité Muhammad Turky – Enfants de Ramallah « , à l’origine de l’initiative.
Le rassemblement a lieu vendredi 30 août, à partir de 18 heures, à l’Amicale laïque de Beaubrun, à Saint-Etienne (près de la bibliothèque). Chacun est invité à apporter sa contribution : pâtisseries, boissons, musique, etc..
Voici maintenant le récit de cette aventure, retracé par les militants de cette association.
« HUIT MOIS AVEC UNE BILLE D’ACIER DANS LE CERVEAU »
Muhammad Turky, enfant de Ramallah, arrivé à Saint-Etienne le dimanche 11 Août, est sorti de l’Hôpital lundi 19 août.
Muhammad avait reçu deux balles dans la tête le 25 janvier. L’une avait pu être enlevée lors d’une première opération à Ramallah.
La deuxième nécessitait un équipement particulier, en particulier un neuro-navigateur. Elle le faisait souffrir et mettait en danger la vie de Muhammad car elle se déplaçait et menaçait des centres vitaux. L’opération a eu lieu le mardi 13 Août dans le pavillon de neuro-chirurgie du professeur Brunon. Elle a été réalisée par le professeur Nuti. Elle s’est bien passée. La balle extraite du cerveau était une bille en acier plus grosse qu’un bille d’enfants. Recouverte d¹une enveloppe de plomb selon le professeur Nuti.
Muhammad nous a raconté son histoire. Il a été littéralement » exécuté » le 25 janvier. Il participait à une manifestation contre l’occupation. Il a planté un drapeau palestinien sur un char israélien. Les soldats l’ont attrapé, jeté dans le char, ils lui ont fracassé le visage avec les crosses de fusils M16. Muhammad n’avait plus de dents et de multiples traumatismes. Puis ils lui ont tiré deux balles dans la tête, en face, à bout portant. Ensuite, ils l’ont jeté en dehors du char, et ont empêché, pendant une heure, que les secours puissent approcher.
Muhammad, qui veut très vite retourner à l’école il a tout raté depuis janvier – aime jouer au football. Il était le buteur de son équipe de Ramallah. Il est arrivé dans un fauteuil roulant, avec une paralysie du côté droit. Maintenant, il souffre moins, il dort (il dormait très peu chaque nuit), il marche moins difficilement, il essaie de regagner les capacités motrices qu’il a perdues. Pour réduire le plus possible les dégâts qu¹ont fait les deux balles. Sa vie n’est plus en danger. Il veut devenir journaliste.
Muhammad et Saed appartiennent à une famille de 11 enfants.
Saed, un de ses frères, l’a accompagné. Et nous avons découvert petit à petit l’histoire de Saed, 24 ans, qui vit depuis deux ans avec une balle dans la tête, du côté droit, et trois balles dans la jambe droite. C’était le 15 mai 2000, à El-Bireh, à côté de Ramallah.
Les chars et les snipers israéliens tiraient, à plus de 500 mètres. Saed, qui était en train de créer une petite entreprise de bâtiment, faisait la navette pour mettre à l’abri des enfants qui étaient dans la rue. Une balle dans la tête. Il n’a pas compris tout de suite. Il est tombé. Il a cru que quelqu’un l’avait frappé. Puis le sang, et trois balles dans la jambe. La perte de connaissance, 5 jours dans le coma. 8 heures et demi d’opération, mais considéré comme mort. Saed est un miraculé. Mais il ne peut plus travailler, il souffre, il a de fréquentes crises d’épilepsie.
Avant ça, Saed avait passé 3 ans et demi dans les prisons israéliennes. La première fois, à 14 ans, pendant la 1ère intifada, en 1992. 6 mois à la prison de Ramallah, sans jugement : » détention administrative « . La deuxième fois, à 16 ans : un an de prison parce qu’il travaillait sans permis en Israël. Plusieurs cotes cassées : le soldat l’a mis par terre, sur le dos, puis a lancé son genoux, de tout son poids, sur sa poitrine. Saed a le nez cassé aussi. Par un coup de tête avec la bordure du casque, lorsqu’il a répondu à l’appel de son nom, dans la jeep.
Puis à 20 ans, Saed a été arrêté pour faire avouer son grand frère, avocat, lui même en prison. 14 mois de prison cette fois-là. Il a été torturé pour qu’il accuse son frère. 3 mois dans une cage d’un mètre de côté, avec un bruit permanent pour empêcher de dormir. Et puis la torture dite du » pont suspendu » attaché sur une petite chaise, les bras par-dessus les épaules, attachés à l’arrière, le corps faisant un pont. Toutes les 5 heures, 5 minutes de relâche, pour permettre de survivre. La prison de Chatte, près d’Haïfa, avec sa fresque peinte sur le mur d’entrée : elle dit aux Palestiniens qu’ils y entrent fiers comme des lions, mais que quand ils en sortiront, ils ressembleront à des lapins. Saed a porté plainte contre l’armée israélienne. Ils sont venus lui proposer de l’argent pour qu’il retire sa plainte. Il a refusé.
L’Association » Solidarité Muhammad Turky Enfants de Ramallah » qui a été créée pour permettre l’opération de Muhammad à reçu plus de 6.000 Euros (plus de 40 000 Francs) de versements. Merci aux centaines de personnes qui se sont mobilisées.
Merci au CHU de St-Etienne qui a aussi pris en charge le coût de l’opération (plus de 8.000 euros).
L’association a pris en charge le voyage et le séjour en dehors de l’hôpital. Elle va pouvoir aider d’autres enfants. D’autres projets sont en cours de discussion.
Pour les versements à l’association, les chèques sont à établir à l¹ordre de » Association solidarité Muhammad Turky « , et envoyés à :
Véronique Séfani, 79 cours Fauriel, 42100 Saint-Etienne, ou Raymond Vasselon, 24 rue Emile Jaboulay, 42100 Saint-Etienne.
Des virements peuvent être effectués sur le compte N° 088698521 4B clé 65 Banque 10096 La Lyonnaise de Banque, agence de l¹Hôtel de Ville, 3 rue de la Paix 42000 St-Etienne. Un reçu sera établi.
Une soirée de fête, de solidarité et d’amitié aura lieu à St-Etienne autour de Muhammad et de Saed,
vendredi 30 Août à partir de 18 heures
à l’Amicale Laïque de Beaubrun, rue Claude Deverchère.
Toutes celles et ceux qui peuvent y participer seront les bienvenus.
Ce que nous ont raconté Muhammad et Saed est terrible. On ne peut pas laisser continuer ça. Il faut faire quelque chose pour arrêter le massacre des enfants de Palestine. Dénoncer les crimes. Venir en aide aux milliers d’enfants qui en sont victimes. D’autres enfants ont besoin d’être aidés.
Des contacts peuvent être pris avec DCI Defense for Children International section Palestine – http://www.dci-pal.org/
Si vous souhaitez d’autres informations ou documents sur cette action, vous pouvez aussi écrire à Roger Dubien, conseiller municipal de St-Etienne, à : roger.dubien@wanadoo.fr
