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DEMOLITIONS DE MAISONS : LE TEMOIGNAGE DU MILITANT ISRAELIEN JEFF HALPER, AU MICRO DE RADIO-ORIENT

Nous produisons ci-dessous la retranscription de l’ interview de Jeff Halper (anthropologue israélien, membre du Comité israélien contre les destructions des maisons) donnée sur
Radio-Orient diffusée les 14 et 15 août 2002


« L’Etat d’Israël détruit les maisons au motif qu’elles ont été construites illégalement,
mais Israël ne donnent pas les permis de construire, ils avancent plusieurs
raisons à chaque demande.

Voici l’exemple de son ami Salim qui ne voulait plus vivre dans une cabane étroite
dans un camps de réfugiés, à qui ils ont invoqué après une première demande
de permis que le lieu est impropre pour une maison, mais adapté à une
ferme.

Au cours de la deuxième demande où il veut construire une ferme, on
lui rétorque que le terrain est en pente. A la troisième demande, il change
de lieu, mais là on lui dit que la maison qu’il veut construire est trop
proche d’un projet de route israélienne, mais dont les travaux n’ont pas
commencé…et à chaque demande il faut payer des milliers d’euros,
alors Salim a quand même construit sa maison, et un jour ils sont venus la
détruire..

Une centaine de soldats se sont postés devant chez lui et lui ont dit :
« Vous avez 15 minutes pour sortir toutes les affaires ». Qu’est-ce que vous
faites quand on vient détruire votre maison ? Vous commencez à discuter,
vous êtes désespéré, c’est votre maison, les soldats se plantent juste
devant vous, c’est très agressif, ils essayent de vous intimider, parce
qu’ils ne veulent aucune résistance.

La réaction normale, quand quelqu’un s’approche beaucoup de vous, c’est que
vous le repoussiez, dès que vous touchez un soldat, c’est perçu comme une
agression, et non comme une résistance, et immédiatement, cette opération,
se transforme en opération militaire, Salim a été battu, menotté et jeté hors
de chez lui, les voisins sont arrivés, il y a eu des tirs, des grenades ont
été lancées, des bombes lacrymogènes aussi, un adolescent de 16 ans a été
touché par des balles en caoutchouc, il a perdu un rein. Quand Salim s’est
retrouvé dehors, Arabia, sa femme, a paniqué, et elle s’est enfermée à clé
dans sa maison, avec ses sept enfants, les soldats ont alors cassé la
fenêtre, pour lancer une bombe lacrymogène à l’intérieur de la maison, ils
ont ensuite défoncé la porte de la maison, et ont évacué la femme qui était
dans un état d’inconscience

Les soldats ont ensuite donné 5 minutes aux travailleurs de la compagnie chargée par l’armée de détruire la maison, pour évacuer les meubles, puis les bulldozers sont arrivés et ont démoli la maison. J’étais avec Salim, et il était menotté, ensemble, nous avons
assisté à la démolition de sa maison, et c’est une chose terrible, certains
moments sont particulièrement poignants, comme par exemple, quand la
fenêtre de la chambre de vos enfants explose, et puis l’armée est partie en
laissant aux habitants, car ce sont eux les criminels, une facture de 1500
euros pour payer la destruction de leur maison !!!! et une amende de 10 à 15
milles euros pour l’avoir construite illégalement !!! Nous avons ensuite
rassemblé des centaines d’israéliens et de palestiniens pour reconstruire sa
maison une deuxième fois, elle a été démolie une deuxième fois. Alors, nous
l’avons reconstruite une troisième fois, et elle a été détruite une
troisième fois. Nous avons l’intention de la reconstruire une 4ème fois.

« Comment vit-on la démolition de sa propre maison ? »
C’est une expérience très différente, pour un homme, une femme, ou un
enfant.
Pour un homme c’est très humiliant, il perd son statut de père de famille,
parce qu’il n’a pas réussi à jouer un rôle qui consiste à protéger sa
famille, et à lui assurer un toit, alors quand il se retrouve menotté, et
jeté hors de chez lui comme …hum…une merde….Salim m’a raconté qu’au
cours de l’intifada, quand les avions et les hélicoptères israéliens,
bombardaient son quartier, ses enfants se sont mis à vomir de peur ! Alors
il a dit à Wafa, sa fille de neuf ans, « n’aies pas peur, je serai là, je te
protégerai », elle lui a répondu « tu ne peux pas me protéger, on a vu ce que
t’ont fait les soldats quand ils ont détruit notre maison ».
Salim dit toujours que la destruction d’une maison, représente la
destruction d’une famille. Pour une femme, c’est une chose terrible, une
femme vit ça comme un viol. Arabia, la femme de Salim, est entrée, après la
première démolition, dans une longue période de mutisme, elle n’a pas parlé
pendant deux mois, Salim a dû la rapatrier en Jordanie, d’où elle est
originaire, elle a été admise dans un hôpital, c’était en 1998, elle n’est
toujours pas vraiment revenue à elle.

Pour un enfant, la maison, représente la sécurité, SA sécurité. J’ai assisté
à une chose terrible dans un village aux environs de Beit Hanina, au nord de
Jérusalem. Un enfant de 6 ans s’est réveillé un matin comme d’habitude, il a
pris son petit déjeuner, comme tous les matins, il a saisi son cartable et a
pris le chemin de l’école, à 9h30 du matin, ils sont venus démolir sa
maison. Cela prend une heure à une heure et demi. Je suis arrivé après la
destruction de la maison, à 12h30, au moment où l’enfant rentrait de
l’école. Il est arrivé, il s’est mis à chercher, il n’y avait plus de
maison !! Il ne voyait pas ses parents non plus. Vous savez les bases d’un
film d’horreur, c’est quand, tout ce qui est familier disparaît, et que vous
perdez tout vos repères, vous perdez le sens de l’orientation. L’enfant est
entré dans une panique absolu !!! Il s’est mis à avoir des convulsions.

9000 MAISONS DETRUITES DEPUIS LE DEBUT DE L’OCCUPATION

9.000 maisons palestiniennes ont été détruites depuis 1967. Cela ne s’est
jamais arrêté. Mais après l’élection de Netanyahou, le nombre de
destructions de maisons a augmenté de manière exponentielle. 2000 maisons
ont été détruites depuis septembre 2000, depuis le début de la seconde
Intifada.

Rien qu’à Jénine 300 à 400 ont été démolies. Les Iisraéliens
préfèrent démolir les maisons dans le cadre d’opérations militaires, ça
passe mieux que sur un ordre du tribunal. Pour Jénine par exemple, Israël
risque un jour d’être condamnée, mais elle le sera une fois pour 300 maisons
démolies, alors que quand elle détruit une à une les maisons, elle risque
une condamnation pour chaque maison.

« Pourquoi s’acharner à détruire les maisons palestiniennes ? »
La démolition des maisons fait partie d’une politique, dont l’objectif est
de confiner les Palestiniens dans de petits îlots en Cisjordanie, à Gaza et
à l’Est de Jérusalem, pour libérer la plus grande partie du territoire, pour
la construction des colonies et des routes, c’est à dire l’expansion
d’Iisrael. L’objectif est aussi de rendre la vie des Palestiniens si difficile qu’ils
finissent par partir d’eux-mêmes.

« LA DANSE D’OSLO »

« Les Palestiniens ont fait d’énormes compromis. Je considère en tant
qu’Israélien, qu’ils ont fait trop de compromis. Il faut savoir que la
partition des Nations Uneis en 1947 donnait 56 % des terres aux juifs, alors
qu’ils ne constituaient que le tiers de la population, et 44% aux
palestiniens, ces derniers ont refusé cette partition, et il y a eu la
guerre au cours de laquelle Israel a conquis encore 22% du pays, 22 % qui
appartenaient aux Palestiniens. Maintenant Israel a 78 % du territoire,
c’est ce qu’on appelle les frontières de 1967 (c’est-à-dire d’avant la guerre de juin 1967).

Les Palestiniens à Oslo, ont dit « prenez les terres que les Nations Unies
vous ont données, plus les terres que vous avez conquises en 1948, 78% du pays
est à vous, c’est Israel, et nous vous reconnaissons, tout ce qu’on veut
ce sont les 22% qui restent ». C’est une offre très généreuse de la part des
Palestiniens d’accepter la paix avec seulement 22% du territoire. Mais au cours des négociations, les Israéliens n’ont pas lâché sur la totalité de ces 22%, ils ont proposé 95% de ces 22%, en retranchant notamment Jérusalem-Est et des morceaux de Cisjordanie déjà annexés dans l’intervalle. .
« Sur ces 95% des 22% les Palestiniens devaient établir leur Etat, quel Etat
était envisagé à Oslo ? »
Les Palestiniens ont besoin d’un Etat certes, mais ils ont besoin, d’un Etat
viable et souverain, ils sont 3 millions et demi de personnes, réparties
entre la Cisjordanie, Gaza, et Jerusalem Est. Il y a aussi 4 millions de
réfugiés, ce sont des gens qui ont besoin de rentrer chez eux, ils ont
besoin de développer une économie propre, ils ont besoin de vivre sur un
territoire cohérent et continu, ils ont besoin de contrôler leurs
frontières, leur eau, ils ont besoin d’un véritable Etat. Les Palestiniens
ne peuvent pas accepter d’être définitivement confinés dans des îlots
controlés par Israel. Il ne suffit pas d’avoir des territoires pour
construire un Etat viable, il faut encore avoir le contrôle de ces
territoires. Israel offrait 90 à 95% (des 22% de la Palestine historique)
des territoires aux Palestiniens, mais gardait le contrôle de ces
territoires.
– Lire « l’offre » de Barak :
C’est comme dans une prison, si vous regardez le plan d’une prison, vous
aurez l’impression que les prisonniers sont maîtres des lieux, puisqu’ils
disposent physiquement de 95% (des 22% cités plus haut, bien entendu) de l’espace. Les autorités chargées
de contrôler la maison, ne disposent eux que de 5%. Ils ont les murs autour
de la prison, ils ont les barreaux autour de la prison, et ils ont quelques
points stratégiques de contrôle. C’est de cette manière là, qu’il faudrait
lire l’offre généreuse de Barak. Israel n’a pas besoin de plus de 5 à 10% de
la Cisjordanie pour la contrôler. Sont inclus dans ces 5% toutes ces
colonies, qui lui permettent de découper la Cisjordanie en 4 pour confiner
les Palestiniens, dans des îlots déconnectés les uns des autres, ce qui les
empêche de jouir d’un espace continu et cohérent. Dans ces 5% sont
comprises aussi les routes qu’Israel a construites, et qui contournent les
populations Palestiniennes, pour relier les colonies à Israel : LES ROUTES
SONT LES BARREAUX DE LA PRISON. Israel peut garder aussi dans ces 5% le
contrôle des eaux, parce que l’eau en Cisjordanie coule sous les colonies,
et c’est Israel qui les contrôle.

Israel peut aussi garder le contrôle de ce qu’on appelle le Grand Jerusalem.
Ce dernier point est crucial parce que 40 à 50% de l’économie palestinienne
tourne autour de Jerusalem. En créant un grand Jerusalem israelien autour de
Jerusalem vous portez un coup à toute l’économie de tout Etat Palestinien à
venir, le rendant ainsi non viable, vous pouvez faire tout ça en contrôlant
5% du territoire. Israel avec ces 5% pour aussi garder le contrôle des
frontières, ce qui prive les Palestiniens d’une véritable souveraineté.
Israel peut aussi garder le contrôle de l’espace aérien.
Que ce soit à Camp David ou à Taba, Israel avait en plus inséré un article
qui stipulait qu’Israel a le droit d’introduire des troupes en Cisjordanie à
chaque fois qu’il ressent que sa sécurité est menacée et cela de manière
unilatérale. L’Etat Palestinien dont il était question n’avait aucune
souveraineté. Cet Etat n’aurait même pas été autorisé à avoir une politique
étrangère indépendante d’Israel. Même si sur le papier l’offre de Barak
avait l’air généreuse, puisqu’il offrait « 95% » du territoire, si vous
regardez la carte et si vous réfléchissez en terme de viabilité, en terme de
potentiel économique, de cohérence territoriale, de contrôle politique, vous
verrez que ce serait comme dans une prison. Les Israeliens ont fait une offre
qui ne donne pas aux Palestiniens, un Etat viable.
– Le « non » légitime d’Arafat :
Dans ces conditions les Palestiniens devaient dire « non ». Arafat avait subi
une grande pression de la part des Américains et des Israéliens, pour signer
les accords. Le peuple palestinien a eu très peur qu’Arafat finisse par le
faire, et c’est là à mon sens, qu’a éclaté l’Intifada. A travers l’Intifada,
les Palestiniens, ont dit à Arafat, « ne signe aucun accord s’ils ne nous
donnent pas un véritable Etat Palestinien ».
 » Comment les Israéliens sont-ils arrivés à envisager à Oslo un Etat
Palestinien alors qu’ils ont toujours voulu se débarrasser des Palestiniens ?
Même Sharon a déclaré à un moment donné, qu’il voulait un Etat Palestinien.
Pourquoi les Israeliens ont voulu traiter avec les Palestiniens alors qu’ils
ne les considèrent même pas, puisqu’ils ne les nomment même pas ? »
A cause de la question démographique. Il y a 3 millions et demi de
Palestiniens, 2 millions en Cisjordanie, et 1 million et demi à Gaza. Israel
veut contrôler tout le pays. Pour Israel toutes les terres qui se situent
entre le Jourdain et la Méditerranée, lui appartiennent. Israel a investi
des milliard de dollars dans la construction des colonies, des routes et des
infrastructures. Mais Israel ne veut pas annexer les territoires occupés, et
donner la citoyenneté à ces 3 millions et demi de Palestiniens, parce que ce
serait la fin de l’Etat juif, et Israel ne veut pas le faire sans donner la
citoyenneté aux Palestiniens, parce que ce serait de l’Apartheid et il
aurait du mal à faire avaler cette réalité à la communauté internationale.
Toute la « danse d’Oslo consistait à répondre à cette question : comment
pouvons-nous garder le contrôle de toute cette région, et en même temps nous
débarrasser des Palestiniens, en leur donnant suffisamment de territoires,
pour qu’ils y installent leur 3 millions et demi de personnes, mais pas
assez pour que nous puissions garder le contrôle ? Alors Israel a opté pour
l’idée de mini-Etat, une sorte de bantoustan c’était ça l’offre de Barak.
La réoccupation des territoires palestiniens aujourd’hui a pour objectif de
détruire complètement l’autonomie que les Palestiniens ont gagnée durant
Oslo, dans les régions A et B pour revenir à la situation d’occupation
d’avant Oslo. Le but était de vaincre les Palestiniens pour qu’il n’y ait
plus de raisons de leur donner un bantoustan.
Israel pense : « nous pouvons installer un Etat Palestinien dans le petit
Gaza qui fait 35 kilomètres (N.B : avec le 1 million et demi d’habitant, Gaza
représente déjà l’espace le plus dense de la planète !) de long parce que le
monde veut une espèce d’Etat Palestinien, nous installons donc un petit Etat
Palestinien à Gaza, et c’est là qu’Arafat vivra. La Cisjordanie sera coupée
en petits cantons autonomes séparés les uns des autres par des colonies
israéliennes. Les Palestiniens contrôleront leurs cantons mais Israel
gardera un véritable contrôle de la région, à travers une administration
civile ». C’est ce qui est en train de se mettre en place actuellement.
« Un énorme mur en béton, appelé « clôture » est en train d’être construit.
Cette construction est une manière de créer une frontière d’Israel, version
Sharon, votre idée de prison se concrétise ».

La construction de cet énorme mur a commencé il y a quelques semaines, mais
les préparations sont en cours depuis longtemps. Cette séparation
unilatérale, qu’on appelle « clôture défensive », alors que ce n’est pas une
clôture, est de 200 kms, et quelques, de long, il s’agit d’une fortification
qui coutera à Israel, 1 million d’euros par km. Ne me dites pas que c’est
une cloture, il s’agit d’énormes murs, de miradors, de clotures
electroniques, de fortifications, et de barrières de toutes sortes, un mur
qui définira définitivement les frontières. Le mur ne suit pas les
frontières de 1967, il grignote 5 à 10 kms des frontières Palestiniennes
emprisonnant ainsi 50000 Palestiniens (N.B : des maisons ont été détruites
pour construire le mur). Des fermes et des villages se trouvent dans ce no
mans land, entre le mur et frontière. C’est ainsi qu’Israel entend tracer
les frontières. le mur traverse en profondeur les territoires Palestiniens,
et embrasse la plupart des colonies. Il sépare Jerusalem Est de la
Cisjordanie, puis il descend vers Bethlehem pour l’encercler. Le mur
contourne toute la région de la Cisjordanie qu’Israel veut incorporer.
Israel veut annexer définitivement les territoires, le mur est un fait
irréversible qu’Israel est en train de créer sur le terrain. Vous pensez
bien qu’Israel n’investit pas 200 millions d’euros pour une installation
défensive temporaire. Ce sont des faits permanents, et lors des négociations,
il faudra faire avec.
J’ai du mal à croire qu’au 21è siècle avec les Droits de l’Homme, la
présence des mass médias qui nous permettent d’assister aux évènements en
direct, j’ai du mal à croire que le monde assiste en SILENCE à la création
d’un nouveau mur de Berlin, ou la construction d’un nouveau système
d’apartheid, c’est incroyable !!!!!
– La justification par l’idée de la « lutte contre le terrorisme »
Mais cela a pu arriver parce qu’Israel a pu présenter ses actions comme
seuls moyen de défense contre la terreur. Le transfert qui était considéré
comme une idée folle de l’extrême droite, une idée raciste, fait partie
aujourd’hui d’un débat politique en Israel, il y a deux partis politiques
dans le gouvernement de Sharon, qui parlent de « transfert » de manière ouverte,
de « nettoyage ethnique » !!!

Si les Etats-Unis frappent l’Irak, Israel pourrait profiter de cette guerre
pour jeter les Palestiniens dehors. Les Etats-Unis peuvent moyennant des
aides et des arrangements, convaincrent la Jordanie de recevoir les
Palestiniens.

Tout est possible, il faut savoir que Sharon n’a jamais
reconnu la Jordanie, comme un pays, pour lui, la Jordanie c’est la
Palestine, il pourra très bien aller en Jordanie, pour jeter les quelques
millions de Palestiniens et refermer les frontières. Rien ne l’en empêche,
Israel agit en toute impunité avec les Palestiniens, avec les pays arabes
voisins, il défit la Loi Internationale.

« Malgré tout ce que vous venez de raconter, Israel évolue dans son projet de
Grand Israel en toute impunité en faisant croire au monde qu’il combat le
terrorisme Palestinien »

J’ai passé beaucoup de temps en Europe, j’ai rencontré des hommes
politiques, toutes tendances confondues, et j’ai entendu sans arrêt que les
Palestiniens sont des terroristes, qu’Israel a le droit de se défendre. Le
terrorisme est une chose terrible. Certes des personnes innocentes se font
tuer. Mais il y a une nuance à faire quand on parle de « terrorisme
Palestinien », il faut savoir que selon la Loi Internationale, toute personne
a le droit de résister à l’occupation, aucun individu ne peut accepter
d’être colonisé.

Vous avez le droit de résister contre un pays qui vous
occupe, qui a plus de pouvoir que vous, qui refuse de vous considérer, et
qui refuse de négocier avec vous, les Palestiniens ont donc le DROIT DE
RESISTER, vous pouvez leur dire « vous pouvez résister en empruntant les
voies légales, la première c’est la voie des négociations, et le deuxième
c’est la Loi Internationale ». Et bien les Palestiniens ont négocié durant 7
ans à Oslo, et tout ce qu’ils ont pu acquérir c’est la région A, 18% des 22%
du pays. Israel n’a pas négocié en bonne foi à Oslo, il n’a jamais considéré
l’établissement d’un Etat Palestinien. La seconde voie légale, c’est un
recours à la Loi Internationale, hors selon cette dernière l’occupation est
illégale, tout ce que fait Israel et illégal. Cette Loi appuie la cause
Palestinienne, mais la communauté internationale, refuse d’appliquer la Loi
Internationale, parce qu’elle donne raison aux Palestiniens contre Israel.
Que reste t-il aux Palestiniens, pour résister contre la force militaire de
l’occupant qui les étouffe, car n’oublions pas qu’il n’y a aucun équilibre
de force entre les deux parties, on ne peut même pas dire qu’il y a deux
parties.
Il y a d’une part Israel, un Etat reconnu internationalement, dont
l’économie est 50 fois plus puissante que celle des Palestiniens. Israel est
une superpuissance régionale qui investit des milliards de dollars par an,
dans l’importation d’armes sophistiquées. Israel est la 5ème puissance
nucléraire du monde!!! Elle dispose de 200 à 300 têtes nucléaires.
Vous avez de l’autre côté, les Palestiniens, qui vivent sur 200 enclaves
isolées, et appauvris (N.B : jusqu’aux problèmes de malnutrition selon la
FAO!!) et quelques armes légères et c’est tout.
La communauté internationale n’a pas le droit d’abandonner les Palestiniens
de leur fermer les portes de la Loi Internationale, et de venir leur dire
ensuite, « vous avez le droit de résister, mais vous ne pouvez pas utiliser
le terrorisme ». Qu’est-ce qu’on leur a laissé ? Ils ne disposent même pas
d’une armée pour résister contre l’occupant, ce n’est pas juste de la part
de la communauté internationale, de dire aux Palestiniens : « vous ne devez
pas êtres des terroristes » quand ils ne leur laissent aucune option. Les
Palestiniens détestent le terrorisme !!! Edward Said a écrit récemment que
le terrorisme est une chose terrible pour les Palestiniens, parce qu’il
remplace la révolution constructrice d’une société par une culture de la mort
destructrice. Si la communauté internationale veut mettre un terme au
terrorisme, elle se doit de garantir les voies légales, auxquelles les
Palestiniens peuvent avoir recours contre l’occupation. Elle se doit de
garantir leurs droits. Autrement, elle ne peut pas se permettre de les
blâmer.