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QU’EST-CE QUI NOUS POUSSE A DIRE ET A FAIRE QUELQUE CHOSE ?

31 octobre – Nous sommes membres de l’UJFP, l’Union Juive Française pour la Paix, organisation laïque et universaliste qui milite, notamment dans le Collectif Palestine, pour la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un Etat, pour la reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens, pour le démantèlement des colonies en Cisjordanie et à Gaza, pour le retrait des Israéliens de tous les territoires occupés, Jérusalem-Est compris.


Nous approuvons le boycott des produits israéliens. Nous combattons la politique criminelle de Sharon et nous récusons toute assimilation entre la dénonciation de la politique israélienne et l’antisémitisme chez ceux, athées, laïques, chrétiens, musulmans, avec qui nous menons les actions du Collectif. Il y a de notre part un désir profond de justice et de solidarité, et un refus des replis communautaires.

Qu’est-ce qui nous pousse à dire et à faire quelque chose pour la paix ? Sans doute le fait de voir se développer parmi les Juifs, en France comme en Israël, un repli identitaire de type névrotique, un développement du racisme anti-arabe qui n’a rien à envier aux propos de Le Pen et une hystérie belliciste.

Nous ne pouvons que penser à ceux des nôtres qui furent déportés, qui périrent, qui furent martyrisés pour ce motif qu’eux aussi furent victimes du racisme et de la négation de « l’autre ».

Nous sommes dans une tragédie, une tragédie bouffonne, une plaisanterie de l’Histoire.
Nous aussi, nous avons baigné dans un « rêve de Terre Promise » qui voyait dans l’Etat d’Israël la solution à tous les problèmes des Juifs. « Du désert, nous faisions un jardin ». Cette formule édénique, nous y avons cru. Nous aurions peut-être dû lire un « meilleur » auteur : le « révisionniste » Jabotinsky qui disait des Arabes de Palestine : « C’est un peuple fier, en rien inférieur, qui n’acceptera pas notre domination ». Il en concluait qu’il fallait les briser, les exterminer et Sharon applique aujourd’hui sa politique. Appelons un chat un chat : Jabotinsky (admirateur de Mussolini) était un fasciste Juif et sa solution un génocide.

L’Etat d’Israël n’aurait pas existé sans la Shoah. Pourtant dans ce pays, des fils de rescapés sont devenus des bourreaux et des soldats tuent des enfants. Dans ce pays qui devait apporter paix et sécurité aux Juifs, des bus explosent et des hélicoptères larguent des missiles sur des quartiers résidentiels. C’est une tragédie coloniale où les anciens colonisés, les victimes de l’impérialisme se font impérialistes, colons, fous de Dieu.

C’est une tragédie historique moderne. Celle d’un ordre qui s’est défaussé de l’horreur qu’il a engendrée en faisant payer au peuple palestinien un crime qu’il n’avait pas commis.

Quelle dégradation, quel avilissement du judaïsme que cette exaltation du Dieu des armées, de la vengeance, de « l’élection » comprise comme un droit d’être au-dessus des lois et non comme un devoir ! Quelle trahison de l’universalisme qui fait l’essence du judaïsme depuis 2000 ans et qui peut se résumer par cette phrase : « conduis-toi pour ne pas faire à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse » ! Qui peut croire que cet enfermement sectaire, cette volonté de détacher les Juifs de leurs concitoyens, dont font montre les dirigeants communautaires et le gouvernement israélien, vont dans le sens de l’intérêt des Juifs et de la société française ?

La voie de la paix ne peut être que la voie de la justice, celle qui, avant tout, doit être rendue au peuple palestinien. Il a droit à ses droits fondamentaux : à un Etat, à la reconnaissance des torts qu’on lui a faits, à être protégé par une force internationale, au respect des résolutions de l’ONU exigeant l’évacuation des territoires occupés. Ce n’est qu’à ces conditions que quelque chose, si c’est encore possible, pourra être sauvé.

Octobre 2002