COMMENT VA REAGIR L’OPINION ISRAELIENNE ?
1er Novembre. Ainsi, les ministres travaillistes ont fini par quitter le gouvernement Sharon. On peut dire qu’ils auront pris leur temps et qu’ils auront eu le loisir au cours des deux années écoulées, non seulement de cautionner une politique catastrophique, mais aussi de la promouvoir.
Benyamin Ben Eliezer, qui trouve aujourd’hui que le budget alloué aux colons est trop important (il ne demande d’ailleurs toujours pas qu’il soit supprimé, mais simplement réduit), s’est fait pendant tout son mandat de ministre de la Défense le chantre de la poursuite des implantations de colonies dans les territoires palestiniens occupés.
Aujourd’hui même, alors qu’ils ont fait, à l’approche des élections législatives, le choix de sortir du gouvernement, les ministres travaillistes démissionnaires n’appellent pas à cesser l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, à démanteler les colonies, ni même à cesser d’en implanter. Ils font tout simplement le calcul qu’ils ont tout à perdre et rien à gagner à se présenter face aux électeurs israéliens sans qu’on puisse même les distinguer des candidats du Likoud.
Gush Shalom, dans un bref communiqué rédigé par Uri Avnery, avance jeudi l’hypothèse que les travaillistes « ont senti le vent tourner » et ont jugé que l’opinion publique israélienne commençait à se fatiguer de la politique de force brutale du gouvernment Sharon. Tant mieux si c’est le cas.
Mais ce n’est apparamment pas l’analyse que fait Sharon lui-même, qui n’hésite pas à remplacer Ben Eliezer par un plus « musclé » encore, l’ancien chef d’Etat major Shoul Mofaz, connu pour sa « ligne dure » à l’égard des Palestiniens. Le premier ministre ne cache pas qu’il va s’appuyer davantage encore sur les éléments les plus extrêmistes et gouverner avec l’extrême-droite et les religieux fanatiques, qui disposent actuellement de 27 sièges à la Knesset.
Les derniers sondages, faut-il le rappeler, donnaient le Likoud largement en tête aux prochaines élections législatives avec 10 sièges supplémentaires, portant leur représentation parlementaire à 29 sièges au lieu des 19 actuels, tandis que les travaillistes se trouvaient littéralement laminés.
Que va-t-il se passer maintenant que le gouvernement Sharon n’a plus sa « feuille de vigne » travailliste en son sein, et qu’il ne se gêne pas pour composer un gouvernement d’extrême-droite clair et net ? Cela va-t-il suffire à provoquer un sursaut de dégoût dans l’opinion publique israélienne ? Cela va-t-il amener une partie des travaillistes israéliens à militer pour un retrait de l’armée israélienne des territoires occupés en 1967, pour le respect des résolutions de l’ONU et pour la création d’un Etat palestinien viable sur les 22 % de la Palestine mandataire ? Rien n’est moins sûr. Nos amis pacifistes israéliens, qui sont en butte à une répression de plus en plus acharnée, ont encore du pain sur la planche. Nous leur apportons tout notre soutien.
