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L’ISRAELIENNE ALONI : « NOUS N’AVONS PAS DE CHAMBRES A GAZ, MAIS IL N’Y A PAS DE METHODE UNIQUE POUR FAIRE UN GENOCIDE »

8 mars – L’ex-députée et ministre du parti israélien de la « gauche » modérée Meretz Shulamit Aloni dénonce, en termes très vifs, la destruction du peuple palestinien, en réponse à un article paru dans le quotidien Haaretz sous le titre « Génocide Académique ». Les exemples cités par Shulamit Aloni remontent à plusieurs mois. Mais la suite des événements, notamment les massacres à répétition depuis le début de l’année (200 morts, dont une grande majorité de Palestiniens désarmés) montrent que le gouvernement israélien, pénétré d’un sentiment d’impunité comme jamais jusqu’à présent, n’a pas l’intention d’arrêter, au contraire, l’entreprise de destruction du peuple de Palestine.


(paru dans Ha’artez, 6 mars 2003 – traduit en anglais par Zvi Havkin) – Le Dr Ya’akov Lazovik écrit que dans l’Etat d’Israël, il est impossible que le régime, ou le peuple, puisse planifier et a fortiori commettre un génocide. Il est difficile de dire si cela procède de naïveté de sa part, ou bien de droiture auto-proclamée. On sait bien qu’il n’y a pas de méthode unique pour commettre un meurtre, non plus qu’un génocide. L’écrivain L Peretz a évoqué pour sa part le « chat loyal », celui qui ne répand pas le sang de sa victime, et se contente de l’étouffer.

Le gouvernement israélien, par l’emploi de son armée et de ses instruments de destruction, ne se contente pas de répandre le sang ; il étrangle aussi sa victime. Comment qualifier autrement le largage de bombes de 1.000 kilos sur des zones densément peuplées, alors que l’objectif officiel était de tuer un dangereux terroriste et son épouse ? Les autres personnes tuées et blessées dans cette attaque, dont des femmes et des enfants, ne comptent évidement pas.

Comment justifier le fait d’expulser sans préavis des citoyens palestiniens de leurs maisons à trois heures du matin, sous une pluie battante, puis de placer des explosifs dans dans leurs maisons, et de partir tranquillement ? Quand ces gens sont revenus sur les lieux, les bombes explosèrent, provoquant un assassinat brutal, et une destruction de vastes quantités de biens. Et quelle justification a-t-elle été avancée ? « Nous n’avons pas détruit un quartier entier, rien que 85 maisons ; et ce n’était pas un massacre car il n’y a eu que 50 morts ». Combien faut-il d’assassinats et de destructions pour qu’on parle de crime, de crime contre l’humanité s’entend, au sens non seulement de la législation belge, mais tout simplement des lois de l’Etat d’Israël ?

Il y a plus : le couvre-feu et le bouclage imposés à une ville entière de manière à permettre à une poignée de racistes religieux de Hébron de se rendre au Caveau des Patriarches, tandis que des blindés piétinent les étals de fruits et légumes et que les bulldozers démolissent les maisons, et que des généraux arrogants réclament la destruction d’un quartier entier, pour complaire à un groupe de voyous des colonies. Nous répétons comme des perroquets ce vieux principe selon lequel une personne est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été démontrée (comme pour les affaires dans lesquelles trempent le Premier Ministre et ses fils) ; mais aux autres, on impose le couvre-feu, les bouclages, des brutalités permanentes, l’assassinat, et la destruction des habitations des suspects.

En 1953, Sharon avait donné l’ordre suivant à ses soldats, lancés dans une expédition punitive contre la localité arabe de Qibiah : « Tuez et détruisez le plus possible ». Cet consigne n’a pas été oubliée. Aujourd’hui, Ariel Sharon, Shaul Mofaz (ministre de la Défense, NDT), et Moshe Yaalon (chef d’Etat-Major), les trois généraux qui dirigent la politique gouvernementale, se conduisent comme le « chat loyal » de tout à l’heure : ils étranglent tout le temps.

(…) Comme l’a dit l’un des ministres de ce nouveau gouvernement, Benny Alon, « il faut leur rendre la vie tellement insupportable qu’ils seront volontaires pour s’en aller ».

Le processus est à l’œuvre, tous les jours, qui s’ajoute aux destrcutions. Yaalon a déjà dit , qui s’ajoute aux destrcutions. Yaalon a déjà dit qu’il « détruisait pour reconstruire ». On comprend bien que lorsqu’il parle de « construction », c’est de colonies qu’il s’agit, toujours plus.

(…)

Un grand nombre de nos enfants sont endoctrinés, dans des écoles religieuses : on leur apprend que les Arabes sont tous comme ce personnage maléfique appelé Amalek, et que la Bible enseigne qu’on droit détruire les Amalek. Un rabbin (nommé Israel Hess) a même déjà écrit dans un journal de l’université de Bar-Ilan que nous devions commettre un génocide, parce qu’il avait découvert que les Palestiniens étaient Amalek.

Alors, on peut certes dire qu’Israel n’est pas en train de préparer un génocide ; en réalité, le pays ne veut pas savoir ce qui se passe dans les territoires. Il se contente de respecter les ordres de ses dirigeants politiques légitimes. Après l’assassinat, dans ce pays, d’un Premier Ministre qui voulait faire la paix, le doigt reste leste sur la gâchette, l’avidité est sans limites, et il y a toujours de bonnes raisons de martyriser les habitants d’une ville de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes, parce qu’il y aura toujours parmi elles des gens « recherchés ». Il suffit d’avoir une personne à rechercher pour bombarder et assassiner –sans le faire exprès, nous dit-on-, des femmes, des enfants, des ouvriers et autres êtres humains, pour autant que nous les considérions encore comme des êtres humains.

Bien entendu, en nous gargarisant de droiture auto-proclamée et de bavardages sur « l’éthique juive », nous ne manquons jamais une occasion de montrer comment nos médecins prennent si bien soin des blessés palestiniens dans nos hôpitaux. Mais nous ne montrons pas, parallèlement, combien ont été exécutés de sang froid à l’intérieur de leur propre maison.

Ce n’est donc pas encore un génocide, du genre terrifiant et inédit dont nous avons nous-mêmes été les victimes dans le passé. Et comme me l’a dit l’un de ces brillants généraux, nous n’avons d’ailleurs ni chambres à gaz, ni crématoires. Connaissez-vous quelque chose qui soit plus éloigné que cela de l’éthique juive ? Ce général aurait-il oublié qu’un peuple entier (le peuple allemand, NDT), avait dit à l’époque qu’il ignorait ce qui était commis en son nom ?