7 avril – Extrait du témoignage de Joseph Smith, ami de Rachel Corrie et volontaire international, Le 21 mars 2003 à Rafah.
Nous nous demandons ce que ceci [le meurtre de Rachel] signifie pour nous maintenant. Je crois que la façon dont le monde réagira à ce meurtre va déterminer l’efficacité de notre travail dans l’avenir. Si Israël se rend compte qu’ils peuvent impunément tuer des internationaux, alors, nous deviendrons inutiles. Si, au contraire, Israël subit une pression internationale suffisante, alors, cette tragédie pourrait rendre notre travail plus efficace. Tout particulièrement parce qu’Israël sait maintenant que nous ne partirons pas, et que nous sommes prêts à prendre des risques pour résister pacifiquement à leur occupation brutale. Aucun d’entre nous n’envisage de partir. Nous allons continuer notre travail à Rafah, avec plus d’énergie et de détermination que jamais.
Or, je ne m’attends pas à beaucoup de réaction de la part du gouvernement américain. Le bulldozer D9 qui l’a tuée a été étudié et fabriqué par Caterpillar, une multinationale américaine. En outre, un quart de toute l’aide américaine aux pays étrangers va à Israël, principalement sous forme d’assistance militaire.
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L’ambassade américaine savait que nous étions menacés, et pourtant ils n’ont rien fait. Je soupçonne que cela va continuer. Peut-être, si nous avons de la chance, ferons-ils au moins un effort pour rappeler aux Israéliens que nous sommes quand même des citoyens US, et qu’ils doivent essayer de garantir notre sécurité pendant que nous tentons de garantir la sécurité des Palestiniens.
Cependant, je suppose que le gouvernement US se contentera simplement d’exprimer des regrets à propos de cet incident, mais qu’il défendra Israël et qu’il conclura qu’il s’agit d’un accident tragique dont nous somme responsables, nous, ce groupe de jeunes imprudents et irresponsables.
L’ABSENCE DE RÉACTION AU MEURTRE DE RACHEL CORRIE ENCOURAGE L’ARMÉE ISRAÉLIENNE.
Les deux messages suivants, qui viennent du Coordinateur ISM des Médias, montrent que l’absence de réaction internationale au meurtre de la pacifiste Rachel Corrie est interprétée par l’armée israélienne comme une autorisation à passer à la vitesse supérieure, et à s’attaquer directement aux militants pacifistes internationaux.
Le jeudi 27 mars 2003, Secteur du Bloc Barazil, près de Rafah.
L’armée israélienne terrorise deux activistes d’ISM pendant la destruction d’une mosquée
Hier soir, les forces israéliennes ont détruit une mosquée au bulldozer. Simultanément, ils ont terrorisé les occupants d’une maison proche où se trouvaient des activistes de l’ISM. Les deux internationaux sont des Américains membres de l’ISM, le Mouvement International de Solidarité. Ils demeuraient dans la maison et essayaient de protéger la famille, la maison et eux-mêmes. Hier soir, les forces israéliennes ont tiré un obus de char sur la maison, tout en sachant que des internationaux et une famille étaient à l’intérieur et qu’ils étaient tous non armés.
Nous avons contacté l’ambassade américaine puis l’Officier de service de l’ambassade a contacté les Américains assiégés et l’armée israélienne. C’est suite à ce contact que les soldats ont tiré l’obus. Peu après, il y a eu une explosion suivie par des tirs nourris. Certains des tirs étaient dirigés vers la maison pour intimider les Américains et la famille palestinienne. Tout ceci semble être le résultat d’une tentative de l’armée qui essaye de contraindre les internationaux à partir. Le meurtre de Rachel Corrie par un soldat israélien illustre cette escalade. Rachel était aussi américaine et membre de l’ISM.
Le jeudi 27 mars 2003. Jénine sous couvre-feu.
L’armée israélienne investit les bureaux de l’ISM
Jénine est sous couvre-feu 24 heures sur 24 depuis cinq jours. Pendant ce temps, les forces israéliennes d’occupation ont tiré sur quatre enfants, dont deux sont morts (14 et 15 ans). Un des enfants (12 ans) est dans un état critique et l’autre est hospitalisé. Vingt-six maisons dans le camp de Jénine et dans la ville sont occupées par des soldats israéliens qui s’y sont installés pour raisons militaires (snipers et autres).
À environ 4 heures 30 du matin, le 27 mars, des personnes qui se reposaient dans l’appartement de l’ISM dans le centre de Jénine, ont été réveillées par des coups de feu. Une heure plus tard, il y a eu une explosion. Les personnes sont allées à la fenêtre voir ce qui se passait. Elles ont aperçu dans les rues deux jeeps militaires. Un des volontaires est allé dans le couloir et a rencontré un jeune homme qui montait. Il semblait terrifié, était trempé et semblait souffrir. Inquiet pour lui, ils l’ont fait entrer dans l’appartement (sous couvre-feu militaire, on tire à vue sur les Palestiniens qui sont dans la rue). Il ne parlait qu’arabe, ce qu’aucun des volontaires présents ne comprenait. Ils lui ont donné des vêtements de rechange, une boisson chaude et une couverture. Certaines des personnes dans l’appartement sont descendues dans la rue pour voir s’il y avait quelqu’un d’autre en danger. Des soldats israéliens les ont empêchés de retourner dans la maison. Dans l’appartement, deux femmes étaient restées avec le jeune homme. Les femmes ont entendu des bruits et des coups à la porte et elles ont eu peur. Elles ne voulaient pas quitter l’appartement ou prendre le risque de laisser partir le jeune homme, alors elles sont restées à l’intérieur.
Les forces d’occupation sont entrées de force dans les bureaux du bâtiment, ceux de l’ISM, de la Croix Rouge et de Médecins sans Frontières. Finalement, les militaires ont frappé à la porte de l’ISM et trente soldats sont entrés avec leurs mitraillettes. Ils ont arrêtés le jeune homme, disant qu’il était « recherché ». Les deux femmes n’ont pas pu empêcher les soldats d’emmener le jeune homme, dont elles ne connaissaient même pas le nom, mais elles ont demandé qu’il soit traité humainement.
Les forces israéliennes d’occupation considèrent chaque Palestinien, homme, femme, enfant, comme terroriste, afin de justifier l’utilisation à grande échelle de punitions collectives, qui incluent des blocus, des destructions de maisons et des arrestations aveugles en masse. L’ISM s’inquiète pour le bien-être du jeune homme et de tous les prisonniers palestiniens qui sont détenus dans des conditions qui ne sont même pas proches du standard minimum demandé par les lois internationales sur les droits humains. Ils sont détenus sans inculpation et n’ont pas accès à une aide juridique ou à des soins médicaux.