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GAZA : DECES D’INSUFFISANTS RENAUX, PRIVES DE DIALYSE PAR LES ASSASSINS ISRAELIENS

Au moins quatre patients souffrant d’insuffisance rénale sont décédés le mois dernier dans la bande de Gaza du fait d’une réduction de leurs traitements due à l’étranglement généralisé imposé par Israël et les puissances occidentales, a-t-on appris mardi.


Des catastrophes analogues commencent également à toucher des malades atteints de cancers, et de maladies cardio-vasculaires, tandis que les hôpitaux de Gaza et de Cisjordanie, privés de ressources, voient leurs réserves d’antibiotiques s’épuiser rapidement, ont rapporté divers médias, dont Haaretz, le Monde et le Figaro.

Le même jour, la Banque Mondiale a publié un rapport évoquant une détérioration accélérée de la situation économique, provoquée en premier lieu par le vol, perpétré par Israël, des recettes fiscales dues à l’Autorité Palestinienne. L’interruption de tous les versements extérieurs, à l’initiative des Etats-Unis et de l’Union européenne notamment (les dirigeants des pays arabes se couchant honteusement devant eux) a précipité la catastrophe sanitaire.

« Nous avons 650 personnes atteintes de maladies rénales dans la bande de Gaza, dont 300 sont habituellement traitées ici, à Shifa », a déclaré à Haaretz le porte-parole de l’établissement hospitalier, le Dr Guma’a al Saka. « Mais depuis le mois de mars, l’hôpital a été obligé de réduire leurs traitements, de trois séances de dialyse par semaine à deux seulement, et au moins 4 malades n’ont pu supporter cette réduction.

« Nos médecins et infirmiers viennent au travail, et font tout leur possible, mais l’hôpital n’a même pas deux semaines de fournitures devant lui, et manque de moyens pour réparer les équipements en panne. Nous ne savons pas si nous pouvons compter sur des financements, et nous avons été contraints de réduire l’activité des services », dit-il.

Selon al-Saka, des chimiothérapies anti-cancéreuses ont aussi été interrompues du fait de l’épuisement des ressources financières et du matériel. « Il n’y a guère plus que le service des urgences et la réanimation qui fonctionnent normalement », poursuit le Dr al-Saka.

L’association israélienne Physicians for Human Rights (Médecins pour les Droits de l’Homme) a lancé un cri d’alarme, mardi, concernant l’effondrement du système de santé à Gaza et en Cisjordanie. Elle dénonce le blocus imposé au peuple palestinien, y compris dans le domaine sanitaire : des patients palestiniens se voient interdire l’accès aux hôpitaux de Jérusalem-Est, ainsi que de recevoir des traitements à l’étranger.

L’ONG exige le rétablissement immédiat du paiement des sommes dues par Israël à l’Autorité Palestinienne, et la fin des obstacles mis à l’activité des organisations humanitaires internationales qui tentent d’apporter leur aide au ministère palestinien chargé de la Santé, indique encore Haaretz.

Le système public de santé palestinien compte environ 11.000 employés, qui n’ont pas reçu leur salaire depuis deux mois.

Stéphanie Le Bars, dans un reportage titré « Catastrophe sanitaire annoncée en Palestine », rapporte des informations aussi alarmantes :

Reportage
Catastrophe sanitaire annoncée en Palestine
LE MONDE | 08.05.06 | 12h34 • Mis à jour le 08.05.06 | 13h11
RAMALLAH (CISJORDANIE) ENVOYÉE SPÉCIALE

Les étagères de la pharmacie de l’hôpital public de Ramallah sont encore fournies mais, ici ou là, des espaces vides témoignent de la précarité de la situation. « Il nous manque aujourd’hui une trentaine de produits, notamment des seringues, des canules, certains antibiotiques et des médicaments pour les dialysés », assure Oussama Al-Far, responsable de la gestion de la pharmacie.

« Dans un mois, nous n’aurons plus d’antibiotiques ; j’ai déjà entamé le « stock stratégique », qui nous permet théoriquement de tenir deux mois. » Le fil pour recoudre les opérés et les solutions intraveineuses ne vont pas tarder à faire défaut. « Alors, il nous faudra annuler les opérations non urgentes », laisse tomber, impuissant, le directeur de l’hôpital, Husni Al-Attari. Comme tous les services publics palestiniens, l’hôpital gouvernemental de Ramallah vit sur ses maigres réserves depuis le début du mois de mars, et ses 346 employés, comme les 150 000 fonctionnaires de l’Autorité palestinienne, n’ont pas été payés. Les Israéliens, collecteurs des taxes dues aux Palestiniens, puis les Occidentaux ont brutalement interrompu leurs versements à la suite de l’installation du gouvernement dominé par le Hamas, après les élections législatives du 25 janvier. L’inscription du mouvement islamique sur la liste des organisations terroristes européenne et américaine prohibe tout contact avec ses représentants. Pour l’heure, l’interdiction est unanimement respectée, y compris par les organisations non gouvernementales (ONG) financées par les Etats-Unis.
Comme l’ensemble des Palestiniens, M. Al-Attari fustige cette décision. Mais, en dépit de ses difficultés à court terme, il se montre confiant. « Lorsque le monde comprendra que nous sommes obligés de fermer des services ou que des patients meurent du fait du boycott, alors les choses bougeront », pronostique ce chirurgien orthopédiste.
Cette question sera abordée mardi 9 mai à New York à la réunion du Quartet (Nations unies, Etats-Unis, Union européenne et Russie), qui exige du Hamas qu’il renonce à la violence, reconnaisse Israël et les accords signés par l’Autorité palestinienne.
En attendant, une crise humanitaire s’annonce. Dans ses bureaux de Ramallah, Salam Kanaan, de l’ONG CARE, présente dans le secteur de la santé, insiste. « Dans une semaine, la pharmacie centrale de Ramallah (qui fournit l’ensemble des hôpitaux) manquera de 85 produits de base. » CARE, en partie financée par les Américains, en alimentait jusqu’alors les stocks.
Mme Kanaan espère un assouplissement des règles strictes imposées par les Etats-Unis pour pouvoir reprendre l’achat de médicaments. « Mais, même si le feu vert intervenait aujourd’hui, il faudrait au moins deux mois pour que les premiers produits arrivent à la pharmacie centrale, déplore-t-elle. A cette pénurie, il faut ajouter des dysfonctionnements de plus en plus fréquents : faute de revenus, les personnels de santé ont des difficultés pour payer leurs transports et se rendre à leur travail. »
Ce phénomène est général dans la fonction publique et dans l’éducation. Samedi 6 mai, pour la première fois, des manifestants ont réclamé le paiement de leur salaire, mais les mouvements de grève restent marginaux. « Ce n’est pas au gouvernement que j’en veux, c’est aux Américains et aux Européens », nuance un professeur d’université qui n’a pas voté Hamas.
A l’université d’Al-Qods, dans la banlieue est de Jérusalem, les comptes sont plus serrés qu’à l’ordinaire. « Avant l’arrivée du Hamas, nous vivions déjà à découvert car le ministère de l’éducation ne nous reversait pas la totalité de notre budget. Pour les années 2005 et 2006, il nous doit 4 millions de dollars », assure Moussa Bajali, responsable des finances auprès du président Sari Nusseibé, apprécié des Occidentaux pour ses positions pacifistes. « Au moins, en cas d’urgence on pouvait obtenir quelques centaines de milliers de dollars. Aujourd’hui, c’est impossible et, depuis février, les banques ne veulent plus nous prêter un sou », ajoute-t-il.
L’université songe à réduire sa masse salariale en transformant des postes à temps plein en postes à temps partiel ou en licenciant ; elle cherche aussi de l’argent à l’étranger. Mais pour l’heure, d’efficaces pressions américaines empêchent tout transfert de fonds vers les banques palestiniennes.

Un reportage de Patrick Saint-Paul, du Figaro

« La suspension des aides internationales provoque une aggravation des troubles et incite les habitants des Territoires à vendre leur or.

La crise financière entraînée par la suspension des aides internationales risque de provoquer l’effondrement de l’Autorité palestinienne, a averti hier la Banque mondiale. Dans une lettre au Quartette pour le Proche-Orient (Etat-Unis, Union européenne, Russie et ONU), qui se réunit aujourd’hui à New York, le président Mahmoud Abbas a appelé à une reprise des aides pour «éviter une crise humanitaire réelle». Dans la bande de Gaza, trois Palestiniens ont été tués et onze blessés, hier, lors de graves affrontements armés entre des islamistes du Hamas et des partisans du Fatah de Mahmoud Abbas.

LES PALESTINIENNES attendent en file devant les bijouteries de la rue de l’Or, à Naplouse. Leurs mines sont grises. Criblées de dettes, accablées par une crise financière qui ne cesse de s’aggraver, elles vendent leurs bijoux de famille pour se procurer de quoi vivre. La misère, le chaos et l’insécurité se répandent comme une traînée de poudre dans les Territoires. Depuis la suspension de l’aide financière internationale à la suite de l’arrivée au pouvoir du Hamas, l’Autorité palestinienne n’a plus les moyens de payer ses quelque 158 000 fonctionnaires. Or ceux-ci font vivre d’habitude un million de Palestiniens, soit un quart de la population. D’abord évidents dans la bande de Gaza, où se concentrent tous les problèmes palestiniens, ces phénomènes se propagent désormais en Cisjordanie.

Mohammed Yaïsh a ouvert sa petite bijouterie dans le marché de Naplouse en 1972. Il ne souvient pas d’une situation aussi désespérée. «D’habitude, nous vendons des bijoux, pour les occasions heureuses, dit-il. Maintenant, nous ne faisons qu’acheter». Il récolte chaque jour un demi-kilo d’or, qu’il revend en Jordanie. Rongés par la honte, les hommes ne viennent jamais. Les femmes viennent vendre les bijoux reçus de leur mère, les cadeaux de mariage ou d’anniversaire, la dot de leurs filles… Deux veuves sexagénaires sortent leurs derniers bijoux, un bracelet, deux boucles d’oreilles et un collier. Mohammed Yaish pèse le tout. Il en offre 150 dinars jordaniens, soit environ 165 €. Charifa et Ratida Hamdan sont sous le choc. «C’était un cadeau de notre père pour nos 20 ans, expliquent-elles. Maintenant, nos maris sont morts. Une fois que nous aurons vendu ces bijoux, nous n’aurons plus que nos alliances. Mais nous n’avons pas le choix. Nos fils ont perdu leur travail. Il faut nourrir leurs enfants.» Elles feront toutes les bijouteries de la rue, pour comparer les offres, avant de faire affaire.

Depuis près de dix ans, Nawal Fahmi, 63 ans, comme sept autres membres de la famille, vit du salaire de son fils, instituteur. Alors, elle n’a pas hésité à vendre ses bijoux dès que les difficultés ont commencé. Cela fait deux mois que la vente d’or est la seule source de revenus de la famille. Aujourd’hui, elle offre son dernier bracelet. «Grâce à ça, nous allons pouvoir tenir trente jours, dit-elle. Ensuite, nous commencerons à vendre les meubles.»

Pas de salaire depuis février

Kanaan al-Jamal a vendu hier le bracelet en or de sa femme, qu’il lui avait offert pour son mariage. Fonctionnaire au ministère des Réfugiés, il n’a pas touché de salaire depuis le mois de février. Il a accumulé 4 000 shekels israéliens (800 €) de dettes chez son épicier. «Chaque jour, il me réclame des sous quand je fais des courses, explique Kanaan. Je n’ai plus rien. Ma femme a pleuré tous les soirs pendant une semaine en regardant son bracelet, puis elle me l’a donné. Il n’y a pas d’autre solution pour acheter à manger à nos enfants.»

Les passants arpentent les rues du Vieux Naplouse, les poches vides. Ils regardent les marchandises, sans acheter. Les commerçants bradent. Une femme marchande un tee-shirt à 5 shekels, pour son fils. Le marchand le cédera à trois. «Hier, je n’ai pas vendu un seul article, raconte-t-il. J’ai gagné 20 shekels en trois jours, alors…» Quelques mètres plus loin, Kanaan al-Jamal s’enquiert du prix des fraises. C’est la saison. Ses enfants en rêvent. Mais à 14 shekels le kilo, ces fruits sont inaccessibles.

Les épiciers sont au bord de la faillite. Quelque 80% des clients de la superette Sabad Eddin n’ont pas payé leurs achats depuis deux mois. Ils n’achètent plus de chocolat, ni de cigarettes. «Comment refuser de faire crédit à une dame qui achète du pain pour ses enfants, s’interroge Jamal Sabad Eddin, le patron. Nos clients sont tous des amis. L’épicerie voisine a déjà tiré le rideau. Lorsque nous ne pourrons plus tenir, nous ferons pareil.»

Les notables sont devenus des cibles. Il y a deux semaines, le docteur Mahdi Kamal a été ligoté, tabassé et dépouillé par une bande armée à l’ouverture de sa clinique. Il envisage de s’exiler aux Etats-Unis. Les groupes armés pratiquent le racket. Certains se déguisent en soldats israéliens, pour braquer les gens terrés chez eux durant les incursions de Tsahal. «L’homme qui a faim est en colère, prévient le docteur Kamal. Sans nourriture, il se transforme en animal. Les gens ont voté pour les islamistes du Hamas parce que ce sont les seuls qui ne les ont pas volés. Mais maintenant, ils sont prêts à s’entre-tuer. Le Hamas finira par renvoyer des commandos-suicides en Israël, pour relâcher la pression». Si ce jour devait arriver, les candidats ne manqueraient pas »

Publié par CAPJPO-EuroPalestine