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« Les petites manoeuvres diplomatiques d’Ehud Olmert » dans Libération

Le quotidien Libération, dénonce tout comme le quotidien allemand Der Spiegel le refus israélien de toutes les propositions de paix, et les dernières manoeuvres de Ehoud Olmert pour tenter de donner le change.


« Le Premier ministre israélien fait mine d’accepter des négociations avec les Arabes.
Les petites manoeuvres diplomatiques d’Ehud Olmert

La proposition d’Ehud Olmert de tenir un sommet avec les dirigeants arabes dits «modérés» pour discuter du plan de paix saoudien, endossé par la Ligue arabe la semaine dernière, en dit plus long sur l’état de faiblesse du Premier ministre israélien que sur l’état d’avancement du processus de paix au Proche-Orient. «Si le roi d’Arabie prend l’initiative d’une réunion des dirigeants arabes modérés et m’invite ainsi que le président de l’Autorité palestinienne, je serai très heureux d’y prendre part et de faire connaître ma position», a déclaré dimanche Ehud Olmert face à la chancelière allemande, Angela Merkel, présidente en exercice de l’Union européenne, qui cherche à tout prix à sortir de l’impasse. Pour la première fois en un an, deux ministres palestiniens (non-Hamas) ont été reçus hier à Paris et Rome.

Pressé de faire un geste, Olmert a fait une ouverture en trompe-l’oeil. Dans un premier temps, Israël avait rejeté l’initiative arabe par la voix de son vice-Premier ministre, Shimon Pérès, qui avait refusé ce «diktat».
Scandales. La déclaration de Riyad offre à Israël la paix et la normalisation de ses relations avec tous les pays arabes en échange du retrait des territoires occupés depuis 1967 (dont le Golan syrien), de la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et d’un règlement «équitable et agréé» de la question des réfugiés palestiniens.

Jusqu’à présent, Israël avait rejeté cette offre, datant de 2002, arguant du fait qu’il y était fait mention du «droit au retour» des réfugiés palestiniens. D’autres points posent des problèmes fondamentaux à Israël, qui refuse de revenir aux frontières de 1967 et de partager Jérusalem. Ehud Olmert a donc pris soin de calibrer ses déclarations pour faire comprendre qu’au fond il n’envisageait pas de discuter. D’abord en proposant une rencontre avec le roi Abdallah d’Arabie Saoudite : «Israël veut la normalisation avant même de commencer les négociations, souligne un diplomate arabe, alors que nous considérons que la normalisation sera le fruit des négociations.»

Autre hic : le Premier ministre israélien a présenté un éventuel sommet comme un simple échange de vues. Il n’entérine pas le cadre tracé par l’initiative arabe, mais en fait une option parmi d’autres. Le ministre palestinien de l’Information, Moustafa Barghouti, y voit une tactique : «Il essaie de supplanter l’idée d’une conférence internationale par une conférence régionale, et le règlement global par des arrangements partiels et transitoires.»

Dans ces conditions, la volte-face du gouvernement Olmert s’apparente surtout à une manoeuvre diplomatique destinée à montrer qu’Israël ne ferme pas la porte à une relance du processus de paix réclamée avec insistance par l’administration américaine, désireuse de faire un peu oublier sa désastreuse équipée irakienne. Dans les faits, le Premier ministre israélien a perdu toute marge de manoeuvre depuis son échec de l’été dernier au Liban face au Hezbollah : fragilisé par une série de scandales de corruption, il bat des records d’impopularité. Le principal engagement sur lequel il s’était fait élire il y a un an ­ un retrait unilatéral et partiel de Cisjordanie ­ est caduque. Son horizon est bouché, assombri encore par la menace nucléaire iranienne. Chaque semaine, des rapports alarmants envisagent un conflit direct ou indirect avec la Syrie à plus ou moins brève échéance.

Diversion. Plutôt qu’un règlement du conflit israélo-palestinien, l’initiative arabe offre à Ehud Olmert une petite bouffée d’air. Pour la première fois, un groupe d’Etats arabes partage avec Israël un objectif stratégique commun : limiter la «menace» iranienne, qu’elle soit chiite ou nucléaire. Cela n’a pas épargné au Premier ministre israélien d’être critiqué dans son propre pays : la gauche y voit une stratégie de diversion, et la droite une coupable faiblesse. Pas un Israélien n’y croit, n’en déplaise à Angela Merkel ou Condolezza Rice… »

Par Christophe AYAD
Libération mardi 3 avril 2007

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