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Israël : on l’aime ou on le quitte ?

Après le quotidien israélien Maariv, relayé avec inquiétude par plusieurs radios communautaires juives en France, c’est au tour du journal Haaretz de souligner qu’il y a de plus en plus d’Israéliens qui quittent le pays pour aller vivre ailleurs, et que le nombre de ceux qui partent est nettement supérieur à celui de ceux qui émigrent en Israël.


pourquoi ces chiffres jusqu’ici gardés confidentiels, sortent-il dans les médias ? Difficile de savoir. Toujours est-il que les statistiques officielles israéliennes font désormais état de 20 000 Israéliens par an qui qui quittent le pays, contre 13 000 qui viennent y faire leur « alya ».

Apparamment l' »alya » (émigration en Israël) se solde souvent par un échec et donc la recherche d’un autre pays d’accueil.

Ci-dessous un article de Lily Galili dans l’édition de mardi de Haaretz

« Ils voudraient prendre le large, mais n’y arrivent pas »

Lily Galili

Des sondages réalisés à l’occasion du Jour de l’Indépendance révèlent que 20 000 Israéliens émigrent chaque année, ce qui signifie qu’ils se trouvent une autre patrie. En gros, 25 pour cent des Israéliens ont déjà pensé à quitter le pays, ce qui démontre qu’ils ont envisagé d’autres possibilité que vivre ici.

Dans une réalité de plus en plus chaotique, le sentiment qu’il il y a d’autres alternatives répond à notre besoin inhérent d’avoir la maîtrise des choses. Ces derniers temps, cette quête d’autre chose a émergé comme une fin en soi, comme on peut le voir dans la succession d’évènements « différents » que le jour du Souvenir de l’Holocauste, la Journée de la Mémoire, et le Jour de l’Indépendance ont engendrée. L’alternative est devenue la norme – c’est la seule conclusion. À ce point que s’en tenir aux normes canoniques est devenu un acte subversif. L’espace public commun de la commémoration se réduit, parallèlement à la cérémonie officielle du souvenir de l’Holocauste à Yad Vashem. (L’Autorité du Souvenir des Martyrs et des Héros de l’Holocauste ) beaucoup assistent à des foules de cérémonies alternatives de commémoration. Si vous écoutez encore la musique écrite pour Blessed is the match (Béni est l’adversaire) le poème de Hannah Zsenes (NdT :jeune résistante de la 2è guerre mondiale, héroïne d’Israël) il est grand temps de changer de CD. Il y a une alternative moderne : « Le Ghetto – version Hip Hop – de Subliminal, le rappeur israélien, qui a composé ce morceau spécialement pour la Journée du souvenir de l’Holocauste. « Je trouve qu’il y a comme une connexion naturelle entre le hip hop et l’Holocauste », s’est expliqué Subliminal. Yad Vashem doit être d’accord, puisqu’il a décidé d’inclure ce morceau dans la cérémonie officielle.

Le choix des alternatives est encore plus grand le Jour de l’Indépendance. Au lieu d’aller assister à l’allumage officiel de la flamme au mont Herzl, vous pouvez aller à la cérémonie de l’allumage de la flamme à Yesh Gvul, organisation de défense des soldats des Forces Israéliennes de Défense qui refusent de servir dans les territoires (occupés). Tali Fahima, qui a été accusée d’avoir fourni des informations à des terroristes palestiniens, y allumera la flamme. Le Mouvement des Combattants pour la Paix aura aussi, cette année et pour la première fois, sa cérémonie alternative. Y assisteront des Palestiniens et des Israéliens qui veulent se souvenir « des victimes des violences mutuelles de la région ». D’autres peuvent choisir d’assister à la cérémonie alternative sponsorisée par Arcadi Gaydamak à Ganei Yehoshua près de Tel Aviv ou à celle de l’ancienne colonie de Homesh, qui a été évacuée au cours du retrait. Ce ne sont que quelques exemples dans cette multitude d’évènements qui sont venus remplacer les festivités officielles ordonnancées par l’establishment depuis si longtemps avec l’aide de ces maillets en plastic qui sont devenus le symbole de ce moderne Jour de l’Indépendance. Cette rupture a eu pour résultat la fin de l’uniformité. Ce phénomène ne provoque pas d’inquiétude. Certaines de ces alternatives ne sont rien de plus qu’une manière de préserver la situation actuelle par des moyens différents. Certaines représentent une vraie rébellion contre l’establishment. ET pourtant elles montrent que les gens n’arrivent pas se séparer des conventions parce que la véritable séparation c’est l’indifférence. Ce désir de produire des alternatives ne témoigne que de la volonté de rester associé, mais par des moyens différents.

Paradoxalement, les alternatives participent du même esprit qui avait engendré les conventions. Elles reprennent les mêmes mythes tout en adaptant leur style ou leur contenu politique. Elles sont assez peu subversives ; elle constituent plutôt un effort désespéré pour rester liés, malgré tout. Parce que contrairement à des centaines de milliers d’israéliens qui se sont déjà trouvé une autre patrie, ceux qui s’embarquent dans les cérémonies alternatives sont mus par la croyance que nous n’avons pas d’autre patrie. C’est simplement qu’ils voudraient changer cette patrie, chacun selon ses préférences personnelles. »

Haaretz 24 avril : http://www.haaretz.com/hasen/spages/851485.html

(Traduit par Carole SANDREL)

CAPJPO-EuroPalestine

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