C’est la question que l’on peut se poser en lisant un article du Nouvel Obs rapportant que « Dix ministres des Affaires étrangères des pays méditerranéens de l’Union européenne (dont Kouchner) ont proposé de créer une « force
internationale robuste » dans les territoires palestiniens ».
Ils auraient adressé une lettre dans ce sens à Blair, le nouvel « émissaire du Quartette », lettre dans laquelle on chercherait en vain les notions de protection de la population palestinienne ou même des populations
palestinienne et israélienne, ou encore celles de droit international, de frontière, sans parler d’occupation.
Ce sont « dans les territoires palestiniens » qu’ils suggèrent d’envoyer cette force internationale « robuste », et on peut s’interroger sur ce qu’elle serait censée y faire. En tout cas pas amener Israël à respecter le droit
international, puisqu’il n’est pas dit où commencent et ou s’arrêtent les territoires palestiniens, pas plus qu’il n’est demandé à l’armée israélienne de se retirer de ces mêmes territoires.
Courageux, mais pas téméraires, nos 10 ministres, parmi lesquels Bernard Kouchner, parlent de « gel de la colonisation » et « d’évacuation des implantations sauvages », vagues formules qui font éclater de rire les dirigeants israéliens chaque fois qu’ils les entendent. Mais rassurez-vous, pas de gros mots : la restitution des terres volées –par la construction du Mur notamment–, le
retrait de l’armée d’occupation, la liberté de circulation à l’interieur de la Cisjordanie, entre Gaza et la Cisjordanie, ou encore pour tout un chacun qui souhaite se rendre dans les territoires palestiniens, ne figurent pas au programme.
Par contre, et il y a de quoi craindre le pire, car il est clairement spécifié que le but est de venir au secours du Fatah contre le Hamas. « Il ne faut pas pousser le Hamas à la surenchère », peut-on lire, et surtout : il faut « libérer les principaux leaders palestiniens pour assurer la relève au sein du Fatah » (sic !).
Mais malgré toute cette bonne volonté, il n’est pas sûr que les dirigeants israéliens aient envie que l’on vienne marcher sur leurs plate-bandes. Le sale boulot, ils ont ce qu’il faut pour le faire, et ils aiment bien leur faire à leur manière, estiment une bonne partie d’entre eux.
Ci-dessous l’article du Nouvel Obs de ce lundi.
CAPJPO-EuroPalestine
NOUVELOBS.COM | 09.07.2007 | 19:12
Les signataires, parmi lesquels le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, réclament une « force internationale robuste » s’appuyant « sur un accord inter-palestiniens ».
Dix ministres européens des affaires étrangères ont adressé une lettre ouverte à Tony Blair sur le conflit au Proche-Orient pour exposer leurs propositions et exprimer leur soutien (Reuters)
Dix ministres des Affaires étrangères des pays méditerranéens de l’Union européenne ont proposé de créer une « force internationale robuste » dans les territoires palestiniens, selon une lettre ouverte à Tony Blair rendue
publique lundi 9 juillet par le ministère slovène des affaires étrangères, Dimitrij Rupel. L’ancien chef du gouvernement britannique, émissaire du Quartette, a en effet dorénavant la mission de trouver une issue au conflit
entre Israël et la Palestine.
Ils ajoutent que « les risques bien sûr sont élevés, mais cette force peut être viable et sûre si nous respectons deux conditions: qu’elle accompagne un plan de paix sans s’y substituer et qu’elle s’appuie sur un accord
inter-palestiniens ».
L’initiative a été lancée par le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner au cours d’une réunion informelle la semaine dernière, à Koper en Slovénie, des ministres des affaires étrangères des pays européens du bassin méditerranéen.
Les ministres de Slovénie, France, Espagne, Portugal, Chypre, Bulgarie, Roumanie, Italie, Grèce et Malte souhaitent aussi « obtenir d’Israël des mesures concrètes et immédiates en faveur de Mahmoud Abbas », le président
palestinien.
Ils suggèrent notamment que Jérusalem autorise « le transfert de la totalité des taxes dues, la libération des milliers de prisonniers qui n’ont pas de sang sur les mains » ainsi que la « libération des principaux leaders
palestiniens pour assurer la relève au sein du Fatah, le gel de la colonisation et l’évacuation des implantations sauvages ».
Aucune de ces mesures ne peut être contestée pour des raisons de sécurité », estiment également les ministres européens dans leur lettre à l’ancien Premier ministre britannique.
Enfin, ils notent qu’il faut éviter de « pousser le Hamas à la surenchère ». Ceci « implique de rouvrir la frontière entre Gaza et l’Egypte, de faciliter le passage entre Gaza et Israël, et d’encourager l’Arabie Saoudite et l’Egypte, comme le président (égyptien Hosni) Moubarak l’a proposé, à
rétablir le dialogue entre le Hamas et le Fatah ».
En conclusion, les dix ministres soulignent aussi « l’importance de réunir sans plus tarder une conférence internationale comprenant toutes les parties
au conflit ».
Le Quartette rassemble les Etats-Unis, l’Union Européenne, la Russie et l’ONU. Il doit se réunir mardi à Londres. Une seconde rencontre est prévue à la mi-juillet en Egypte, pour définir en détail les objectifs de la mission
de Tony Blair au Proche-Orient.
