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Pauvre Guy Môquet !

C’est aujourd’hui, que les enseignants sont censés lire aux lycéens du pays une lettre de Guy Môquet, jeune résistant communiste fusillé à l’âge de 17 ans à Chateaubriant, sous occupation allemande. Tel est le voeu de Sarkozy, qui a osé préciser en recommandant une telle lecture : « Soyez fiers de la France au nom de laquelle ils sont morts » et « Aimez la France car c’est votre pays et vous n’en avez pas d’autre ».


De quoi être fiers ? Guy Môquet, qui s’est battu pour la liberté, contre l’occupation, pour l’égalité entre tous les hommes, contre le racisme, doit se retourner dans sa tombe.

De quoi pourrait-il être fier, ce jeune homme qui écrivait ce poème, retrouvé sur lui, le jour de son arrestation :

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Ces agents du capitalisme

Nous les chasserons d’ici

Pour instaurer le socialisme

Main dans la main révolution

Pour que vainque le communisme…

Pour tuer le capitalisme

Serait-il fier d’une France qui déroule le tapis rouge à Ehud Olmert, le même jour qu’elle célèbre sa résistance à l’occupation ? Une France qui collabore avec les occupants israéliens pour étrangler le peuple palestinien ? Une France qui approuve l’occupation impérialiste aux quatre coins du monde : Irak, Liban et qui menace l’Iran ?

Une France qui, après avoir utilisé comme chair à canon les peuples de son empire colonial, les a massacrés en Algérie, au Sénégal, à Madagascar, au Cameroun, et qui ose aujourd’hui parler des « bienfaits de la colonisation française » ?

Une France dont la police qui a raflé au vel d’Hiv est restée en place après la guerre et a jeté à la Seine des centaines d’Algériens le 17 octobre 1961 ? Que n’a-t-on également fait lire aux lycéens les horreurs commises par l’appareil d’Etat français en toutes ces occasions ?

Et aujourd’hui, le jeune Guy Môquet serait-il fier des rafles au faciès, des centres de rétention et des dépistages génétiques dignes des Nazis qu’il a combattus ?

Serait-il fier des propos xénophobes de nos dirigeants qui stigmatisent ceux qui n’ont pas la culture judéo-chrétienne et celle des croisades ? Que penserait-il du discours à Dakar d’un président déclarant « L’Africain ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès… » ?

L’Africain ne connaîtrait pas l’idée de progrès, mais il est assez bon pour aller se faire trouer la peau pour la France. Quelle France ? Certainement pas celle pour laquelle le jeune Guy Môquet, qui avait d’autres valeurs que celles de Monsieur Sarkozy, a donné sa vie.

Ci-dessous le texte d’enseignants marseillais qui appellent à un devoir de résistance.

Devoir de mémoire, devoir d’obéissance, devoir de Résistance ?

Par un texte officiel, le Président de la République a fait du 22 octobre une journée de commémoration de la résistance à l’Allemagne Nazie pendant la guerre, et des fusillés de Chateaubriant. Dans tous les lycées doit être lue la dernière lettre de Guy Moquet, jeune fusillé, à sa mère.

Les enseignants ont bien conscience du rôle qu’ils jouent dans le maintien ou la transmission de cette mémoire. Au lycée nous avons toujours fait venir des témoins rescapés … nous incitons nos élèves à lire, à faire des expositions… mais ce travail se fait dans le cadre de programmes ou de projets cohérents.

La lecture d’une lettre hors de toute explication de toute mise en perspective n’a aucun sens … l’Histoire ne peut se réduire à une suite de journées commémoratives, elle n’est pas là pour faire pleurer mais pour faire réfléchir. L’enseignement n’est pas une succession de coups de projecteurs en fonction de l’air du temps, il ne peut être instrumentalisé pour défendre le projet politique de quiconque, serait-il président de la République.

Par ailleurs, ce choix de la lettre de Guy Môquet n’est pas neutre. Il a tout de suite été expliqué par le chef de l’Etat qui a déclaré après avoir fait son annonce : « Soyez fiers de la France au nom de laquelle ils sont morts » et « Aimez la France car c’est votre pays et vous n’en avez pas d’autre ». Cette dernière partie du discours présidentiel est d’une importance telle que le ministre Darcos s’est cru obligé de la reproduire dans la circulaire envoyée le 2 août dernier aux recteurs.

La France dont il s’agit est donc celle qui repousse l’étranger, toujours plus ou moins envahisseur. Celle pour laquelle on meurt plus que celle dans laquelle on se bat.

Plutôt que participer à cette commémoration que renierait Guy Môquet nous préférons rester fidèles à son esprit, à l’esprit de la Résistance.

Aujourd’hui la France de la Résistance ne vit pas dans les discours officiels, elle vit dans ceux qui sont capables de dire non comme Florimond Guimard, instituteur marseillais qui passe en procès aujourd’hui pour avoir défendu des « sans papier », elle est au côté de ces enfants qui ne demandent qu’une chose : pouvoir rester en France.

C’est pourquoi nous diffusons la lettre, écrite par une enfant kosovare, quelques jours avant son expulsion. :

Je m’appelle Liridona j’ai 14 ans je vien du Kosovo avec mes parents est avec mon frére Leotrim 13 ans et ma sœur Dafina 11 ans.

Ma vie au Kosovo c’étté très difficile il mon tue mon grand-père et ma maison été incendiee totalement. Depuis que ma maison été incendiee mon pére à quitté le Kosovo il est partie de vivre en Macédoni chez sa sœur est nous on à vivre chez mes oncle avec ma mère, est pour nous à été beaucoup difficilede vivre sans notre pére et sans notre maison.

Est un jour on à quitte le Kosovo le 23 aute 2005 pour venir en France, notre route sa couter très chère avec la vie et l’argent. Est mainenent en France on à rester 2 ans, c’est 2 ans on à passér bien onà aprie la lange et aussie votre vie, est maintenent on à perdu tout est il m’on mie en prison eu qui l’on fait sa on pas de âme et pas de coeur. On aime l’école, la liberté, et pas la prison, car on est des enfants que on aime de vivre comme tout les autres enfents libre. Et maintenent on à pas de liberté de retourner au Kosovo.

L. Demiri (expulsée le 19 septembre 2007, menottée et les chevilles entravées …)

CAPJPO-EuroPalestine