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A Naplouse, chaque jour, chaque nuit…

Un texte poignant que nous envoie de Naplouse l’association Human Supporters.


Vue de Naplouse

Une brise soufflant de la terre traverse nos ruelles, pénètre dans nos maisons. On le murmure, on l’espère ou le redoute, on en a la certitude ou la certitude du contraire, mais une odeur d’intifada plane sur la ville.
Les gens sont soucieux, pour leurs compatriotes de l’autre côté ou pour eux-mêmes. Les esprits sont accrochés à ces nouvelles émanant de ces postes de télévisions jamais éteints.

Ceux qui l’espèrent, l’espèrent par désespoir, parce que de toute façon Naplouse se meurt sous le joug de l’occupant. La ville est asphyxiée parce que les check-points ne laissent pas passer l’espoir. Chaque marchandise aussi chinoise soit elle, devient inabordable par la sainteté du sol israélien. Chaque incursion arrache des vies par peine capitale à liquidation directe ou à exécution lente derrière des barreaux, loin, très loin mais pas suffisamment pour que l’on n’entende pas les cris de ceux qu’on interroge. Pas beaucoup à chaque fois, mais à chaque fois, chaque jour, chaque nuit. Chaque humiliation subie, n’enlève pas à cette femme ou à cet homme sa dignité mais elle s’insère dans cette plaie béante et pullulante où la souffrance n’existe que pour protéger de la folie.

Ceux qui la prient cette intifada, la prient pour revoir un jour chaque habitant main dans la main de son voisin, qu’il soit de la vieille ville, d’un camp ou de Rafidia, qu’il soit ou qu’elle soit. Pour que cela cesse.
Ceux qui la redoutent, la redoutent par désespoir. Aussi. Ils ne veulent pas y croire, ils ne veulent pas la voir, ils sont fatigués, épuisés, ils veulent apercevoir un futur, celui que leurs parents n’ont pas eu, que leurs grands-parents n’ont pas eu, celui que leurs enfants voudraient avoir. Ils ne veulent plus.

Rares sont ceux qui tolèrent encore le gouvernement, plus rare encore sont ceux qui osent élever leur voix contre. Les forces de l’ordre palestiniennes sont omniprésentes, omniscientes et omnipotentes. Du moins le paraissent elles, puisque durant la seule semaine passée, à deux jours d’intervalles en plein après-midi et en quelques minutes les forces israéliennes ont pu pénétrer dans la ville, atteindre une à une, trois différentes victimes, les abattre sans sommation et repartir sans être inquiétés. Est-ce parce qu’ils furent respectueux des signaux de signalisation qu’aucun agent n’a eu l’audace de protéger la population ou les feux furent-ils mis au vert ? A Naplouse on ne pose plus ce genre de question depuis des semaines.

Je me rends compte que j’ai moi aussi été prise dans la perfidie de notre quotidien, parce que je n’ai pas écrit depuis des semaines alors que finalement il y a tant à dire. Les derniers combattants de la résistance ont déposé leurs armes sous la pression du gouvernement et d’une partie de la population. Ils sont enfermés depuis bientôt un mois dans les prisons palestiniennes, ils se sont rendus, se sont évadés, ont été ré-arrêtés. Quelques rumeurs courent sur la prise d’une partie de la ville pour l’installation d’une colonie israélienne, comme ce fut le cas à Hébron après le désarmement des combattants. Durant ce dernier mois, je n’ai aucune idée du nombre exact de Naboulsis arrêtés par les forces israéliennes, entre 100 et 150 peut être. Chaque matin les informations locales comptabilisent les pertes de la nuit, c’est comme ça, comme une fatalité, on en parle un peu, à peine et chacun continue sa journée, parce qu’il le faut bien.

Ce matin, comme hier la place principale de Naplouse s’est noircie de monde en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Aujourd’hui plus qu’hier. Peut être parce que maintenant on ne compte plus le nombre de victimes ayant succombé durant les dernières 48 heures, mais le nombre de nourrissons ou d’enfants que l’on enterre.

Human Supporters

Naplouse 3 mars

CAPJPO-EuroPalestine