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Le Mai 68 dont ils ne veulent surtout pas…

Conférence-débat sur Mai 68 ce jeudi 22 mai à la librairie Résistances, à partir de la présentation du livre d’Emmanuelle Loyer.


Un rendez-vous intéressant ce jeudi 22 mai à 19 H 30, à la librairie Résistances, à l’occasion de la présentation du livre d’Emmanuelle Loyer « Mai 68 dans le texte » (Editions Complexe)*.

Entre Sarkozy qui veut « liquider l’héritage de Mai 68 », ceux qui prétendent qu’il ne s’est rien passé en France il y a 40 ans, et les ex-gauchistes repentis, convertis en « nouveaux philosophes », qui proclament que toute volonté de changer la société conduit directement au « goulag », il n’est pas inutile de rétablir quelques faits volontairement occultés par ces écrivains de cour.

A commencer par le fait que « Mai 68 », n’a pas été un « coup de tonnerre dans un ciel serein », mais a été précédé pendant plusieurs années par des luttes ouvrières très radicales (grèves sauvages, occupations, affrontements avec la police, barricades) : celle des mineurs en 1963, Renault Flins en 1964, Nantes en 1964, les Chantiers Navals du Midi en 1966, Redon, Le Mans, Lyon (Rhodiaceta), Besançon tout le mois de décembre 1967, Caen en février 1968, où travailleurs, paysans et étudiants ont envahi les rues et où 200 personnes ont été blessées lors d’affrontements avec la police…

Non, la jeunesse ne baillait pas d’ennui, elle ne s’intéressait pas à son seul nombril, contrairement à ce que raconte Kouchner, le « parachutiste en blouse blanche ».

Une grande partie d’entre elle militait dans des Comités Vietnam, alors que les Etats-Unis larguaient chaque jour, pendant 3 ans, des tonnes de bombes sur la population vietnamienne. La solidarité avec les peuples en lutte pour leur indépendance était active, les souvenirs de la guerre d’Algérie, des massacres d’Algériens par la police à Paris en octobre 1961, de Charonne, et des attaques de l’OAS, étaient encore frais.

Et il ne faut pas oublier que tous les jours, les étudiants de la faculté de Nanterre, créée en 1964, pouvaient prendre conscience des inégalités et de la ségrégation sociale, en traversant pour rejoindre leur campus les atroces bidonvilles de Nanterre où étaient parqués les travailleurs immigrés.

« Ceux qui sont passés du col mao au Rotary club », comme disait Guy Hockenguem, ont « relooké » Mai 68 en « conflit de générations », en poussée d’acné étudiante avant le passage à l’âge adulte, en phénomène quasiment hormonal, gommant consciencieusement l’extraordinaire élan contestataire, fratenel, égalitaire, qui a traversé l’ensemble de la société, des étudiants aux ouvriers en passant par les paysans et les vendeurs des grands magasins.

Un élan, qui a réellement effrayé le pouvoir, notamment quand les permanents syndicaux, revenant des « accords de Grenelle » et poussant à la reprise du travail, se sont fait huer par les ouviers à Billancourt, à Citroën, Sud-Aviation et Rhodiaceta. De Gaulle, Pompidou et consorts ont eu tellement peur qu’ils ont été chercher les barbouzes de l’OAS, amnistiant 50 d’entre eux, condamnés pour assassinat, afin de former les « Comités d’Action Civique ».

Ils ont eu tellement peur qu’ils ont augmenté de 50 % les effectifs de police au cours des 5 ans qui ont suivi, qu’ils ont interdit pendant 18 mois toutes les manifestations de rue, interdit tous les groupes révolutionnaires, et censuré tous les films sur mai 68 !

N’en déplaise aux BHL, Glucksmann, Kouchner, Bruckner, July, Luc Ferry, et autres « idéologues professionnels du réalisme », l’action politique reste à l’ordre du jour pour changer cette société, nous devons refuser la fragmentation, et être capables de dire, comme en Mai 68 : « Ne laissons personne parler à notre place ».

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Venez nombreux jeudi 22 mai à 19 H 30

à la Librairie Résistances :

4 Villa Compoint (angle 40 rue Guy Môquet).

75017 Paris. Mo Guy Môquet ou Brochant (ligne 13).

CAPJPO-EuroPalestine

*Professeur d’histoire à Science Po, Emmanuelle Loyer, met en évidence au travers des textes, discours, fiches des renseignements généraux, projets étudiants et ouvriers, slogans, l’implication de tous les secteurs de la société pendant cette période, leur prise de conscience de la fonction fondamentalement repressive de l’Etat, et la création d’autres formes de relations entre les personnes.