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Israël se déchaîne contre les associations d’entraide du Hamas

Äprès avoir refusé le verdict démocratique des urnes dans les territoires palestiniens occupés, kidnappé et emprisonné 45 élus du Hamas, assassiné, lors d' »attentats ciblés », un bon nombre de militants du Hamas, Israël s’attaque désormais à l’ensemble des associations caritatives, commerces et ateliers, dirigés par le Hamas en Cisjordanie. Il s’agit clairement de liquider tout ce qui crée du lien social, d’anéantir les solidarités au sein de la société palestinienne. Amos Harel rapporte dans Haaretz les visées de l’armée israélienne.


« Objectif : détruire le réseau civil du Hamas en Cisjordanie

La Défense renforcera prochainement l’offensive contre les réseaux civils du Hamas en Cisjordanie. Le commandement central de l’armée israélienne projette de fermer un nombre important d’associations caritatives identifiées à l’organisation, de confisquer leurs biens et de saisir, pour investigation, ordinateurs et documents rendant compte de leur activité. Depuis le début de l’année, des opérations semblables ont été réalisées dans la région d’Hébron, Kalkiliya et Ramallah, mais la campagne sera prochainement très nettement étendue, y compris dans d’autres régions de Cisjordanie.

L’armée israélienne a récemment obtenu le feu vert juridique pour alourdir les sanctions prises à l’encontre d’organes civils liés au Hamas (le dispositif de la « Dawa »). Se voit ainsi autorisée aujourd’hui, entre autres, la confiscation de biens procurant des revenus aux associations liées au Hamas même si elles n’ont pas de lien clair avec une activité terroriste. C’est ainsi que l’armée israélienne a fermé un centre commercial à Hébron, du fait de liens avec des associations islamiques identifiées au Hamas, qu’elle a fermé des ateliers de couture et confisqué des autobus de la société de transport appartenant à l’association islamique. De même, des bureaux ont été fermés, des entrepôts et divers avoirs financiers. A Hébron, l’armée a interdit l’ouverture d’une nouvelle école dont la construction est déjà achevée, et ceci en raison d’un lien avec le Hamas.

Au sein de l’armée, on affirme que la fermeture de ces institutions prive le Hamas d’une source essentielle de revenus destinés au terrorisme. En même temps, l’effort déployé vise à faire obstacle à l’accroissement de l’influence du Hamas en Cisjordanie, en partant du constat que l’organisation gagne en popularité et qu’elle est susceptible de prendre le contrôle de la Cisjordanie des mains de l’Autorité Palestinienne. Porter atteinte à la « Dawa » serait, dit-on, essentiel pour désorganiser l’activité du Hamas et la réalisation de ses objectifs. Les principes du plan ont été présentés au Premier ministre, au Ministre de la Défense, au chef d’état-major et au chef de la Sûreté générale [Shabak] qui les ont approuvés.

De hauts responsables de l’armée ont déclaré à « Haaretz » que le Hamas avait construit en Cisjordanie, au cours des dernières années, « une structure organisationnelle pouvant, en cas de besoin, constituer la base d’un État. C’est simplement ‘un État d’associations’. Ils accumulent un fort soutien populaire et s’appuient sur d’importants flux d’argent venant de l’étranger, pour un montant annuel de centaines de millions de dollars, en provenance d’organismes d’Arabie Saoudite, des pays du Golfe et des communauté musulmanes d’Europe, des États-Unis et d’Amérique du Sud ».

Un des officiers a dit estimer que l’armée israélienne restait le principal obstacle à une prise de contrôle de la Cisjordanie par le Hamas, parce que l’activité de l’armée limite la capacité militaire du Hamas et l’empêche de défier d’une manière plus directe l’Autorité Palestinienne. « Ils ont des connaissances, de l’argent et des gens qualifiés, beaucoup plus que le Fatah. Ils ont gagné les élections dans une grande partie des municipalités et des conseils locaux et ils conquièrent graduellement le pouvoir dans d’autres institutions d’enseignement, de santé, d’assistance sociale et institutions religieuses ».

« Malheureusement », a ajouté l’officier, « nous menons ici un combat d’arrière-garde. Nous parlons de renforcer les éléments modérés, autrement dit l’Autorité Palestinienne, mais en réalité, sur le terrain, le pouvoir de celle-ci est réduit. Le Hamas a pris le contrôle de toutes les institutions. Pas seulement d’institutions typiquement islamiques, mais aussi des institutions qui étaient, auparavant, sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne. La population palestinienne préfère le Hamas parce qu’ils sont moins corrompus et plus efficaces. Il y a ici un défi que l’État d’Israël n’a pas relevé. Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas déclaré la guerre au Hamas. Cela devrait être une offensive de l’État, pas un travail local de l’armée israélienne et de la Sûreté générale. »

Fin 2007, à l’initiative du commandant Gadi Shamni, une équipe spéciale a été créée au sein du commandement central, avec pour objectif la lutte contre le réseau civil du Hamas. Des représentants de la Sûreté générale, de l’Administration civile et de la police y prennent part également. Dans le cadre de cette étroite collaboration, des équipes ont été constituées à partir de diverses unités et se sont vues adjoindre plusieurs juristes spécialisés dans la lutte contre le transfert d’argent du terrorisme. Parmi les institutions de Cisjordanie dans lesquelles les forces de sécurité ont alors fait des descentes, il y avait des institutions d’enseignement, de santé, des œuvres caritatives et même des soupes populaires et des orphelinats. Des dizaines d’institutions ont été fermées et leur matériel confisqué. Dans les institutions qui ont été fermées, de nombreux documents ont été saisis. »

Amos HAREL

Haaretz, 7 juillet 2008

www.haaretz.co.il/hasite/spages/999691.html

Version anglaise : IDF to crack down on Hamas in West Bank

www.haaretz.com/hasen/spages/999578.html

(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)

CAPJPO-EuroPalestine