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Ils bombardent tout, même les hôpitaux

A lire, ci-dessous, le reportage mis en ligne jeudi à la mi-journée de Mehdi Fedouach, pour le compte de l’AFP dans la bande de Gaza. Les journalistes palestiniens et arabes présents dans le territoire paient un lourd tribut à la furie des attaques. Au moins sept d’entre eux ont été assassinés depuis fin décembre. Jeudi matin encore, l’aviation israélienne a effectué un nouveau raid sur l’immeuble Al Shourouq, au centre de la ville de Gaza, qui abrite les bureaux de Reuters, de la chaîne américaine NBC, ainsi que de la télévision Al Arabya. Deux journalistes ont été grièvement blessés. Leurs chances de survie ne sont pas plus élevées que celles des autres Palestiniens victimes de la barbarie israélienne.


Titre : Gaza dans la peur des bombes, même à l’hôpital, par Mehdi Fedouach

L’explosion est assourdissante. La pharmacie de l’hôpital Al-Quds de Gaza vient d’être emportée par un tir d’obus. Des blessés sont évacués à la hâte. Ici aussi, personne n’échappe aux bombes.

Jeudi, aux petites heures du jour, des centaines de personnes, bébés ou enfants dans les bras, ont pris la fuite à l’approche de l’armée, pour se réfugier dans l’établissement situé dans le quartier résidentiel de Tal al-Hawa.
Une colonne de chars a pris position dans un parc public au coeur du quartier. D’autres sont aussi positionnés dans deux autres quartiers de Gaza, Al-Choujaïya et Zeitoun, où des combats font rage.
A l’intérieur de l’hôpital, les mères tentent de consoler les petits qui hurlent de terreur, tentant à grand peine de les faire rire.
« J’ai amené mes enfants à l’hôpital parce qu’ils avaient peur à la maison. Mais en fait, ici, c’est encore plus terrifiant », avoue Hussein, 40 ans, qui est arrivé là ce matin avec femme et enfants. « La maison voisine de la nôtre a été complètement détruite dans les combats. Alors nous avons dû partir. On ne va pas supporter cela longtemps. Voyez mes enfants. Ils tremblent », ajoute-t-il.
Des dizaines d’autres civils affluent avec leurs bagages. Les médecins les accueillent tant bien que mal. Les infirmiers sont débordés. Tout le secteur a déjà été dévasté par plusieurs incursions israéliennes.
Mais celle de ce matin est d’une plus grande ampleur. Les tanks israéliens s’enfoncent cette fois dans Gaza-ville, ratissant méthodiquement des quartiers entiers à la recherche de combattants du Hamas et contraignant les habitants à fuir leurs maisons. Soulevant une épaisse fumée noire, des dizaines de chars se ruent pour la première fois dans un des quartiers de Gaza-ville où de violents combats les opposent à des combattants palestiniens, selon des témoins.
Les blindés israéliens sont appuyés par l’aviation. Ils avancent dans un crissement de chenilles jusqu’au coeur de Tal Al-Hawa, dans le sud-ouest de la ville. Le claquement des obus qui s’abattent dans un fracas de métal et de pierrailles est assourdissant. Le ciel est déchiré par les tirs d’artillerie, les missiles lâchés par les hélicoptères et le survol des bombardiers F-16.
La cacophonie atteint son paroxysme lorsque les tirs s’approchent de l’hôpital.
Soudain, un obus frappe de plein fouet l’établissement. Les retombées sont brûlantes et acres. La pharmacie de l’établissement est entièrement détruite. Des blessés sont déplacés vers des chambres qui ne sont pas endommagées.
Le désordre est indescriptible. Des combattants du Hamas, en treillis bleu et noir courent dans une rue adjacente. L’un deux brandit un drapeau vert du mouvement islamiste. Ses camarades tirent des rafales à l’arme automatique, des fusils AK-47.
Bachar Mourad, un médecin, semble dépassé par les évènements.
« J’ai trois corps à 500 m d’ici mais je ne peux pas les ramener. J’ai aussi plusieurs blessés à un kilomètre d’ici, et je ne peux pas me déplacer sans autorisation », se lamente-t-il.
En fait, les ambulances ne peuvent tenter la moindre sortie sans que la Croix Rouge n’en informe l’armée israélienne pour obtenir le feu-vert à un tel déplacement, dans certains secteurs.
« J’ai du mal à rester coincé ici, alors que des gens sont en train de mourir. Mais je n’ai pas le choix », dit le Dr Mourad.

CAPJPO-EuroPalestine