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Les responsables israéliens de la boucherie

Gideon Levy désignait clairement dans un article du 12 ajnvier publié par Haaretz, les trois dirigeants israéliens qui méritent d’être prioritairement traînés devant les tribunaux, pour la boucherie qu’ils ont ordonnée.


« Ce qu’on voit depuis La Haye.

Quand les canons finiront par se taire, le temps des questions et des investigations sera venu pour nous. Les champignons de fumée et de poussière se seront dissipés dans le ciel noir ; la ferveur, l’insensibilité et le ralliement massif à l’opinion dominante seront oubliés et nous aurons peut-être une image claire de Gaza dans toute son horreur. C’est alors que nous verrons ce qui subsiste après cette guerre : l’étendue de la tuerie et des destructions, l’entassement dans les cimetières et les hôpitaux bondés, les milliers de blessés et d’infirmes, les maisons détruites.

Les questions qui appelleront des réponses, aussi précautionneuses que possible, sont de déterminer qui est coupable et qui est responsable. Cette fois, la volonté excessive de pardonner à Israël pourrait ne pas tenir. Les pilotes et les tireurs, les équipages de chars et les fantassins, les généraux et les milliers de ceux qui se sont embarqués dans cette guerre avec beaucoup de zèle apprendront l’ampleur du mal et la nature indiscriminée des frappes militaires. Il se peut qu’ils n’en paient aucun prix. Ils sont allés au combat, mais d’autres les y ont envoyés.

Le test public, moral et judiciaire s’appliquera aux trois politiciens israéliens qui ont lancé les forces armées en guerre contre une population désarmée, qui n’avait pas même un endroit pour y trouver refuge, dans ce qui est peut-être dans l’Histoire l’unique guerre contre une bande de terre enfermée par un mur. Ehud Olmert, Ehud Barak et Tzipi Livni seront au premier rang des coupables. Deux d’entre eux sont candidats au poste de Premier Ministre, le troisième est candidat à un jugement en assises. Il serait inconcevable qu’ils n’aient pas à répondre du bain de sang. Olmert est le seul Premier Ministre qui a choisi de lancer son armée dans deux guerres au cours d’un des plus brefs mandats dans ces fonctions. L’homme, qui a fait nombre de courageuses déclarations sur la paix, n’a pas orchestré moins de deux guerres. Parlant de paix et faisant la guerre, ce Premier Ministre « modéré » et « éclairé » s’est révélé comme l’un de nos grands fomenteurs de guerre. C’est ainsi que l’histoire se souviendra de lui. Les délits d’ «enveloppes en liquide » et les transgressions des « Rishon Tours » le feront par comparaison paraître aussi pur que la neige.

A Barak , le leader du parti de gauche, incombera le coût des forfaits de l’armée commis sous sa tutelle. Son bilan sera alourdi par les bombardements des centres à population dense, par les centaines de morts de femmes et d’enfants, les tirs sur des équipes médicales, le lancement de bombes au phosphore sur des habitations civiles, le bombardement d’une école des Nations Unies qui servait d’abri à des habitants qui ont agonisé dans leur sang tandis que l’armée empêchait leur évacuation par des tirs et des obus. Même notre siège de Gaza, qui a duré un an et demi et dont les ramifications se mesurent de façon effroyable au cours de cette guerre, lui sera crédité. Coup après coup, tout cela compte dans le monde des crimes de guerre.

De Livni, Ministre des Affaires Etrangères et leader du parti centriste, on se souviendra comme de celle qui a incité, légitimé et puis qui est restée silencieuse au long de ces événements. La femme qui avait promis « une autre sorte de politique » s’est comportée comme un partenaire à part entière. Ce qui ne doit pas être oublié.

En opposition aux déclarations qui ont été faites par ailleurs, qu’on nous permette de croire que ces trois leaders ne se sont pas embarqués dans la guerre pour des considérations électoralistes. Tout moment est bon pour la guerre en Israël. Nous nous sommes lancés dans la guerre précédente trois mois après les élections, non deux mois avant. Est-ce qu’Israël les jugera sévèrement à la lumière des images venues de Gaza ? C’est fort douteux. Barak et Livni montent en ce moment dans les sondages au lieu de descendre. Le test qui attend ces individus ne sera pas local. Il est vrai que quelques politiciens internationaux ont applaudi cyniquement aux coups assénés par Israël. Il est vrai que l’Amérique est restée silencieuse, que l’Europe a bégayé, que l’Egypte a apporté son soutien, mais d’autres voix s’élèveront hors du fracas des combats.

Les premiers échos peuvent d’ores et déjà être entendus. Ce dernier week-end, les Nations Unies et la Commission des Droits de l’Homme à Genève ont demandé une enquête sur les crimes de guerre éventuellement perpétrés par Israël. Dans un monde où des leaders serbes et leurs équivalents au Rouanda ont déjà été mis en jugement, il est vraisemblable qu’une demande similaire s’énonce contre les instigateurs de cette guerre. Les basketteurs israéliens ne seront plus les seuls à devoir honteusement se mettre à l’abri dans les arènes sportives, et les officiers supérieurs ne seront plus les seuls forcés à se dissimuler dans des avions d’El-Al pour ne pas être arrêtés. Cette fois, nos hommes d’Etat les mieux établis, les membres du cabinet qui mitonne la guerre, sont susceptibles de payer un prix personnel et national.

Je n’écris pas ces mots avec joie mais avec tristesse et une honte profonde. En dépit de toute l’indulgence que le monde nous a témoignée d’aussi loin que nous puissions nous en souvenir, malgré la bienveillance manifestée envers Israël, le monde pourrait cette fois en décider autrement. Si nous continuons de la sorte, il est bien possible qu’un jour un nouveau tribunal spécial soit établi à La Haye. »

Gideon Levy

HAARETZ, 12.01.2009.

(Traduit de l’anglais par Anne-Marie Perrin.)

CAPJPO-EuroPalestine