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Les fleurs de Gaza ?

La vie des fermiers de Khan Younes sous les tirs constants de l’armée israélienne.


« J’ai travaillé sur des fermes en Israël pendant 15 ans » dit Abu Alaa, le propriétaire de cette terre. « Notre relation était bonne et les fermiers israéliens adoraient mon pain, du pain palestinien, et notre dessert baclawa. J’ai dû arrêter de travailler là-bas quand Israël a fermé nos frontières et bloqué les permis aux Palestiniens leur permettant de travailler en Israël ».

Abu Alaa vit à Khan Yunis et possède des terres dans la nouvelle zone tampon agrandie, une bande de terre le long de la Ligne Verte qui coupe maintenant sur 1km les terres palestiniennes du nord au sud. Quand la Zone Tampon n’était que de 300m, c’était déjà 300m de terres de trop qui étaient absorbées par les forces d’occupation israéliennes.

Le contrôle continuel de Gaza et de ses frontières par Israël signifie que les fermiers capables de produire des légumes, des fruits ou des fleurs ne peuvent pas les exporter. La maigre concession pour le jour de la St Valentin qui leur a permis d’exporter 25.000 fleurs, rien que cela : maigre et pathétique. Ces trois dernières années, les exportations de fleurs et de fraises ont presque totalement cessé.

Alors que lors des années précédentes plus de 40 millions de fleurs avaient été exportés pour être vendues sur les marchés européens, Israël a finalement daigné permettre une toute petite quantité de 25.000 fleurs, beaucoup trop peu et beaucoup trop tard. L’année dernière, les fermiers ont utilisé leurs fleurs pour nourrir leurs bêtes en signe de protestation et de frustration vis-à-vis des frontières fermées.

Et cette année, à part le blocus qui continue et empêche tout semblant d’économie, Israël et la toujours complice Egypte ont empêché l’entrée à Gaza d’aide vitale. L’aide est là, mais pas la possibilité de passer.

fermier_de_Gaza.jpgAlors les fermiers de la Bande de Gaza qui essayent de gagner leur vie et qui en même temps donnent des légumes pour tout Gaza, continuent leur lutte non-violente pour exister, travaillant sur leurs terres et récoltant leurs oignons, persil, radis, épinards, haricots…au rythme des coups de feu.

Sayed travaille sur une terre près des champs d’Abu Shaheen. Il est trop habitué aux coups de feu presque journaliers des forces israéliennes stationnées près de la frontière : quand je le vois en train de regarder fixement un long moment vers la frontière, je suppose qu’il monte la garde et qu’il guette la présence de soldats israéliens, de leurs jeeps et de leurs tanks. Mais tout à coup il s’éloigne et va vers la citerne. Il bricole quelque chose et peu de temps après un jet d’eau fait irruption à l’endroit qu’il regardait. L’irrigation a été réparée.

Mais dès que les tirs commencent, Sayed et les autres ont une routine : il explique comment les fermiers dans son champ rampent vers un endroit « sûr ». Dans cette dépression du terrain, les fermiers sont temporairement hors de la ligne de feu. Ils doivent cependant rester couchés là en attendant que les tirs cessent et que les soldats s’en aillent.

Alaa Samour (19 ans) travaille sur la « New Abassan » terre d’Abu Shaheen afin d’apporter 20 shekels de plus par jour aux revenus insuffisants de ses parents.

Alaa_Samour_Gaza.jpgLe 28 décembre, Alaa était en train de ramper comme Syed nous avait montré quand il a été touché par les tirs des soldats israéliens. « Ils tiraient tout le temps sur nous. Ils nous tirent dessus tous les jours » raconte-t-il et remontant sa chemise pour montrer la blessure qu’il avait reçue à son épaule alors qu’il essayait de fuir l’explosion soudaine de coups de feu des soldats à la barrière.

Alaa, blessé à l’épaule par un tir israélien le 28 décembre alors qu’il était dans son champ.« Nous étions en train de couper le persil quand les soldats ont commencé à tirer. Nous nous sommes mis à ramper. En arrivant à la route à l’endroit où nous étions hors de portée des tirs, j’ai réalisé que mon épaule saignait et que j’avais reçu une balle ».
Mais un mois plus tard, n’ayant pas d’autre choix, Seymour était de retour dans les champs risquant sa vie pour amener de l’argent à sa famille.

Le 15 février, les fermiers travaillaient rapidement pour moissonner pendant 3 heures le champ d’Abu Alaa (avec une seule pause pour le baclawa) pendant que des véhicules militaires israéliens patrouillaient le long de la barrière. Les jeeps allaient et venaient, parfois 2 jeeps s’arrêtaient, les soldats en sortaient et se déplaçaient entre les véhicules. Une autre jeep les rejoignait puis arrivait le « humvee »…Puis ils se dispersaient puis réapparaissaient, parfois au bout de quelques minutes, parfois au bout d’une demi-heure.

La dernière fois qu’ils sont retournés dans les champs, a été accompagnée des inévitables tirs de soldats perchés en haut d’un groupe de jeeps. Heureusement, les tirs de ce jour là étaient moins « enthousiastes », comme s’ils n’étaient pas vraiment intéressés à atteindre leur cible, mais simplement à maintenir une terreur collective et cette appréhension que ressentent tous les jours les fermiers. »

Source :
http://ingaza.wordpress.com/2009/02…

(Traduction de l’anglais : Ana Cléja)

CAPJPO-EuroPalestine