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Petits et gros trafics égyptiens sur le dos des Palestiniens

« Les autorités égyptiennes ont transformé le Sinaï, la péninsule située
entre Gaza, Israël et le Nil, en camp militaire destiné à protéger l’Etat
Sioniste mais cela a une contrepartie : l’exploitation financière des
Palestiniens assiégés » : un éclairage très instructif du mouvement ISM (International Solidarity Movement).


Siège de Gaza : Qui profite de ce crime contre l’humanité ?

« Suite à la signature en 2005 de l’accord de libre mouvement et accès
(AMA), entre Israël, l’Autorité Palestinienne et l’Union Européenne,
accord honteux qui permettait l’ouverture du passage de Rafah sous
surveillance européenne et israélienne, l’Egypte a commencé à mettre en
place l’infrastructure routière qui permettrait de soutenir l’activité
économique liée à cette ouverture, en démarrant la construction d’une
quatre-voies entre Ismaïlia et Rafah.

Mais en janvier 2006, après la victoire du Hamas aux élections
parlementaires pourtant considérées par tous comme démocratiques, Israël a imposé un embargo à l’Autorité Palestinienne, les Etats-Unis et l’Union Européenne ont gelé l’envoi de leurs aides et l’Egypte a fermé le passage de Rafah, mis en place des dizaines de checkpoints à travers le Sinaï, poursuivi la construction de l’infrastructure routière et économique et a développé l’industrie des tunnels.

Les medias traditionnels lient généralement les tunnels à l’entrée d’armes dans Gaza alors qu’ils ne servent, en grande majorité, qu’à alimenter en produits de base les Gazaouis assiégés et à enrichir les industriels et autorités égyptiennes.

Et cela se fait au vu et au su des autorités égyptiennes, de l’armée
sioniste, des observateurs américains, européens et des Nations-Unies ;

Lorsque l’on passe quelque temps dans le nord du Sinaï et au Passage de Rafah, l’on comprend bien pourquoi l’Egypte n’est pas pressée d’ouvrir le passage de Rafah et pourquoi les déclarations du Quartet, de l’Union Européenne et des Etats-Unis ne sont qu’une hypocrisie.

N’importe quel observateur, même sans connaître la langue, peut le constater.

Il y a d’abord les signes extérieurs de richesse : les grosses voitures,
les pickups neufs : rien à voir avec ce que l’on peut voir ailleurs en
Egypte.

En effet, des centaines de ces pickups flamboyants, bleus, verts, rouges,
sillonnent les routes entre le Canal de Suez et Rafah. Ils transportent
tous du matériel ou des produits de base que les Gazaouis paieront au
moins 7 fois leurs prix.

Un activiste local m’a expliqué qu’en fonction de leurs couleurs, on
pouvait connaître le chef d’entreprise qui dirige le réseau, en général,
un dignitaire bédouin du Sinaï et ce trafic est obligatoirement connu des
autorités égyptiennes, étant donné le nombre important de checkpoints
placés sur cette route et la présence des services de renseignements sur ces checkpoints.

Ces véhicules sillonnent les rues de Rafah où ils franchissent allègrement
les plusieurs dizaines de checkpoints de police installés dans la ville et
circulent sans problèmes devant le poste d’observation des Nations-Unies.

Ils passent également quotidiennement devant la base des Forces
Internationales basées dans le Sinaï, à 25 km de Rafah, d’où partent les
convois des Forces Américaines qui viennent chaque jour à la Porte de
Rafah pour contrôler que le blocus de Gaza est bien maintenu
Ce qui démontre vraiment l’hypocrisie des leaders mondiaux et du Quartet lorsqu’on les entend appeler à la levée du Siège de Gaza.

Le problème n’est pas seulement l’hypocrisie générale au sujet des tunnels mais aussi le racket organisé des Palestiniens qui tentent d’entrer ou de sortir de Gaza.

Tout Palestinien qui a eu la chance, pour une raison quelconque,
généralement un problème médical, d’obtenir une autorisation de sortie de Gaza auprès de l’Autorité Palestinienne et donc, par conséquent, des
Israéliens et des Egyptiens, se voit octroyer une durée limitée à son
séjour en Egypte ou à l’étranger. Mais s’il tente de revenir à Gaza au-delà de cette période après avoir été bloqué des jours ou des semaines en Egypte en raison de la fermeture de la frontière, il devra s’acquitter d’une taxe « de retard » auprès des autorités égyptiennes, somme qui s’ajoute aux 90 EGP (11,5?) que chacun doit verser pour entrer en Palestine.

Je dirais que pour revenir dans Gaza, il vaut mieux être membre du Fatah
et se coordonner avec le représentant de l’Autorité Palestinienne à Al
Arish, évidemment toujours contre une certaine somme d’argent.

Pour mieux piéger les Palestiniens, les autorités égyptiennes ne
fournissent aucune information sur la marche à suivre pour l’entrée dans
Gaza et n’annoncent les dates d’ouvertures de la frontière que quelques
jours avant.

En effet, selon un accord signé entre le Hamas et l’Egypte, la frontière
doit être ouverte 2 jours par mois, ce qui est d’ailleurs une ignominie
car lorsque la frontière est ouverte, des milliers de gens s’entassent à
la Porte de Rafah et l’entrée dans Gaza se fait dans la pagaille la plus
complète.

Pour parer aux débordements, les autorités égyptiennes déploient ces
jours-là des centaines de policiers antiémeutes qui n’hésitent pas à
frapper et interdisent l’accès aux véhicules à moins de 500 mètres de la
frontière. Là encore, les Palestiniens sont rackettés. Afin de pouvoir transporter leurs lourdes valises jusqu’à la frontière, ils doivent même payer aux Bédouins la location d’une charrette à un prix exorbitant.
D’ailleurs ces jours-là, tout augmente : même la location d’un taxi pour
venir d’Al Arish qui peut passer de 30 EGP (4?) à près de 300 EGP (40?).

Si un Palestinien loue un véhicule égyptien pour entrer dans Gaza les
marchandises qu’il a achetées en Egypte, il doit payer 125 EGP (16?) par
personne aux autorités égyptiennes gérant le Passage de Rafah.

Je n’ai pas parlé, bien entendu, des prix des séjours dans les hôtels d’Al
Arish où tout le monde a été obligé de séjourner en attendant l’ouverture de la frontière, ce qui bénéficie à l’industrie hôtelière locale.

Pendant mon séjour dans le camp que nous avons installé à la Porte de
Rafah, en protestation contre le siège, j’ai même assisté à un évènement
très étrange : les plus gros importateurs et industriels du Sinaï
déjeunaient à la cafétéria de la porte de Rafah après une réunion très
importante à l’intérieur du Passage de Rafah. Quelques heures plus tôt,
j’y avais également vu entrer le convoi des Forces Armées américaines.
Que s’y est-il passé ? Quel accord y a été conclu ? Je n’ai pas pu obtenir
de réponses à mes questions mais j’ai eu droit à l’hospitalité égyptienne
et j’ai été invitée à participer à leur repas.

En deux mots, je dirais que dans le nord du Sinaï, tout le monde profite
du blocus et pas seulement les gros chefs d’entreprises qui sont à la tête de l’industrie des tunnels.

A tous ceux qui sont curieux de comprendre comment le blocus fonctionne, de voir à quel point les autorités égyptiennes, américaines, arabes et européennes sont complices d’Israël dans le maintien de ce blocus criminel et illégal, une violation flagrante des droits de l’Homme, de voir comment les autorités égyptiennes maltraitent et rackettent les Palestiniens, nous vous invitons à venir passer quelque temps à la frontière de Rafah.

Nous invitons, également, les Européens à demander au Conseil de l’Union Européenne d’annuler immédiatement la Mission de l’EUBAM-Rafah dont le mandat a été prolongé jusqu’au 24 Novembre 2009. Cette mission est toujours basée à Ashkelon en Israël. Elle ne fait absolument rien pour aider les Palestiniens bloqués en Egypte et permet de donner une excuse à l’Egypte dans ce crime contre l’humanité.

Nous invitons les activistes américains à maintenir la pression sur leur
gouvernement et à leur demander des comptes sur ce que font les Forces Armées américaines en Egypte et plus particulièrement à la Porte de Rafah.

Enfin, nous devons tous continuer à faire pression sur nos gouvernements respectifs pour que les droits de l’homme et la Charte des Nations-Unies soient respectés par Israël (même si cela est un peu cause perdue !) et par l’Egypte (peut-être aussi !) et que le blocus de Gaza soit ENFIN levé !

Nous devons continuer à manifester ! Occupons l’Ambassade d’Egypte !
Organisons des sit-in devant l’ambassade d’israel, le Ministère des
Affaires Etrangères !

Ne laissons pas mourir Gaza ! »

Source :

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=12393&type=temoignage&lesujet=Blocus

CAPJPO-EuroPalestine