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Comment Israël organise le boycott de l’eau pour assoiffer les Palestiniens

Lire ci-dessous une action ayant permis de briser le siège israélien sur l’eau dans le village de Qarawat Bani Zaid. Article et vidéo publiés par ISM.


« Les Palestiniens, accompagnés d’activistes internationaux et israéliens pour les droits de l’homme, ont escorté un convoi de citernes à eau, brisant le siège israélien sur l’eau dans le village de Qarawat Bani Zaid, et ont amené l’eau à ses habitants.

Le vendredi 7 août à midi, les activistes d’ISM et autres internationaux se sont regroupés place Al-Manara, à Ramallah, et sont partis rejoindre le convoi d’eau. Après avoir passé les checkpoints et les colonies, le convoi a pu, sans retard supplémentaire, arriver à Qarawat Bani Zaid, en zone sous contrôle de l’Autorité Palestinienne, vers 15h.

Les habitants s’étaient rassemblés au centre du village pour accueillir l’aide en eau. Le convoi a été fêté dans tout le village avec de la musique, des danses et des discours des villageois et des militants. Des banderoles proclamant « Fin du siège de l’eau » et « Plus de soif » en arabe, en anglais et en hébreu, ont été échangées et brandies par les Palestiniens, les Israéliens et les internationaux tout au long de la livraison de l’eau.

Un représentant local a demandé aux militants israéliens de rentrer chez eux avec un message de paix : « Nous voulons la paix et l’eau. Nous sommes le seul peuple au monde qui doit acheter l’eau à ses occupants. Aujourd’hui, nous vous accueillons parce que vous venez en tant qu’amis, pas en tant qu’attaquants, soldats ou occupants. Dites à votre gouvernement que nous ne voulons pas son eau, nous voulons notre eau. »

Depuis la mi-mars, les robinets sont secs à Qarawat Bani Zaid – pas d’eau pour boire, pour laver, pour le bétail ou pour l’agriculture.

Dans les villages voisins de Kafr Ein, Beit Rima, Dayr Ghasana et Nabi Saleh, l’eau manque également. Environ 15.000 personnes vivent dans ce secteur, situé au nord-ouest de Ramallah, qui, au plus fort de l’été torride, reçoit une ration d’eau de 48 litres par personne et par jour – environ 1/5ème de la moyenne de la consommation des colons juifs dans les Territoires palestiniens occupés et les habitants d’Israël (235 litres), et moins de la moitié de la mesure de déficit en eau selon l’OMS (100 litres par jour).

Les années passées, les ménages de Qarawat Bani Zaid et les villages alentours recevaient l’eau de la source Aboud. Cependant, depuis 2000, la compagnie israélienne de l’eau Mekorot contrôle l’eau des sources de la région, dont elle ne laisse que 20% au réseau palestinien de distribution de l’eau. Il faudrait environ 100 m3 par heure pour approvisionner toutes les familles de la région par le réseau de canalisations. Actuellement, ce réseau ne fournit au maximum que 70m3 par heure, et l’été, l’approvisionnement descend à 30m3 par heure.

Le village de Qarawat Bani Zaid est le plus éloigné de la source, et en conséquence souffre le plus de la pénurie d’eau : 90% de ses habitants n’ont pas d’eau, par le réseau de canalisations, depuis plus de quatre mois. Pour compenser le manque, ils sont obligés d’acheter l’eau à un prix très élevé à des citernes – 1m3 (1.000 litres) coûte environ 40 shekels (7€), soit 10 fois le coût par les canalisations. Les familles les plus pauvres luttent pour se payer assez d’eau pour boire.

« Si rien ne change, beaucoup devront quitter la région, » dit Sabri Arah, membre de la municipalité. « C’est au coeur du projet de l’occupation israélienne. »

Depuis l’occupation de la Cisjordanie en 1967, le gouvernement israélien a contrôlé les ressources locales en eau et les a détournées au profit d’Israël et des colonies juives dans les Territoires palestiniens occupés. Israël et la Palestine ont deux systèmes d’eau communs : la Montagne aquifère et le Bassin du Jourdain, qui appartient aussi à la Syrie, au Liban et à la Jordanie. Israël revendique environ 67% de l’eau de la Montagne aquifère. De grandes parties du Bassin du Jourdain sont en Cisjordanie, mais les compagnies israéliennes contrôlent 31% de l’eau du bassin, et les compagnies palestiniennes n’ont absolument aucun accès à cette eau.

Près de 30% des villages palestiniens ne sont pas reliés au réseau d’eau et dépendent donc des puits et de l’eau de pluie recueillie dans des citernes. La nappe phréatique est considérée comme propriété de l’Etat israélien et le forage de puits et la construction de citernes sans accord écrit sont un délit. L’obtention de permis pour ces structures constitue un processus long et complexe, et l’autorisation est rarement accordée. Dans la plupart des cas, les Palestiniens n’ont pas accès aux puits de leurs villages parce qu’ils sont situés sur des terres volées par les colonies illégales, les bases militaires ou hors d’accès à cause du mur d’apartheid.

Tant qu’Israël continuera à occuper la terre palestinienne, l’approvisionnement en eau pour les besoins domestiques, publics, agricoles et industriels ne doit pas être une faveur accordée par le gouvernement israélien, mais c’est son obligation légale en tant que puissance occupante. Ne pas respecter cette obligation est une violation du droit international.

Le but de l’action menée aujourd’hui était également d’attirer l’attention publique sur cette question vitale. Les organisateurs appellent à une campagne de protestation continue en Israël, et au maintien de la solidarité internationale. »

Par ISM

Source : http://www.ism-france.org/news/article.php?id=12471&type=temoignage&lesujet=Nettoyage ethnique

(Traduction : MR pour ISM)

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