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Plus d’eau minérale israélienne Eden Springs au CHU de Lausanne

Grâce à la détermination d’une patiente et d’un journaliste suisses, la direction du Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne, a renoncé à se fournir en eau minérale auprès de la firme israélienne Eden Springs, rapporte le site du journal La Liberté. Le CHU de Lausanne est l’un des principaux établissements hospitaliers européens, avec 7.800 employés, et un budget annuel d’un milliard de francs suisses (700 milllions d’euros).


Par Christian CAMPICHE (La Liberté)

« Le CHUV n’est plus un paradis pour l’eau Eden Springs, titrions-nous dans ces mêmes colonnes, le 11 septembre 2008. Il l’est d’autant moins aujourd’hui que la marque israélienne a été carrément boutée hors des locaux de l’établissement hospitalier vaudois, remplacée par les bonbonnes d’eau Edelvia.

Il y a un peu moins d’une année, nous écrivions que la substitution des bonbonnes Eden Springs était à l’étude au CHUV. Ce dernier a tenu promesse: «Le marché de bonbonnes d’eau au CHUV a été attribué il y a quelques semaines à Edelvia sur la base du meilleur prix dans une procédure d’appel d’offres. Plus de la moitié de la consommation sera parallèlement transférée pendant l’hiver 2009-2010 sur des postes accédant au réseau d’eau potable», précise Oliver Peters, directeur administratif et financier du CHUV. Lequel ajoute que le coût de l’approvisionnement en bonbonnes sera ainsi ramené à environ 40 000 francs par année, soit une économie de 50 000 francs pour le CHUV.

Comme l’an dernier, M. Peters ne se prononce pas sur la question de savoir si le changement de stratégie en matière d’approvisionnement d’eau au CHUV est la conséquence de l’implantation d’Eden Springs dans le Golan. «Périodiquement, le renouvellement du contrat est mis au concours», souligne-t-il.

Aux mains de l’homme d’affaires israélien Roni Naftali, le groupe Eden Springs, dont le siège européen est basé à Préverenges, non loin de Lausanne, exploite une source sise à Dorénaz, en Valais. Ce qui n’empêche pas certaines ONG d’associer son logo à l’occupation de la Palestine, un territoire qui manque cruellement d’eau.

Sensible à la cause palestinienne, la journaliste indépendante Silvia Cattori est intervenue auprès de la direction du CHUV pour demander que le CHUV retire l’eau Eden de ses services. »

«Pour des raisons de santé, j’avais été amenée à fréquenter ces derniers jours les couloirs et salles d’attente du CHUV. J’y ai admiré la gentillesse du personnel, la propreté et l’ordre, un cadre de soins rassurant. Mais ces paisibles sentiments ont cédé la place au trouble quand j’ai aperçu plusieurs fontaines d’eau Eden près de l’endroit où je me trouvais. Or cette marque au nom paradisiaque est contrôlée par Eden Springs Ltd, un groupe basé en Israël qui exploite les sources d’eau du Golan.»

Silvia Cattori sait bien que l’eau distribuée au CHUV par Eden ne vient pas du Golan, une région syrienne conquise et annexée par Israël, mais du Valais, de Dorénaz plus précisément, où la société exploite une source et une usine d’embouteillage. Elle n’en déplore pas moins que les fontaines du CHUV arborent un logo que certaines ONG associent à la pénurie d’eau dont souffre la Palestine.

Sur son site officiel www.israelvalley.com, la Chambre de commerce France-Israël relève elle-même que «les ressources en eau forment un argument de poids pour les partisans du maintien de la présence israélienne sur le Golan. En effet, 50% des eaux qui alimentent le lac de Tibériade trouvent leurs sources sur les hauteurs du Golan et au Liban». Comme Silvia Cattori, des patients, des visiteurs sensibles à la cause palestinienne, pourraient se sentir heurtés chaque fois qu’ils se rendent au CHUV. Et la journaliste de demander que l’établissement hospitalier retire l’eau Eden de ses services.

L’investigation démarre

Bernard Decrauzat lit le message avec attention avant de répondre que, sans entrer dans le débat du «douloureux conflit» Palestine-Israël, il ne considérait pas le produit actuellement en service comme pérenne. «En effet, notre établissement a pour objectif de substituer les bonbonnes Eden par un système de connexion à l’eau courante. Le concept est à l’étude. Je demande à nos services concernés de faire diligence», répondait-il l’an dernier à SilviaCattori.

Le 1er août 2009, le voyant rien venir, Silvia Cattori reprend la plume, et fait remarquer au nouveau directeur de l’hôpital, Pierre-François Leyvraz, que l’eau Eden offerte aux patients des hôpitaux «constitue un fort argument promotionnel pour l’entreprise qui entend axer sa publicité sur «un style de vie actif et équilibré». Le CHUV et les pharmaciens font ainsi, sans le savoir, une énorme promotion à Eden Springs, une société que l’organisation pacifiste israélienne Gush Shalom appelle à boycotter. Pourquoi ne pas approvisionner le CHUV avec l’eau du robinet qui est, chez nous, d’excellente qualité ?» demande-t-elle.

Cette fois sera la bonne. Le CHUV ne sera bientôt plus approvisionné en bonbonnes Eden Springs, mais avec des bonbonnes d’un autre fournisseur, et d’ici quelques mois par le réseau d’eau courante, une fois les tests achevés.

CAPJPO-EuroPalestine