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Attention : le racisme est là, et le fascisme à deux pas….

Les récits de violences policières à l’occasion des manifestations lycéennes et étudiantes ne sont pas anodines. Nous revenons sur des témoignages montrant à quel point ces violences sont préméditées, élaborées, sadiques et racistes. Oui, les tris qui sont faits, les fouilles et photos, rappellent le temps les rafles. (N’en déplaise au président du bureau de développement de l’antisémitisme en France). Nos dirigeants et l’appareil d’Etat à leur service, filent un très mauvais coton, dans leur fuite en avant pour éviter d’avoir à rendre des comptes. Il est vital de ne pas laisser fragmenter nos luttes, de ne pas laisser isoler les plus vulnérables. Chacun doit comprendre, qu’au bout du compte, quand ils s’attaquent aux grévistes ou aux jeunes « en survêtement », c’est le même objectif qui est poursuivi : mater tous ceux, et ils sont bien plus nombreux, auxquels se système n’a aucune perspective à offrir.


Récits qui ne nous laissent pas indifférents tant ils évoquent des périodes de montée du fascisme :

PREMIER TEMOIGNAGE :

Il est deux heures du matin, et je ne peux toujours pas dormir, après ce que j’ai vu et entendu aujourd’hui place Bellecour.

Je suis restée bloquée d’environ 13 h 30 à 17 h 30, et je ne suis sortie saine et sauve, et sans contrôle, uni que ment parce que je suis une jeune femme blanche, sans dreads ni piercing…

J’ai vu un CRS faire le signe de décapitation en ricanant, à l’attention de mon ami. C’était après nous avoir dit qu’on pouvait sortir du côté de la Saône, en ajoutant « Merci qui ? ». Mon ami lui avait alors envoyé un baiser avec la main… Et voilà, comme ça, c’est beau : un représentant du pou­voir en place faire ce signe de mort en ricanant !

J’ai vu un type se faire prendre et tabasser lors d’une charge de CRS alors qu’il ne faisait rien, qu’il était juste là, à fuir, à tenter de se protéger, à être là, comme nous, sauf qu’il était un jeune homme d’origine maghrébine, évidemment.

Au fait, se faire charger quand on sait qu’il n’y a aucune issue, c’est une sacrée expérience ! On a véritablement essayé de se préparer psychologiquement à se faire matraquer. C’est dur (hohoho).

Plus tôt, après une charge, des coups de feu (lacrymo ? flash ball ?), je me retourne et je vois une fille à terre, inconsciente, de l’écume aux lèvres, derrière un kiosque à l’est de la place. Que doit-on faire ? Est-elle simplement évanouie ? A-t-elle reçu quel que chose dans la tête ? A-t-elle une crise quel conque ? A-t-elle besoin de secours d’urgence ?

Je cours vers un mur de CRS, en hurlant, hystérique, d’appeler le SAMU (« IL Y A UNE FILLE A TERRE INCONSCIENTE ET C’EST A CAUSE DE VOUS ! » je hurle de toutes mes forces), JE VOIS ALORS UN CRS SOURIRE !!!

Avec mon ami, on a discuté avec beaucoup de ces « casseurs des cités » : tous étaient froidement conscients de la situation politique, et SURTOUT DU RACISME OMNIPRÉSENT. Les blancs eux, s’en sortiront, PAS EUX, ni aujourd’hui, ni demain, ni dans la vie ! On a discuté avec des jeunes qui correspondaient parfaitement aux clichés relayés par les médias : jeunes d’origine africaine à fou lard, baskets, capuche… On a brièvement discuté de la réforme (“et on ne va pas travailler jusqu’à 70 ans !” me dit un jeune avec un petit sou rire au lèvres : il le sait, il est sur tout là pour se battre contre une société raciste et pour rie, dont la réforme est un élément qui finalement ne le concerne que de loin), on a appris que certains lycéens se battaient également contre la suppression des BEP, on a parlé du racisme, de la propagande… Tous semblaient résignés ; il n’y avait AUCUNE VIOLENCE.

Après l’ultime charge, le piège tendu contre nous vers 17 heures 20, des tirs, on se plaque contre une vitrine avec d’autres jeunes, puis on se réfugie, mon ami et moi, paniqués, dans la première cour intérieure, pour se protéger des tirs (là encore, pas eu le temps de voir, ou de sentir ce que les repré­sentants de l’État français tiraient). Il y a là, dans l’escalier de cet immeuble, un jeune d’origine maghrébine, un lycéen tout gentil, un peu enrobé, à la voix douce, bref tout sauf quelqu’un de menaçant et d’effrayant, qui s’est retrouvé bloqué vers 11 heures place Bellecour alors qu’il ne faisait que passer. Il nous a raconté, sans hausser la voix, comme si c’était là quel que chose de banal, qu’un CRS, en le bloquant, lui a dit d’un air méprisant qu’il l’avait reconnu, lui, un « casseur » de ce matin 9 heures. Le garçon nous a alors dit : « à 9 heures, je faisais une interro !». « Ils m’ont dit que les Blancs passaient mais pas les autres ». Je lui ai alors fait répéter la chose, ne pouvant en croire mes oreilles. Oui, oui, le CRS lui a dit ça comme ça. Oui, oui. D’autres jeunes stigmatisés depuis leur plus jeune âge par les flics nous ont adressé plus tôt la parole, d’un air résigné : « eh pour quoi vous partez pas vous ? Vous êtes blancs, essayez, ils vous lais se ront passer, vous… ». Nous n’avons pas essayé. Trop fiers pour tenter de partir, trop effrayés pour faire face à une charge de CRS. Dans cette cour, trois filles sont ensuite venues non pas se réfugier, mais faire pipi. Elles sont ensuite ressorties ; nous n’avons pas osé.

Finalement, pas de contrôle d’identité pour nous : « coup de chance » : dans la cour où nous nous sommes « réfugiés » (on attendait les flics, prêts à mettre les mains sur la tête), on voit arriver des jeunes de droite à mèche ! Surréaliste ! Les cheveux de droite se reconnais sent de loin ; enfants de bourgeois habitant place Bellecour, et leurs copains riches de droite. Une discussion suit en bas des escaliers avec deux d’entre eux, pendant que des jeunes pauvres se font matraquer sur la place : non, tous les gens qui ont voté Sarko ne sont pas pour ça, nous dit l’un des jeunes à la coupe Sarko fils pré-tonte ; ça….

Mon ami s’énerve, lui dit que si, que si on a voté Sarko, on a voté pour le racisme, pour l’État policier, pour l’ORDRE, pour ça, CA… Les gens savaient, ils savaient pour quoi ils votaient : pour ça !

Le jeune d’origine maghrébine lui se tait, c’est juste un gamin qui veut rentrer chez lui. Ces deux jeunes de droite avaient l’air si sympathiques, si innocents, et pour tant c’est eux aussi la France qui pue.

Au final, c’est « grâce » à un groupe de blancs riches que nous sommes sortis sans contrôle, la rage et la peur au ventre. Un flic à blouson en cuir et brassard entre dans la cour, nous dit de sortir, qu’on peut partir main tenant. On ne le croit pas ; je lui dis :« et tout à l’heure ? Vous nous avez dit qu’on pouvait partir ! ». Il m’ignore, et va parler aux riches. Le gamin se dirige vers la porte, on le retient en lui disant d’attendre pour sortir avec les blancs. Il refuse. On insiste, on le met en garde, mais il a son honneur, lui. Il garde la tête haute, et s’en va.

Puis nous sortons, nous, effrayés, avec ces gens, un bon Français aux cheveux gris et à lunettes, une dame à talons, et des autres Blancs. Nous pas sons devant les autres jeunes restés sur la place, qui sont maintenant contrôlés par les flics, un à un, vers le pont Bonaparte. Je n’ai pas pu rete­nir mes larmes en criant aux badauds, une fois le bar rage de flics passé sans encombres, sans même un arrêt : « Nous sommes passés parce que nous sommes blancs ! Elle est belle la France, hein ?! »

Plus tard dans les rues touristiques du cinquième arrondissement, je vois une télé vision dans un bouchon. Je m’avance, une commerçante me dit bon soir, pensant que je suis une cliente. Je ne fais pas attention, je tente d’apercevoir des images de ce que je viens de vivre. La bonne Arbeiter me redit bon soir, cette fois fermement, comme si je lui avais manqué de respect, comme à une gamine. Je la regarde dans les yeux et lui répond « Bonsoir. ». Je me retourne vers l’écran. J’entends la femme me lancer :« ah, la télé » comme si j’étais une mouche attirée par la lumière. Je réponds : « oui, je veux voir la propagande ». « La propagande ? » me lance-t-elle, d’un air à la fois moqueur et choquée. J’ai alors eu envie, pendant une frac­tion de seconde, de lui défoncer la gueule. Mon fiancé m’a prise et m’a enlevée de là, et je ne suis même pas arrivée à prononcer un mot intelligible. Nous sommes partis.

QUE DOIVENT RESSENTIR CES JEUNES CONSTAMMENT STIGMATISÉS SI MOI-MÊME JE PEUX RESSENTIR UNE TELLE HAINE APRÈS UNE APRÈS-MIDI ????!!!! RÉSISTANCE FACE A LA FRANCE QUI PUE !

DEUXIEME TEMOIGNAGE

« Je suis un étudiant en philosophie et je vis à Lyon. Aujourd’hui, jeudi 21 octobre, alors que je me dirigeais de l’hôtel de ville en direction de ma faculté, j’ai du emprunter la place Bellecour ; à savoir le chemin logique et normal.

En arrivant à l’entrée de la place Bellecour à 14 heures 30, je vis de nombreux CRS présents tout autours de la place, néanmoins aucun réel bar rage n’était en place et les forces de l’ordre ne m’ont absolument rien dit en me voyant arriver et se sont même séparées doucement pour me laisser passer. Je m’engage donc tranquillement sur la place. Cependant, à l’autre extrémité, je fais face à une ordre de CRS en position de blocage. Je décide de faire demi-tours, cons ta tant que l’ensemble des sorties de la place sont bloquées de la même façon. Arrivant par là où j’étais entré sur la place, je constate qu’un bar rage de CRS vient d’être mis en place. Ceux-ci me refusent le pas sage sous pré texte des ordres du préfet alors même que quelques minutes avant ils venaient de me faire pénétrer sur la place.

C’est alors que commence un détention avec plusieurs centaines de personnes sur la place, sans aucune raison.

Pire encore, durant cette détention, je découvre que certaines personnes sont enfermées depuis 13 heures 15, donc les forces de police m’ont laissé rentrer en sachant parfaitement qu’il s’agissait d’un piège.

Pendant ma détention, sachez que toutes les personnes âgées, ou même non-jeunes pour être précis, ont pu partir sous pré texte qu’elles « habitaient la rue juste à côté ». Un véritable filtrage a opéré pendant cette période, afin que nous ne finissions qu’entre « jeunes », favorisant ainsi l’amalgame entre lycéens révoltés et casseurs. Les forces de police ont été bru ta les, insultantes, face à des personnes profondément calmes, cherchant juste à comprendre ce qu’il se pas sait. C’est finalement après 5 heures que je pu sortir par le « Check-Point » mis en place à l’une des sorties. Là, sachez que je fus victime d’un contrôle d’identité abusif, allant même jusqu’à prendre une photographie de mon visage. Je sortis à 19 heures 30, sans aucune autre explication.

Enfin, durant les 5 heures d’enfermement, seule une vingtaine de personnes ont osé se révolté, résultant d’une répression aux gaz lacrymogènes et tirs de jets d’eau à haute pression. Qui, enfermé pendant 5 heures sans raison, insulté et dégradé par des forces de police, ne deviendrait pas fou ? L’état cherche à engendrer une haine chez les jeunes en les enfermant volontairement et en les poussant à bout. Ainsi, les dirigeants pourrons, preuves à l’appui, discréditer au yeux de son peuple soumis et cré­dule l’engagement des jeunes dans cette réforme.

TROISIEME TEMOIGNAGE


Je suis écœuré. Difficile de trouver les mots. Pas l’habitude d’écrire. Mais je ressens le besoin de témoigner tout simplement. Je ne parlerai que de cette jour née du Jeudi ici à Lyon Bellecour.

Ce matin vers 10 heures 45, avant d’aller cher cher mon enfant à l’école, quelques groupes d’étudiants regroupés, attendant pour manifester. Aucune agitation. Les forces de l’ordre encerclaient, contrôlaient déjà tous les accès. À noter en plus l’ hélicoptère (pas encore là à ce moment), les deux tanks à eau…

Je suis revenu vers 13 heures 45, j’ai pu rentrer sur la place et me poser vers la rue Emile Zola sur un banc comme la plu part des lycéens. Quelques passants… Et même une « baqueuse » avec brassard rouge, casque, bouclier qui traversait en solo d’un bout à l’autre à grands pas… À côté de moi, un groupe d’ado les cents. J’entends l’un d’eux dire : « J’ai envie de pisser ! J’en peux plus… ! » Un autre lui répondre ; « T’as essayé là-bas quai de Saône ? » Je regarde plus attentivement et je vois en effet que chaque ado était refoulé par les crs. Soleil, un gros pétard qu’explose tranquille­ment…calme plat.

Puis vers 14 heures, retenti un méga phone et cla meur… Comme beau coup d’autres, je me lève et pars en direc tion de la place Antonin Poncet. Arrivé à l’angle, attrouppement de jeunes, qui comme moi vien nent voir ce qui se passe. Je vois des drapeaux : « Libérez nos cama ra des ! Libérez nos camarades ! » Je passe le contrôle…je sens un regard casqué se retourner vers moi et… rien.. Jean, blouson, cheveux grisonnants, je passe..

La tension monte.. Crs et Bac+ camion net tes constituent une ceinture empêchant l’intersyndical et d’autres venus, côté place Antonin Poncet sou te­nir et manifester avec les lycéens, côté Bellecour… Les points se lèvent, des cris couvrent le bourdonnement de l’hélicoptère qui tourne au-dessus de nos têtes inlassablement… Autour de moi, la tension monte, en moi aussi… Situation bloquée.

Cette situation est restée bloquée ainsi pendant plus d’un quart d’heure sans aucune hostilité. Du coup, j’ai pris le temps de regarder de plus prêt les crs, leur équipement, mais aussi leur regard. J’ai vu des cyborgs.. Aucune discussion possible. Le rapport de force (protection, équipements armés) est tel le ment dis pro por tionné que je me suis senti agressé, menacé.. Puis, la tension monte encore, encore et ce blo cage de cette situation absurde, amène quelques jets de pierre. Moi physiquement, je ne savais pas quoi faire et j’imaginais qu’une percée pouvait changer le cours des choses et je la ressentais physiquement. Nous étions nombreux, bien plus nombreux qu’eux. Et par sur prise, nous aurions réussi.

Mais je me voyais mal crier ;  » Allez, on fonce dedans… ! Non. Je reste debout. Des pierres volent, j’attends et la première salve de lacrymo tombe. Des représentants syndicaux avec des drapeaux semblent parlementer. ça siffle, ça hue.. Mégaphone : faut rejoindre le cortège intersyndical derrière sur quai gailleton… Vers où ? Laisser les lycéens enfer mer ? Partir sans eux ? Et aller où ? (Place Guichard). Un p’tit tour et puis s’en vont. Non. Pas envie. La situation était là. Les drapeaux flottent, côté Bellecour, fumée blanche, les lycéens disparaissent.. Ah oui, j’ai pas bien compris mais y’a le drapeau peace qu’arrive comme un trophée sous les acclamations.. Il se place en tête et là, j’ai même cru naïvement qu’on allait enfin rentrer sur la place drapeau peace en figure de proue. Bon j’abrège.

Tension, tension, pétards, roue de vélo, hélicoptère, ballets des cyborgs, deuxième salve bien four nie de lacrymo et là on recule tous jusqu’au quai et pousser jusqu’au début de la rue de la Barre. Pas mal de drapeaux partent en direction de Guichard, regroupement, à nouveau face à face police. Il devait être vers 16h. De loin, Bellecour semblait désertique. Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement. J’ai entendu dire qu’il y avait eu gazage, matraquage, tankage à eau… Sur qui ?, Pourquoi ? Il y a un filtrage. Comment s’est-il opéré ?

Vers 17 heures, je bouge de check point, celui de la ré, je vois qques lycéens errer dans le vide, ensuite rue Émile Zola, là je vois un crs plaisanter, s’amuser à menotter une demoiselle nanti en faisant mine de la trainer sur la place et faire reculons parce qu’il y avait un gradé. Je fais le tour jusqu’au pont Bonaparte et là je vois plus d’une cinquantaine de lycéens les uns derrière les autres. Ils sont fouillés, contrôlés. Je demande à l’un d’entre eux qui vient de sortir si ils sont photographiés. Il me dit que lui non, mais d’autres oui : « J’ai posé des questions dit-il : » Qui photographiez-vous, sur quels cri tè res ? On lui répond : « Eux par exemple, en survêtement… ! »

Il commence à faire nuit. Rue Antoine de Saint Exupéry, un car avec des dizaines de lycéens prêt à partir… Un drapeau rouge avec le visage de Che Guevara : « Révolution- Solution ». Je quitte Bellecour. Si mon enfant s’était retrouvé enfermé sur cette place… J’aurais été capable d’une agressivité difficilement contrôlable. Mêmes les pierres n’auraient pas suffi, encore moins les voitures retournées.. Ce qui est cassé par certains est la marque d’une grande force, d’un grand cou rage. . Consciemment ou inconsciemment, ces gestes arrachent des marchandises aliénantes dans un décor de rues murées de vitrines, va et vient incessant de voitures stressées, bruit, air irrespirable. Marchandises parmi les marchandises, où étes-vous parents ? Où êtes-vous vivants ?

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