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Pendaisons en série : L’occident exporte sa « civilisation » en Irak

Après la pendaison de Saddam Hussein, celle annoncée d’anciens dirigeants du régime irakien, que nos dirigeants ont fréquentés et cautionnés à qui mieux mieux, montre l’hypocrisie et la barbarie de ceux qui ont tout détruit, semé le chaos en Irak, après avoir échoué à y trouver des « armes de destruction massive ».


« Fallait-il que Nouri al-Maliki soit électoralement aux abois pour qu’il ordonne au Haut tribunal irakien de condamner à mort par pendaison Tarek Aziz (ancien vice-Premier ministre), Saadoun Chaker (ancien ministre de l’Intérieur), Abed Hamoud (secrétaire du Président Saddam Hussein), pour avoir « cherché à éliminer les partis religieux en Irak avant 2003 » ? interroge Gilles Munier

« La condamnation à mort par pendaison de l’ancien ministre irakien des Affaires étrangères, Tarek Aziz, est un acte barbare de vengeance politique du gouvernement fantoche de Bagdad ainsi qu’un crime de guerre de plus dans la longue liste de crimes commis par Washington depuis l’invasion de 2003. » souligne pour sa part Bill Van Auken.

Il écrit notamment :

« Aziz avait été des décennies durant le chef de la diplomatie irakienne sur la scène internationale et s’était volontairement rendu en 2003 aux autorités militaires américaines, ajoute-t-il. De toute évidence, il se croyait protégé par sa réputation de longue date sur la scène internationale, dont ses relations diplomatiques avec plusieurs gouvernements américains. (…)

« Le tribunal et le régime lui-même sont les fruits d’une guerre criminelle et de l’occupation de l’impérialisme américain. La condamnation à mort a été dictée par Washington. De quel droit le gouvernement à Washington et ses agents locaux se permettent-ils de juger quiconque pour crimes commis contre le peuple irakien ?

Les sept années et demies passées de l’occupation américaine ont détruit la société irakienne et coûté la vie à plus d’un million de personnes, en transformant plus de quatre millions de personnes en réfugiés, en provoquant la famine et le chômage pour des millions de personnes de plus tout en en privant d’autres des services les plus essentiels.

Le fait de condamner Tarek Aziz à mort tandis que les auteurs de ces crimes – tant dans le gouvernement Bush que celui d’Obama – sont assurés de l’impunité n’est pas seulement un crime mais une obscénité.

Les défenseurs d’Aziz en signalant le caractère précipité de la condamnation à mort qui a été prononcée sans respecter le préavis usuel de 30 jours dans l’attente d’une telle décision, ont dit qu’elle était politiquement motivée. Ils ont accusé la cour d’agir au nom de Maliki et de ses commanditaires à Washington pour détourner l’attention de l’opinion publique de la diffusion par WikiLeaks la semaine passée de près de 400.000 documents américains secrets dévoilant le massacre de civils et la torture systématique pratiquée par les forces de sécurité fantoche irakiennes avec l’approbation tacite des Etats-Unis.

La cour martiale sommaire qui a condamné Aziz a opéré en tant qu’instrument de la politique américaine au même titre que le fait la « brigade des loups » que les Etats-Unis ont entraînée et à laquelle l’armée américaine, selon les documents de Wikileaks, a remis des prisonniers pour qu’ils soient torturés – souvent à mort – à l’aide de perceuses électriques, et administration de décharges électriques à haute tension et autres moyens sophistiqués de torture.

Washington a ses propres raisons de vouloir la mort de l’ancien ministre irakien des Affaires étrangères. Il y a ceux qui, au sein de l’establishment politique, ne peuvent accepter qu’il ait clairement réfuté les prétextes fabriqués de toutes pièces – « d’armes de destruction massive » et de liens avec Al Qaïda – pour l’invasion américaine.

De plus, la longue carrière diplomatique d’Aziz le place dans une position exceptionnelle pour révéler au grand jour le bilan criminel de l’impérialisme américain en Irak. Il fut le premier à avoir reçu Donald Rumsfeld (l’ancien secrétaire à la Défense de Bush au moment de l’invasion en 2003) lorsque celui-ci fut, en 1983, l’envoyé spécial du gouvernement Reagan chargé d’offrir le soutien des Etats-Unis à Saddam Hussein dans la guerre Iran-Irak.

Il se trouvait au coeur des manœuvres diplomatiques entre Washington et Bagdad juste avant la première Guerre du Golfe lorsque l’ambassadrice américaine à Bagdad, April Glaspie, avait accordé ce qui avait quasiment servi de feu vert à l’invasion du Koweit par l’Irak en 1990 et qui à son tour devait servir de casus belli pour une intervention massive de l’armée américaine dans le Golfe persique.

Il pourrait aussi révéler comment Washington avait systématiquement rejeté toutes preuves que l’Irak ne disposait pas « d’armes de destruction massive » et saboté toute tentative pour empêcher la guerre déclenchée par les Etats-Unis en 2003.

L’élite dirigeante américaine a grand intérêt à ce que Tarek Aziz emporte dans sa tombe les secrets qu’il détient sur les relations de ces 30 dernières années entre les Etats-Unis et l’Irak. Pourquoi laisser en vie un homme qui pourrait être cité comme témoin clé à leur propre procès pour crimes de guerre ? »

Bill Van Auken

CAPJPO-EuroPalestine