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« Le monde arabe bouge. Et il bouge bien ! », par Chérif BOUDELAL

Merci à Chérif BOUDELAL pour sa chronique régulière du monde arabe.


Le tsunami populaire terrorise les régimes arabes, qui terrorisent leurs peuples !

Après les victoires des peuples en Tunisie et en Egypte, huit autres pays arabes sont en effervescence (Algérie, Yémen, Jordanie, Bahreïn, Irak, Libye, Maroc, Palestine), les autres suivront sans doute bientôt.

Des manifestations se succèdent jour après jour dans les pays arabes, mais les répressions des régimes en désarroi sont de plus en plus meurtrières. Ainsi, il y a eu de nombreux morts, blessés et d’arrestations au sein des manifestants.

– Bahreïn

A Bahreïn on compte déjà cinq morts et des dizaines de blessés parmi les manifestants pacifiques, alors qu’ils ne réclament que le minimum : du travail et une « véritable monarchie constitutionnelle ».

– Libye :

La Libye s’embrase : dans 7 grandes villes du pays les manifestants libyens réclament le départ de Kadhafi (42 ans au pouvoir et il prépare son fils à lui succéder !) depuis trois jours. Hier et avant-hier la police a tiré à maintes reprises : il y aurait au moins 9 morts dans les deux premiers jours. Les mercenaires de Kadhafi (des Africains noirs selon des témoins qui l’ont déclaré à Al Jazeera) ont assassiné de sang froid dans la seule journée de vendredi 24 manifestants pacifiques dans plusieurs villes du pays, y compris lors de l’enterrement de ceux qui ont été assassinés auparavant.

A tripoli, le régime a organisé une contremanifestation lors de laquelle le colonel bourreau, Kadhafi, en a été la vedette ! Celui qui a apporté son soutien ouvertement à Ben Ali et à Moubarak n’est pas à sa première mascarade. Il a l’habitude de participer à de nombreuses manifestations « contre les USA et « contre la corruption » dans ses propres administrations !

Des policiers, ayant refusé de tirer sur les manifestants en colère qui ont brûlé des commissariats et d’autres institutions de l’Etat, ont jeté leurs armes et se sont sauvés. Kadhafi a fait intervenir des mercenaires africains parlant français, probablement parce que l’armée libyenne a refusé de tirer sur les manifestants. On rapporte qu’en cette seule journée de 18 février il y a eu au moins 24 manifestants tués à balles réelles.

– Yémen

Au Yémen, depuis cinq jours consécutifs les manifestations n’ont pas cessé de clamer le départ du bourreau, Ali Abdellah Salah. Il y aurait au moins huit morts et plusieurs dizaines de blessés. Là aussi le régime a organisé des contre-manifestations et des accrochages ont eu lieu entre manifestants et mercenaires.

– Palestine

Les Palestiniens de la Cisjordanie, après la répression ordonnée par Abbas contre eux la semaine dernière lors de la manifestation de soutien au peuple égyptien, ont repris de plus belle leurs manifestations et promettent de continuer tous les vendredis. Cette fois-ci les manifestants exigent des deux pouvoirs de Ramallah et de Gaza de mettre fin à leur division. Abbas qui prétend vouloir imposer des élections en juillet est contesté par la majorité des Palestiniens, vu son implication à des « négociations secrètes » qui frôlent la trahison. Le gouvernement dirigé par le Hamas refuse des élections sans la réalisation de l’unité nationale. Et les « autorités » de Ramallah ne sont pas prêtes à renoncer à leurs privilèges octroyés par Israël à la condition expresse qu’elles continuent à pourchasser le Hamas.

– Algérie

Des partis politiques et syndicats algériens ont annoncé qu’ils allaient manifester demain, samedi 19 février 2011, en bravant l’état d’urgence. Des voix des proches du régime s’élèvent pour demander à l’Etat de lever cet état d’urgence et effectuer des réformes pour éviter son écroulement. C’est le cas d’Abdelhamid Mehri, ex premier diplomate, ex secrétaire du parti FLN.

– Maroc

Des partis et syndicats marocains appellent à manifester ce dimanche 20 février 2011.

Le rêve peut devenir réalité

Au total dix pays arabes bougent, et bougent bien malgré la répression dans le sang des régimes. Et voila que le rêve d’Abou el Kacem Chebbi s’est réalisé et est devenu réalité, 77 ans après sa mort. Voici la maxime prémonitoire d’Abou el Kacem Chebbi : « Si un jour le peuple veut vivre (et se libérer), le destin l’écoutera (il parviendra à vaincre), la nuit disparaitra et la chaîne se brisera ». On croyait que la réalisation de cette maxime – devenue le slogan des militants qui luttent contre l’injustice dans les pays arabe -, était impossible. Mais elle s’est réalisée ; et le hasard a voulu que cette prédiction de Chabbi se réalise, d’abord dans son pays natal (la Tunisie), ensuite en Egypte, et la boule de neige grossit jour après jour.

Désormais ce rêve est devenu réalité en Tunisie et en Egypte. Et s’il s’est concrétisé dans ces deux pays, il peut être réalisé aussi dans n’importe quel pays arabe où les peuples souffrent de leurs bourreaux de rois et présidents-rois qui se croyaient intouchables.

Ces bourreaux se croyaient intouchables car, en plus de leurs milices, de leurs mercenaires et de leurs armées qui les protègent, ils sont soutenus par les grandes puissances. Celles-ci, à leur tête les USA, ne sont en réalité que de faux amis à ces régimes, car dans la politique il n’y a que les intérêts qui comptent. Et nous avons constaté leur volte face vis-à-vis de Ben Ali et Moubarak.

Et puis, l’affaire Bokassa est encore dans la mémoire de tous les français : après avoir bourré les banques occidentales avec l’argent volé à son peuple, distribué or et diamants aux chefs d’Etat occidentaux, une fois évincé du pouvoir, le dictateur centrafricain s’est retrouvé clochard en France où il ne trouvait même pas de quoi payer sa consommation électrique ! Ceci devrait servir de leçon à ces minables qui gouvernent leurs peuples avec une main de fer, en offrant les richesses de leurs pays à leurs soi-disant protecteurs occidentaux, en affamant leurs propres peuples.

Donc, dans 10 pays arabes sur 20 les peuples ont bougé contre leurs bourreaux dont la durée des « mandats » des présidents-rois varie entre 14 ans (pour Bouteflika) et 42 ans (pour Kadhafi) ! Et sans qu’ils soient délogés, ils ne sont pas prêts à lâcher le morceau.

Il reste encore 20 régimes, dits arabes, auxquels il faut appliquer les slogans-symboles : en plus de la maxime de Chabbi citée plus haut, il faut leur réserver le « Dégage » tunisien. Ce « Dégage » inspiré par la jeunesse tunisienne, qui a été l’« allumeuse » de cette étincelle devenue le flambeau et symbole de la liberté que chacun de ces peuples opprimés aspire à faire sien.

Ceci dit, nous sommes conscients que si en Tunisie et en Egypte les peuples sont parvenus à chasser leurs bourreaux au bout de quelques semaines et avec « seulement » quelques centaines de morts, cela ne sera pas le cas dans tous les autres pays des monarchies et des régimes militaires. En effet dans les pays à régimes monarchique et militaire, si les peuples décident d’en finir avec leurs bourreaux, ils parviendront sans doute, mais en payant probablement un tribut beaucoup plus lourd que ces deux pays. Les victimes pourraient se compter par milliers, par dizaines de milliers, voire beaucoup plus.

– Les nouvelles de l’après victoire en Egypte

Les jeunes qui ont déclenché la révolution en Egypte ont décidé de se constituer en parti politique pour s’impliquer dans les instances dirigeantes, car ils ont peur qu’on leur vole la victoire. Des grèves se sont organisées dans tous les secteurs économiques et tertiaires égyptiens, y compris chez les policiers qui sont sortis manifester pour réclamer l’augmentation de leurs salaires et dénoncer leurs dirigeants qui leur ont donné les ordres de tirer sur les manifestants.

Par ailleurs, ils ont décidé de manifester tous les vendredis, après la grande prière, et se rassembler à Midan Tahrir au Caire, et ce jusqu’à la réalisation de toutes leurs revendications. Une façon de rester mobiliser afin de ne pas donner l’occasion à des arrivistes de faire avorter leur Révolution.

– Les grandes puissances en désarroi

Les USA et les dirigeants de l’UE essaient de se racheter après avoir soutenu les régimes de Ben Ali et de Moubarak, et même d’anticiper pour appeler les autres régimes arabes qui ne sont pas tombés encore à autoriser les manifestations et de ne pas réprimer les manifestants. Les USA appellent le roi du Bahreïn, où est basée leur cinquième flotte militaire, à respecter les revendications du peuple. Bien entendu, leur appel est à double tranchant : d’une part ils se montrent du côté de la « démocratie » pour attirer la sympathie des manifestants, et de l’autre côté ils rappellent au roi qu’ils pouvaient le lâcher s’il ne se montre pas maniable et plus généreux envers eux.

Dernières nouvelles des bourreaux

Nous avons appris que Ben Ali a été hospitalisé dans un hôpital de Djedda (Arabie saoudite) sous un faux nom, comme un voleur ! Il serait dans un coma profond depuis trois jours déjà. Hosni Moubarak, quant à lui, on ne sait pas où il est exactement, mais il ne devrait pas tarder à subir la même chose que Ben Ali, si ce n’est déjà fait, et il y a de quoi ; car il était déjà déprimé avant son départ à Charm El Cheikh.

Nous, simples citoyens arabes, exigeons des amis de ces deux bourreaux qui leur offrent l’hospitalité, de veiller à ce qu’ils soient bien soignés afin de les empêcher de mourir ; car ils doivent être jugés pour tous les crimes qu’ils ont fait commettre et pour les richesses des peuples tunisien et égyptien qu’ils ont volées.

Chérif Boudelal (Contact : immigrationstorys@yahoo.fr)

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