Header Boycott Israël

Egypte, Tunisie : l’hiver n’a pas effacé le « printemps »

Le peuple est là et il est loin d’avoir dit son dernier mot tant en Egypte où les manifestations se poursuivent, qu’en Tunisie où l’émir du Qatar vient de se faire « accueillir » aux cris de : « Ni l’Amérique ni Qatar, le peuple tunisien est libre ! »


Le blog de Sylvie Nony, enseignante au Caire :

« C’est vrai, il fait très froid cet hiver. Enfin tout est relatif, mais dans la journée, le thermomètre peine à tutoyer les quinze degrés, et dès le soir venu, les pulls et les doudounes, les réchauds et les vins chauds s’imposent.

Mais l’hiver dont les médias français parlent c’est celui qui se serait abattu, après un printemps qu’ils n’avaient pas vu venir, et un été qui n’est jamais arrivé. Là, ils en sont sûrs, tous leurs thermomètres le disent : les pays arabes rentrent dans l’ère glaciaire et Moncef Marzouki doit rendre des comptes : qu’a-t-il fait depuis 30 jours et 30 nuits qu’il a le pouvoir ? Non mais des fois, c’est pas un autocrate en puissance qui va berner nos fins limiers politiques !

Outre que l’ère glaciaire précédente n’a pas fait beaucoup frissonner certains des donneurs de leçon de démocratie d’aujourd’hui, on est en droit de se demander quelles lunettes chaussent-ils pour aborder un phénomène aussi inédit ? Certes, de nos jours, Nadine Morano en un tweet peut en déclencher mille autres qui, même critiques, ont l’heureux avantage de faire parler de sa personne, pourtant assez inintéressante. Certes, en quelques secondes, des ordinateurs de banques mondiales peuvent échanger des dizaines de milliers de contrats et provoquer, comme en mai 2010, une chute historique du Dow Jones.

Mais changer un pays, changer un ordre social, est-ce que cela ne mérite pas quelques mois, ou quelques années de patience… dans l’impatience ? Les mentalités évoluent-elles à la vitesse d’un clic ?

En tout cas, dans le froid et la patience, quelques centaines de juges égyptiens ont décidé de rappeler leur existence à un ministère de la justice qui a oublié que leur combat pour des élections transparentes en 2005 par exemple, ou en 2010, ou contre la corruption de certains de leurs confrères étaient devenu, depuis janvier 2011, un combat légitime. Le ministre actuel semble sourd à leurs demandes de réintégration et ils campent à tour de rôle (et en costard) devant le Conseil Suprême de la Justice depuis plusieurs jours. Leur slogan réclame, au nom du peuple, la purge des magistrats (corrompus) et la réintégration de ceux qui ont été victimes d’injustice.

Toujours dans le froid, mais qui plus est sans tambour ni trompette pour éviter que la maréchaussée n’arrive la première (ce qui fait que je n’ai pu encore y assister), les jeunes de la révolution, notamment ceux du 6 avril organisent des rencontres dans les quartiers populaires : un vidéo-projecteur, un mur, un mégaphone et une projection militante démarre sur les exactions de l’armée de ces derniers mois, sur l’injustice sociale persistante, puis un débat s’ensuit sur la nécessité de poursuivre la révolution.

Avec concert ou non, ces rassemblements semblent rencontrer un très grand succès et montrent que les jeunes ont mesuré l’urgence d’aller vers leurs compatriotes les plus défavorisés pour lutter contre l’ignorance et la désinformation. Partout fleurissent des bombages comme celui ci-dessus, photographié nuitamment, “l’armée et l’assemblée appartiennent au peuple, pas l’inverse”.

Que ce soient les juges ou les jeunes, ou n’importe quel autre rassemblement dans le pays, tous se concluent sur la nécessité de poursuivre ce qui a été commencé le 25 janvier dernier. L’appel à célébrer pacifiquement le premier anniversaire de la révolution est maintenant soutenu par 54 partis et mouvements, auxquels s’ajoutent de nombreuses associations. La dernière à s’être ralliée (aujourd’hui) est celle des Soufis qui, par la voix du président de l’association des confréries, vient d’appeler à participer au rassemblement. La plate-forme des 54 partis et mouvements réclame, outre le transfert total du pouvoir à un gouvernement civil pour avril (donc l’achèvement de l’élection présidentielle à cette date), la libération de tous les activistes emprisonnés à l’heure actuelle, la fin des tribunaux militaires pour les civils, et l’établissement d’un salaire minimum et d’un salaire maximum (tiens, ce serait une bonne idée pour un programme électoral…). »

En Tunisie

Des milliers de Tunisiens ont accueilli samedi dernier l’Emir du Qatar aux cris de : « Ni l’Amérique ni Qatar, le peuple tunisien est libre ! », ou encore
« Travail, liberté, dignité ! » .

Les manifestants, dont bon nombre de partisans du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), ont retrouvé un « Dégage ! » bien senti à l’égard d’un gouvernement qatari accusé d’ingérence.

Venu assister aux commémorations du premier anniversaire de la révolution tunisienne, Hamad Ben khalifa Al Thani a pu constater que la transition démocratique en Tunisie a bien lieu.

CAPJPO-EuroPalestine