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Aéroport du Caire : témoignage de Donna en texte et images !

« Refus de passer ? O.K. : ce n’est que partie remise ! « . Donna, jeune femme d’origine australienne qui vit en Turquie, raconte sur son blog son expérience en tant que participante à la Coalition internationale des femmes contre le blocus de Gaza bloquée dans l’aéroport du Caire.


« Nous voici le 8 mars, journée internationale de la femme, et me voilà assise devant mon clavier dans ma maison si confortable, sûre de profiter de l’électricité 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, avec de l’eau potable aux robinets autant que j’en veux… alors que je devrais être aujourd’hui même à Gaza !
Je devais faire partie d’une délégation d’une centaine de femmes venues du monde entier venues rencontrer leurs sœurs de Gaza : des femmes qui accumulent tant de souffrances. Le blocus imposé par Israël leur inflige mille difficultés, absence de services minimum et empêche tout soutien.
Je m’étais préparée à tenir un blog quotidien relatant nos activités et nos rencontres.

Mon souhait était la rencontre des Palestiniens du peuple : de les écouter, attentive à leur histoire personnelle, celle des paysans, celle des marins-pêcheurs, celle des étudiants et de ceux parvenus à l’université, et ceux des autres organisations et associations. Et d’avoir à leur égard un geste, sans doute symbolique, mais réalisable à notre niveau : leur remettre modestement quelques lampes solaires : pendant les coupures d’électricité, dues aux manœuvres israéliennes, qu’ils puissent encore avoir de la lumière !

Notre délégation « Femmes contre le blocus de Gaza » est internationale. Elle est constituée de femmes ayant réalisé l’injustice du blocus puis ayant pris la décision d’attirer l’attention de leurs contemporains sur le drame de la vie des Palestiniens obligés de subir une vie sous occupation israélienne.
L’idée est venue de d’EuroPalestine, que mon réseau social CodePink a de suite relayée et à laquelle j’ai répondu rapidement, ainsi que nombre de femmes. Dont le prix Nobel de la paix, la militante irlandaise Maired MAGUIRE, et la militante algérienne opposée à la colonisation de son pays, Djamila BOUHIRED (79 ans) et tant d’autres, connues et inconnues ! Dans cette machine qui prenait de l’ampleur, je tenais ma place de petit rouage…

L’organisation du voyage sur Le Caire, étape avant de passer par Rafah, a dû composer avec le gouvernement égyptien : la liste des passagères en transit a été envoyée aux autorités, avec nos noms et nos photocopies de passeports, un mois avant notre arrivée. L’Egypte n’a opposé à ce voyage aucune objection.

Le 4 mars, la veille de mon départ d’Istanbul, je reçois un message de Medea BENJAMIN, l’une des fondatrices (américaine) du réseau CodePink : elle est arrivée à l’aéroport du Caire, mais elle y est bloquée par la police égyptienne. Mais on apprend qu’une autre militante, Ann WRIGHT est passée. Medea nous envoie des photos du cachot où elle est enfermée. C’est une période confuse, car on reçoit en même temps des nouvelles d’amies qui ont passé la douane sans problème. On comprend que Medae figurait sur une LISTE NOIRE : femmes qui devaient être ‘’déportées’’, renvoyées, expulsées.

Le témoignage poignant de ses épreuves est à lire sur LE BLOG DE DONNA.

Suite à l’expulsion de Medea BENJAMIN, trois autres femmes sont expulsées d’Egypte, pendant que trois autres de nos amies réussissent à passer la police des frontières. C’est du n’importe quoi, il n’y a rien à y comprendre.
Pour ce qui me concerne, je décide que je devais tenter ma chance : c’est la première fois que je viens en Egypte et comme je n’ai jamais causé le moindre problème là où je suis passée je ne pouvais figurer sur cette liste noire !

Je pars donc le 5 mars d’Istanbul : pas de problème ! Je recevais, de temps en temps, des nouvelles des autres participantes, et j’étais super-optimiste. Mes valises étaient pleines à craquer de lampes rechargeables, de lokoums, de foulards turcs en décoration et de mille autres petits cadeaux. Je partais pour Gaza et j’avais prévu de faire plaisir à toutes les femmes de Gaza ! Je partais pour Gaza !

Je suis bien arrivée au Caire à 16h40 ! Mais mon optimisme n’a pas été suffisant ! Mon entrée au Caire a curieusement été refusée à la douane par la police des frontières. Mon visa avait été pourtant accordé, mais on m’a demandé de m’assoir après avoir confisqué mon passeport : mon optimisme est atteint ! Je remarque alors plusieurs autres femmes assises en face de moi et je me dis qu’il ne faut sans doute pas que je leur parle pour ne pas indiquer à la police que nous faisons partie de la Coalition. Je dois jouer la carte de la simple touriste, c’est mon rôle à ce contrôle qui nous bloque. Je joue le jeu.

Une demi-heure plus tard arrive une autre vague de femmes de la Coalition. Nous réalisons alors que les autorités égyptiennes vont nous bloquer, que nous soyons ou non sur la liste noire : ils ne nous laisseront pas passer. Je discute alors avec une jeune fille syrienne, qui étudie au Caire : la police la soupçonne de faire partie de notre délégation, puis, au bout d’une heure, elle la laisse passer. La jeune fille me glisse alors un porte-clés ‘’porte-bonheur’’, un porte chance!

Le temps tourne, et on se retrouve à une quarantaine bloquées à l’intérieur de l’aéroport ! La plupart sont des Françaises, les autres sont des Américaines de CodePink dont je fais partie, plus des Belges si je ne me trompe pas. La nuit se passe à envoyer des MSM, des textos, à communiquer par téléphone : nous essayons de toutes les façons de communiquer pour informer que nos passeports sont confisqués et qu’il nous semble bien difficile maintenant d’entrer en Egypte ! Pas de trace de mes bagages ! Je m’en inquiète, mais à chaque fois on me répond : « Pas de problème ! »

Je finis par me résoudre à appeler mon époux pour lui demander d’obtenir une action par l’ambassade britannique en Egypte. D’abord pour que me soit rendu mon passeport, mais aussi pour que les autorités égyptiennes soient informées que j’étais là et qu’on devait en tenir compte.
Les heures tournaient. Et je vois la délégation française qui ose installer en plein milieu du hall d’arrivée de l’aéroport une structure qui évidemment scandalise les fonctionnaires égyptiens. C’était clair que, de part et d’autre, on s’installait dans une confrontation sans issue immédiate.

Des banderoles sont déployées « Libérez la Palestine », ou des affiches « Check Point israélien » et les militantes se mettent à chanter des paroles contre l’occupant de la Palestine. C’est maintenant évident que nous ne pourrons pas entrer en Egypte. Nous décidons alors de défier les responsables égyptiens qui bloquent notre mission et qui privent les femmes de Gaza de nos présents, en déballant nos cadeaux et en exposant : on expose nos cadeaux et on les défie nos adversaires : voilà ce que nous apportions aux femmes de Gaza !

Alors maintenant, il me faut dire que mon nouveau héros, celui que je découvre alors, est Olivia Zémor ! Son esprit, son combat pour la Justice n’a pas de limites ! J’ai vu comment elle a travaillé tard dans la nuit et sans repos et comment elle a continué à mener tôt le matin les négociations avec les délégués et avec les responsables locaux égyptiens et les autorités françaises et avec toutes autres personnes capables de résoudre le problème. C’est elle qui a été la force qui nous a tenues unies et solides et voilà une femme qui, à mon avis, ne sera jamais dépassée dans ce combat pour la Palestine.

[rouge] (NDLR : Négociations souvent cocasses car les officiels égyptiens ne savent plus où donner de la tête. En outre, ils sont filmés et ne peuvent pas laisser transparaître leur désarroi. Leurs « propositions » en forme de leurres : « venez, nous allons régler tout cela dans une pièce plus confortables où vous pourrez vous reposer et vous restaurez… » nous font toutes rire et pas moyen de nous diviser. Ils appellent le Consul de France pour les épauler et nous faire accepter ces « offres généreuses »… Sans succès ! Les négociations se déroulent devant tout le monde et toujours sous le signe de l’humour, comme le montre la présence des parapluies palestiniens et de nos casquettes portant l’inscription « Palestine Libre », en arabe).[/rouge]

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(…)Nous devions maintenant manifester notre présence, la faire sentir, l’imposer, et tirer le profit maximum de la publicité faite à notre sort dans cet aéroport où nous étions enfermées. Un journaliste-photographe avait voyagé avec nous et notre objectif était double : faire connaître notre situation actuelle, mais surtout la situation de Gaza. S’il nous était interdit d’arriver à Gaza, qu’au moins notre témoignage du drame passe, malgré les ordres des autorités égyptiennes.

Voilà 26 heures que nous sommes retenues à l’aéroport ! Nous chantons, nous dansons, nous protestons par des chansons ! Face à cela, et de la part des passagers en transit, nous observons parfois de la stupéfaction, un peu d’irritation, mais beaucoup d’applaudissements et donc d’approbations ! La sécurité égyptienne empêchait les gens de prendre des photos. Cette fameuse sécurité égyptienne, excédée par nos propres photos et vidéos, a fini par installer une caméra de prises de vues permanentes dans la salle qui permettait la surveillance du groupe. S’il vous arrive d’arriver prochainement au Caire, vous apercevrez cette caméra en haut, à droite de la porte dite « de sécurité » à votre entrée : c’est celle installée spécialement pour les « Femmes contre le blocus de Gaza » !

J’ai été surprise par l’attitude des fonctionnaires Egyptiens à l’égard de Gaza. Je m’attendais à une attitude fraternelle face au blocus israélien. Mais ce que j’ai vu, c’est le mépris et le désintérêt de la plupart des fonctionnaires égyptiens face à la situation des Palestiniens. D’abord parce qu’ils amalgament la Palestine avec le Hamas. C’est d’ailleurs une honte que l’ensemble du monde fasse de même. C’est à cause de ce prétexte, de cette excuse, qu’Israël se comporte de façon odieuse envers les Palestiniens et que, à Gaza, les citoyens de toute façon souffrent et meurent.
J’ai relevé quelques lueurs d’espoirs dans certaines attitudes et certaines approbations de plusieurs employés de l’aéroport qui se savaient hors d’écoute et libres de s’exprimer. Ils nous ont remerciées pour ce que nous essayons de faire et ils nous ont souhaité bonne chance. Il y a même un pilote qui, en passant, nous a fait bravo, du signe du pouce levé, en plein public ! Et ça, c’est pas rien !

Ce qui m’a frappé, c’est la bonne humeur inaltérable des femmes de CAPJPO Europalestine à qui j’ai dit au revoir lorsque je me suis embarquée pour mon retour ! Elles étaient toujours de bonne humeur ! Malgré la pression pour leur propre libération et pour la situation des gens de Gaza ! De mon côté, je traînais une grippe ou quelque infection de poitrine, dûe sans doute à la climatisation, m’empêchant de participer aux chants et danses du groupe que j’ai quand même filmés. Mais rien ne m’a éloignée de l’enthousiasme qui animait ces femmes incroyablement courageuses et aussi fortes ! Voilà des femmes qui partagent une commune passion pour la Justice et pour la Liberté due à tous. Et j’espère rester amie avec ces femmes-là !

Et maintenant, si l’un ou l’une d’entre vous a quelque doute concernant les difficultés que rencontrent les Palestiniens, voici quelques questions simples.
Connaissez-vous un autre pays que la Palestine, ou un autre territoire dans le monde, où il soit interdit aux habitants de visiter les pays voisins ou d’être visités par les voisins ? Même question pour l’Egypte, concernant Gaza. Où ailleurs (qu’en Egypte) est-il interdit d’entrer pour aller rendre visite à un pays voisin ?

Donna, à gauche sur cette photo :

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à sa droite, Claire une Française qui traduit en anglais pour elle, une autre Donna américaine et Cayman étudiante américaine.

Le blog de Donna : http://destinationgaza.weebly.com/blog.html

et elle a créé une pétition qui a déjà recueilli assez de signatures pour qu’elle puisse interpeller quelques hauts responsables à l’échelle mondiale :
http://www.change.org/fr/pétitions/calling-on-the-united-nations-to-investigate-and-hold-israel-to-account-for-the-war-crimes-crimes-against-humanity-they-commit-on-a-daily-basis?share_id=ZiqkRQhvad&utm_campaign=signature_receipt&utm_medium=email&utm_source=share_petition

(Merci à André pour la traduction en Français)

CAPJPO-EuroPalestine