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Eran Cohen, partisan du BDS, candidat à la présidence de l’Union des Étudiants Juifs de Grande Bretagne !

Né à Tel Aviv, le militant pro-palestinien Eran Cohen, âgé de 27 ans, a créé la surprise en se présentant comme candidat à la présidence de l’Union des Étudiants Juifs de Grande Bretagne (UJS). Merci à Chantal pour la traduction de son discours de présentation, publié dans Haaretz … et qui ne manque pas d’humour…


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« Au moment où des candidats de l’extérieur émergent partout dans le monde, la tendance vers le populisme radical semble gagner la politique des étudiants juifs du Royaume-Uni.
Le candidat « surprise » pour les élections du président de l’Union des Étudiants Juifs est Eran Cohen, militant pro-Palestinien de longue date et partisan éloquent du mouvement de « Boycott, Désinvestissement et Sanctions », commente Haaretz.

« La candidature du jeune homme de 27 ans est un changement pour un groupe qui est depuis longtemps un bastion de la politique communautaire, dédié à combattre les boycotts dans les campus et à renforcer les liens des étudiants avec Israël.

Un rôle supérieur dans l’UJS est depuis longtemps une étape pour les étudiants qui envisagent un avenir parmi les dirigeants anglo-juifs, ou dans l’arène politique traditionnelle.

Eran Cohen, membre du collectif juif anarchiste du Royaume-Uni, « Jewdas » (Judas-le-traître !), diasporiste convaincu, vient vraiment d’autre part, comme il l’a précisé dans son clip de campagne de trois minutes et demie. (voir ci-dessous)

Sur fond de musique bien Klezmer-de-la-Diaspora, généreusement saupoudrée de yiddish, ça débute avec un résumé de la Déclaration de « Bal-four » de 1917. Maintenant, déclare Cohen du haut d’une chaire à prêcher d’une synagogue du Quartier Est de Londres, bastion historique du radicalisme, c’est le moment de faire du « Bal-five » – en d’autres termes, une « Déclaration de Balfour » Mark II !

Son plan en cinq points comprend la volonté de faire opposition à l’augmentation des frais d’étude – qu’il traduit « gneyve », « vol » en yiddish – et de privilégier le rapprochement avec la Diaspora afin de renforcer les liens avec Israël. Et ça finit avec une promesse de « Bagels, de Dreidels (toupies) et de Socialisme » !!

« Alors, c’est simple » dit Cohen impassible, « je n’ai pas besoin de vous expliquer le BDS ».
Blague à part, peut-être faut-il qu’il se prépare à faire face à une tâche assez difficile :
L’Union des Étudiants Juifs (UJS) qui comprend plus de soixante associations juives (J-Socs) dans l’ensemble du pays, a un idéal « libéral », étant partisane de la solution à deux états et de programmes antiracistes et interconfessionnels.
– Néanmoins, ils sont de droite par rapport à moi, admet-il, sourire aux lèvres.

Né à Tel Aviv, Cohen a grandi à Kfar Vitkin jusqu’à l’âge de 10 ans, et vit maintenant presque toujours à Londres. Membre du Parti Travailliste et étudiant en troisième année de biologie, Cohen a une expérience combattante du rôle politique des syndicats, à l’époque où il travaillait comme assistant dans un laboratoire médical dans un hôpital de la zone Est de Londres. Il se targue aussi, dans son clip de campagne, d’avoir été blessé pendant son service militaire en Cisjordanie : « Je n’ai donc pas peur de me placer dans la ligne de tir, quand il s’agit de mes convictions ». Ceci, cependant, fait allusion, avec un brin d’humour, au jour où un soldat de l’armée israélienne lui a tiré sur la jambe, muni d’une balle en caoutchouc, au cours de protestations non-violentes à Bi’ilin.

Cohen explique que sa propre implication dans les activités des Juifs sur le campus, est compromise vu les deux façons de traiter la politique du Moyen Orient :
– « On ne peut même pas s’engager dans une conversation au sujet d’Israël et de la Palestine ou du sens du Sionisme sans qu’on vous fasse taire. Les membres de la « JSoc » rétorquent qu’ils appartiennent à un groupe religieux, non politique, mais elle n’a aucune raison d’être, alors qu’on déploie des drapeaux israéliens (à l’occasion des réunions) et qu’on essaie d’enrôler des gens pour faire le voyage « Birthright Israël » (« Droit de Naissance » à Israël).
Ce projet, qui comprend une offre de voyages à destination d’Israël – dix jours pour de jeunes adultes afin de consolider leur identité – est dirigé par l’Union patriotique Juive (the United Jewish Israel Appeal), qui finance l’UJS en grande partie. Jewdas, de son côté, a lancé une alternative, « Birthwrong » (Naissance à l’envers !) : Ce groupe est allé en Andalousie l’été dernier. »

Cohen s’est alors tourné vers la « York’s Palestinian society », où il s’est chargé du BDS et a organisé sur le campus, un référendum sur le boycott des produits issus des colonies : une réussite. Il a également mis en scène « Seven Jewish Children : A Play for Gaza » et y a joué : pièce très controversée. Puis il a organisé la Semaine annuelle de l’Apartheid israélien, campagne dans l’ensemble des campus, que l’UJS a jugée « hostile et intimidante au plus haut degré ».

Tout ceci rend sa candidature difficile à accepter, mais il explique avec enthousiasme que le BDS n’a rien d’extrême, soutenant fermement que la Semaine de l’Apartheid ne pose aucun problème. À son avis, les Juifs font d’Israël la partie essentielle de leur identité. Ils voient donc tout ça comme une attaque émotionnelle contre leur identité. Il reconnaît que le BDS n’est pas forcément une question claire et simple et il explique que son expérience personnelle lui donne des doutes sur le boycott académique : Son projet étendu sur trois ans, est l’étude d’une mutation génétique dans les communautés métissées. Il explique que la plupart des malades sont des paysans palestiniens et que la plupart des chercheurs sont israéliens : « Même si je soutenais pleinement le boycott académique, est-ce que je boycotterais une université ou une recherche qui serait favorable aux Palestiniens ? Manifestement non ».

Alors, comment réaliserait-il le mandat de l’UJS, qui est de s’opposer activement aux boycotts d’Israël ? Du fait que la politique de l’Union est déterminée par la conférence et non par décret, Cohen a déclaré qu’il se soumettrait volontiers à la décision de la majorité, mais qu’il encouragerait le débat et l’éducation parmi les membres de l’UJS au sujet du BDS :
– « L’important, c’est que les non-sionistes soient représentés, par exemple le groupe « pro-Israël, pro-paix » Yachad dont la recherche montre que 31% des Juifs britanniques ne se définissent pas comme sionistes : Dans une démocratie moderne, on ne peut dire que ce chiffre soit insignifiant. »

Bon nombre d’étudiants juifs, même s’ils s’opposent au BDS, se réjouissent de sa candidature et espèrent s’amuser s’il obtient quelque succès aux suffrages.
– Il serait intéressant de voir les jeunes bousculer l’establishment, remarque le chef d’une importante organisation reliée à Israël.

En effet, récemment, les institutions communales juives ne se sont pas couvertes de gloire : Le président de la « Board of Deputies » – la ligue de Juifs britanniques – a consterné une grande section de la communauté, lorsqu’il s’est empressé de féliciter Donald Trump après sa victoire aux élections :
– « Je voudrais féliciter Donald Trump à l’occasion de sa victoire, a tweeté Jonathan Arkush quelques heures après les résultats. Après une campagne qui avait divisé l’opinion, j’espère qu’il va jeter des ponts et s’assurer que le renom de l’Amérique comme modèle de progrès, de tolérance et de libre réflexion, reste grand. »

Plus de cent personnes, y compris de nombreux chefs de mouvements étudiants, ont signé une furieuse lettre de plainte adressée à la ligue qui, a dû s’en expliquer.

D’autre part, on accuse constamment les associations communautaires de soutenir sans réserve la politique du gouvernement israélien actuel et de ne pas tenir compte de l’opinion progressiste parmi les Juifs britanniques. Donc, peut-être n’est-il pas surprenant que l’extrême gauche juive aille de l’avant dans son combat. Les gens vont à l’extrême, c’est dans l’air du temps !

C’est sans doute pourquoi Cohen affirme que la réaction à sa candidature a été généralement positive. Au moins il n’a pas reçu « plus d’insultes que d’habitude » sur Twitter.
– « Je ne me présente pas pour me promouvoir, précise-t-il. Être président de l’UJS n’était pas une ambition personnelle : on en a besoin du fait que beaucoup d’entre nous se sentaient isolés et rejetés.

Pendant la campagne électorale, il a passé des heures à parler avec des représentants de la JSoc – ce qui, dit-il, a été très intéressant :
– « Très peu d’entre eux avaient rencontré des Juifs avec de telles opinions, dit-il. Ils m’ont appris beaucoup de choses et j’espère que je leur ai appris quelque chose.

Alors, peut-il gagner ? Pour qu’on vous propose comme candidat, il faut obtenir le soutien d’au moins dix étudiants – dans cinq campus. C’était facile, dit-il.
Les deux autres candidats semblent bien avoir fourni moins d’efforts pour faire campagne.
Un certain Josh Holt présente sans originalité, son clip promouvant l’activisme d’un sous-groupe israélien, dans le camp de la « Board of Deputies », tandis que’ Adam Schapira choisit la parodie d’une superproduction genre Hollywoood, qui n’a rien à voir avec la campagne.

En fait, la participation est en général très faible. L’année dernière, c’était un record : seulement un peu plus de 1.100 votes pour élire un des quatre candidats. Le gagnant, remarque Cohen, avait une majorité de quatre voix.
Il fera campagne parmi les « JSocs » au cœur de ce pays, jusqu’à la fin du scrutin, le 9 décembre. Ses amis continueront assidument à faire campagne dans les médias sociaux, faisant 613 autres promesses et réclamant des droits pour les réfugiés. Déclaration 41 : « Être contre l’occupation ne veut pas toujours dire qu’on est contre Israël ».

Selon Cohen et ses partisans, sa candidature représente déjà une victoire.

Ici sa vidéo de campagne pour ceux qui comprennent l’anglais : https://youtu.be/EYl9F0TB0CI

(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source : http://www.haaretz.com/world-news/europe/.premium-1.756883

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