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Comment Airbnb participe à la dépossession des Palestiniens

Dans son dernier rapport, le centre de recherche indépendant « Who Profits from the Occupation » analyse comment Airbnb, site basé aux États-Unis et fonctionnant sur le principe d’une « communauté de confiance » tire profit du référencement et de la publicité liés à des offres situées en Cisjordanie, dans le Golan et à Jérusalem-est.


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En novembre 2018, suite à de nombreuses campagnes d’information dénonçant cette pratique, Airbnb avait annoncé retirer de son site certaines de ces annonces.
Mais les pressions israéliennes, et un procès pour  » discrimination religieuse » engagé contre le site par douze familles juives américaines proposant des hébergements dans les colonies via cette plate-forme, l’a amené à faire machine arrière et à déclarer : « Nous comprenons la complexité du sujet. De ce fait, nous continuerons à proposer des hébergements dans toute la Cisjordanie, mais n’en tirerons pas profit. Les revenus de générés par ces offres seront reversés à des ONG à travers le monde ».

« Une manière de blanchir son soutien au tourisme colonial et à l’occupation », commente Who Profits.

En outre, souligne ce centre de recherche animé par des Israélien-nes, Airbnb profite aussi des propriétés volées aux Palestiniens à l’intérieur de des territoires de 48.

En se penchant sur le cas de la vieille ville de Yaffa, Who Profits démontre comment la compagnie contribue au vol des terres des Palestiniens à l’intérieur de ce qui est aujourd’hui considéré comme Israël.
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« Durant la Nakba en 1948, rappelle Who Profits, 750 000 palestiniens ont été expulsés manu militari de leurs terres et propriétés. Depuis, l’état israélien n’a eu de cesse de chercher à se les approprier à travers des mécanismes légaux lui permettant de normaliser ces vols et d’en faire des atouts économiques. Cela contrevient directement au Droit au retour des Palestiniens en bloquant toute possibilité pour les propriétaires légitimes de retrouver leurs biens.
Depuis la Nakba, la confiscation des terres et autres propriétés appartenant à aux réfugiés palestiniens a été profitable non seulement à des individus et entreprises privées, mais aussi à l’état colonial.

En 1950, Israël a promulgué une loi sur la « propriété des absents » qui transférait les titres de propriété appartenant à des réfugiés palestiniens à l’état israélien. Aujourd’hui encore, celui-ci continue à gérer l’entretien et la location de certaines de ces propriétés à travers des entreprises nationales telles que Amidar. Quant au reste des propriétés concernées, elles ont tout simplement été vendues au secteur privé.
Dans tous les cas, ces expropriations ont bénéficié à l’état, tant économiquement que politiquement.

« Dans certains cas, comme à Yaffa, les habitations palestiniennes ont été conservées et entretenues en vue de gains politiques et économiques. En 2018, la vieille ville de Yafa était le troisième site touristique le plus visité du pays. Airbnb y propose plus de quarante offres, misant sur la notion orientaliste d’authenticité pour attirer les touristes », indique le rapport.
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Yaffa en 1934
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Yaffa en 1900

« Yaffa était la plus grande ville palestinienne, comptant 70.000 habitants. On estime à seulement 5% la part de la population à avoir réussi à se maintenir sur ses terres après l’occupation militaire de 1948.
Et 95 % des biens ont été saisis en vertu de la loi sur la ‘propriété des absents’. En 1950 Yafa est devenue une annexe de Tel Aviv, les Palestiniens ne représentant plus que 2% de la population de la ville.

Tandis que des quartiers entiers de la ville ont été détruits (tels que Al Manshiya) ainsi que 70% de la vieille ville, les 30% restant ont bénéficié d’une préservation sélective, profitant à des résidents, commerçants et artistes juifs. Ces derniers ont pris possession de Yaffa dès le début des années 50.
En 1961, la municipalité et le gouvernement ont conjointement créé la Compagnie pour le développement du vieux Jaffa », pour en faire une « colonie d’artistes », prônant la « culture et la création » et développer ainsi le tourisme et le commerce, au seul profit des Israéliens.
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Airbnb. entre dans ce jeu et fait de « l’authenticité » l’argument phare de ses annonces de location dans Jaffa », souligne Who Profits.

« En proposant ces lieux de villégiature à des touristes, et en leur servant de vitrines, les plateformes telles que Airbnb. tirent profit de la dépossession des Palestiniens que ce soit en Cisjordanie, dans le Golan, à Jérusalem-Est occupés, ou dans des villes comme Jaffa », conclut Who Profits.

(Traduit par Sarah V. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Who Profits from The Occupation

CAPJPO-EuroPalestine