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Comment les docteurs israéliens couvrent la torture des Palestiniens

« Ce ne sont pas seulement des médecins du Shin Bet (services secrets israéliens) qui collaborent avec la torture, mais aussi des médecins des services hospitaliers qui acceptent de faire de fausses attestations médicale »s, accuse l’Israélienne Ruchama Marton*.


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« De la validation de techniques d’interrogation brutales à la rédaction de faux rapports médicaux, les médecins jouent un rôle actif dans la torture des prisonniers palestiniens », écrit Ruchama Marton, fondatrice des Médecins israéliens pour les Droits de l’homme.

« Les services de sécurité israéliens (Shin Bet) qui gèrent une école pour former leurs agents et interrogateurs, sont passés maîtres dans l’art de mentir, et tous les responsables de l’armée répondent systématiquement, que la torture n’existe pas en Israël. Mais en tant que médecin et fondatrice de Physicians for Human Rights (PHR), j’ai toujours été choquée de voir comment les médecins israéliens coopèrent, et rendent possible l’industrie de la torture israélienne », ajoute-t-elle dans une interview au magazine israélien 972 +

« En juin 1993, j’organisais déjà une conférence internationale de PHR à Tel Aviv contre la torture israélienne, au cours de laquelle j’ai produit des documents — grâce à la journaliste Michal Sela– dans lesquels il était par exemple demandé par le Shin Bet à un docteur s’il y avait des contre-indications à ce qu’un prisonnier déterminé puisse être placé en isolement, attaché, si on pouvait lui recouvrir la tête, ou le laisser debout pendant longtemps.

Quatre plus tard, je produisais un autre document dans lequel il était demandé à des docteurs d’affirmer que des prisonniers n’avaient pas été torturés, contre toute évidence.

Prenons ainsi le cas de Nader Qumsieh, qui fut arrêté à son domicile de Beit Sahour, près de Béthléem le 4 mai 1993. Cinq jours plus tard, il était amené au centre médical de Be’er Sheva et un urologue diagnostiquait une hémorragie, et des déchirures aux testicules, tandis que Nader Qumsieh lui expliquait avoir reçu des coups sur tout le corps, et notamment su les testicules..

Dix jours plus tard, Qumsieh fut ramené devant le même urologue pour un examen médical, après que ce dernier eût reçu un coup de fil des services de l’armée. L’urologue rédigea alors un certificat rétroactif (comme s’il avait été écrit 2 jours plus tôt). Sans procéder à un nouvel examen médical, il écrivit :
« Selon le patient, celui-ci est tombé dans les escaliers avant d’arriver dans notre service des urgences. Il souffre d’un hématome superficiel de la région du scrotum, correspondant à des bleus apparus de 2 à 5 jours avant l’examen ».
Le certificat initial disparut quant à lui du dossier médical de Qumsieh.

Et l’on peut rapporter un nombre incalculable de cas de ce genre, la quasi totalité des médecins israéliens ayant intériorisé les valeurs du régime, et étant désireux de le servir loyalement, comme ce fut le cas dans l’Allemagne Nazie, aux USA ou des pays d’Amérique Latine.

Israel affirme que ces « pressions physiques modérées » ont pour but d’obtenir des aveux qui peuvent sauver la vie de nombreux Israéliens dans la « lutte anti-terroriste ».

Pourtant, dès le 18ème siècle il a été prouvé que les douleurs physiques ne permettaient pas de parvenir à la vérité lors de confessions. Et il est difficile de croire que le Shin Bet et l’armée n’en soient pas conscients.

Mais la torture — qui inclut cruauté mentale et physique– se poursuit, parce que le véritable but recherché c’est l’humiliation, et le fait de briser le moral et le physique des prisonniers. De briser leur personnalité.

C’est pourquoi les formulaires rédigés par le Shin Bet, et que sont amenés à remplir les médecins israéliens, autorisent la privation de sommeil, l’exposition à des températures extrêmes, les coups, les humiliations sexuelles, la mise à l’écart des familles et des avocats, les positions douloureuses prolongées, jusqu’à ce que les victimes palestiniennes, en perdent l’esprit.

Nous avons publié un livre sur ce sujet de la torture en Israel, mais il est resté introuvable, et interdit par la plus grande chaîne israélienne de librairies.

Et quand nous nous sommes tournés vers l’Ordre des Médecins pour avoir leur soutien dans la lutte contre la torture, ils nous ont demandé les noms des médecins que nous mettions en cause, pour en faire une affaire « interne », alors que nous demandions que des formations soient données à l’ensemble des médecins pour qu’ils ne collaborent pas avec les tortionnaires, et que les médecins qui refusent de collaborer bénéficient d’une protection.

Fiasco total !

Et des blouses blanches continuent à traverser les chambres de torture comme des ombres, durant les interrogatoires. Les médecins, les infirmières, les juges, qui sont au courant de tout ce qu’il se passe, et tous ceux parmi nous qui savent, mais qui préfèrent garder le silence, sont complices de ces crimes.

La torture provoque une destruction en spirale de notre propre société. Et il ne faut pas croire qu’une fois l’occupation terminée, la torture disparaîtra avec elle. La torture existe partout où les droits de l’homme sont bafoués.

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*Ruchama Marton, prsychiatre et fondatrice des Médecins Israéliens pour les Droits de l’Homme. Son association avait notamment dénoncé en 2014, après les bombardements au phosphore sur Gaza, le fait que les médecins israéliens refusent de révéler la composition des produits largués par Israel, de manière à faciliter la prise en charge des blessés à Gaza.
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(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

Source: +972 Magazine (Site israélien d’opposition)

CAPJPO-EuroPalestine