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Il y a 20 ans, le début de la 2ème Intifada : un coup monté de A à Z par Israel

A 7 H 45 du matin le 28 septembre 2000, Ariel Sharon débarque sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem –l’un des  endroits les plus sensibles du Moyen-Orient, le troisième des lieux saints pour la communauté islamique depuis le début du VIIIème siècle– en compagnie de centaines de soldats.

Il y a 20 ans, le début de la 2ème Intifada :  un coup monté de A à Z par Israel


Il cherche à gagner la Mosquée Al Marwani où environ 200 Palestiniens, dont des députés à la Knesset et de nombreux responsables politiques palestiniens, assis par terre, barrent l’entrée. Les soldats essayent de se frayer un chemin à coup de matraques mais ne parviennent pas à rompre la chaîne humaine. Alors, des centaines de militaires postés sur les toits alentour, se mettent à tirer avec des balles en caoutchouc sur les manifestants pacifiques, blessant 24 d’entre eux. 

Dès le lendemain, le Premier ministre Ehud Barak donne l’ordre de tirer à balles réelles sur les nouvelles manifestations et les cortèges de funérailles, provoquant la mort de 30 Palestiniens et deux Israéliens. Il faut noter qu’aucun attentat palestinien n’avait eu lieu à cette époque (le premier aura lieu le 2 novembre 2000), ce qui n’empêche pas le pouvoir d’invoquer la « légitime défense face à des actes de terrorisme ».

En fait, l’armée israélienne s’est préparée depuis longtemps. En juin, déjà, Barak informait les médias israéliens de « préparatifs militaires pour parer à une action de grande envergure, probablement en septembre » (Haaretz 23 juin 2000). Dès le début septembre une campagne est lancée dans le pays contre les Palestiniens d’Israël, que la droite qualifie de « tumeur maligne », avec des accusations de trahison contre les députés arabes à la Knesset.

Il y a 20 ans, le début de la 2ème Intifada :  un coup monté de A à Z par Israel

Les 1er octobre 2000, au lendemain de l’assassinat du petit Muhammad al-Dura, les Palestiniens d’Israël déclenchent une grève générale en solidarité avec les Palestiniens des territoires occupés. Bilan du plan « Accord Magique » qui autorise la police à tirer à balles réelles : 13 citoyens israéliens palestiniens tués et des centaines de blessés (dont beaucoup aux yeux, par des tirs ciblés) bien que les manifestants n’aient pas fait usage d’armes à feu. Mais la propagande persuade l’opinion publique israélienne d’un « nouveau complot arabe » qui veut « jeter les Juifs à la mer » et des foules se mettent à attaquer des Arabes dans les rues en Israël, et à incendier des restaurants qui emploient des Arabes.

Plus de 7000 Palestiniens seront blessés au cours des 5 premières semaines de la deuxième Intifada. « Barak déploya tout son arsenal, tanks, hélicoptères de combat, missiles Law et Tow, gaz toxiques, fusils équipés de silencieux pour les snipers, les Palestiniens ne faisant usage d’armes à feu qu’au fur et à mesure de l’escalade répressive. » a témoigné l’universitaire israélienne Tanya Reinhart. Les Nations Unies condamnent le 26 octobre « l’usage excessif de la force » par Israël, mais la population israélienne s’habitue peu à peu à cette répression, comme aux bouclages et couvre-feux quotidiens qui sont imposés, notamment à proximité des colonies.

1993 Oslo : la grande illusion

Cette sanglante répression conclut 7 ans d’une grande mascarade, débutée le 13 septembre 1993, lors de la fameuse  poignée de main sur la pelouse de la Maison Blanche entre Yasser Arafat et Yithzak Rabin. Le gouvernement israélien consent enfin à négocier avec l’OLP et à envisager l’existence d’un Etat Palestinien. Ceci après que la première intifada, initiée en 1987,  a dangereusement entamé son image de petit pays démocratique et sympathique… Tout le monde comprend qu’Israel va mettre fin à l’occupation et se retirer des territoires occupés en 1967. Au point, souligne Tanya Reinhart, que le prix des loyers monte en flèche en Israël, dans l’attente d’une vague de retour des colons.

Mais c’est aller un peu vite en besogne. Les dirigeants israéliens ne vont pas à la table des négociations sur cette base, malgré des déclarations laissant croire qu’ils proposent aux Palestiniens la souveraineté sur 90% de la Cisjordanie, la totalité de Gaza, ainsi que Jérusalem Est. La réalité est bien éloignée, comme on l’apprendra des années plus tard, puisque les négociateurs palestiniens vont longtemps garder le silence sur les couleuvres qu’on leur demande d’avaler en guise d’«offre généreuse » .

Comme le révèlera par la suite Robert Malley, conseiller du président américain Clinton de 1998 à 2001, l’offre en question, n’est pas du tout généreuse. Elle laisse intactes TOUTES les colonies. Les négociateurs israéliens exigent que 130 d’entre elles, les plus gros blocs représentant 150.000 colons soient annexés à Israël. Les 50 restantes seront « incluses » dans le futur Etat palestinien mais en gardant leurs colonies juives, leurs propres routes, leurs avant-postes, et leurs soldats (israéliens, évidemment) pour les « défendre ». En outre, ’armée israélienne restera en place dans la vallée du Jourdain, et contrôlera toutes les frontières du futur Etat palestinien avec ses voisins arabes. Le tout avec la bénédiction des Etats-Unis, arbitre « impartial » de ces négociations.

Le Premier ministre Yitzhak Rabin, mort le 4 novembre 1995 sous les balles d’un sioniste radical, a évidemment participé à l’élaboration de ces « propositions ». 

« S’il avait réellement souhaité parvenir à un accord, Rabin aurait au moins fait le geste d’évacuer la minuscule colonie d’Hébron et ses 400 colons, notamment après l’attentat commis contre des fidèles musulmans en 1994 dans la mosquée d’Ibrahim », écrit Tanya Reinhart dans son livre « Détruire la Palestine ».

 Mais le plus incroyable reste le formidable tour de passe-passe concernant la question de Jérusalem. L’expression « division de Jérusalem » qui était régulièrement employée pendant tout le processus d’Oslo, avait fait croire au monde entier que Jérusalem-Est reviendrait à l’Etat palestinien. En fait, la capitale de l’Etat palestinien devait bien s’appeler Al-Qods (le nom arabe de Jérusalem qui signifie « ville sainte »), mais elle se situerait… dans la banlieue de Jérusalem, à Abou-Dis !

 Pendant les négociations, multiplication des colonies

En septembre 1997, au lendemain de la visite en Israël de Madeleine Albright, chef de la diplomatie américaine, Israel annonçait « l’approbation du projet de construction de 70 à 130 logements destinés à des Juifs dans le quartier palestinien de Ras Al-Amoud à Jérusalem-Est. »

Une semaine plus tôt le ministère du Logement affichait l’achat de 1560 logements dans les implantations de Cisjordanie pour les 7 premiers mois de 1997. Chaque jour de nouvelles destructions de maisons et d’oliviers palestiniens, s’accompagnent de nouvelles constructions de routes de contournement pour colons, et de nouvelles expropriations de terres. Entre 1993 et 2000, le nombre de colons va doubler en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, pour atteindre le chiffre de 400.000.

Des centaines de barrages surgissent. Oslo invente l’institutionnalisation de l’Ausweis, « Autorisation personnelle de déplacement ». Que ce soit entre les Territoires occupés et Israël, entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza, un Palestinien ne bouge plus sans l’accord d’Israël. Les « Accords d’Oslo » salués dans le monde entier comme une grande avancée, se traduisent par l’obligation pour l’Autorité Palestinienne de communiquer au Ministère israélien de l’Intérieur tout changement d’adresse d’une personne. Et celle dont l’adresse inscrite sur la carte d’identité est « Gaza » , mais qui se trouve en Cisjordanie, est désormais « en séjour illégal » et doit être renvoyée à Gaza, même si elle vit depuis dix ou vingt ans en Cisjordanie. 

Oslo devient non seulement synonyme de peur et d’humiliation permanentes, avec fouilles, ordres braillés dans les haut-parleurs, mais aussi de paralysie de l’économie, car les biens palestiniens doivent maintenant être déchargés et rechargés sur différents camions à plusieurs reprises, pour « raison de contrôle ». Des produits en provenance d’Hébron, à destination de Naplouse, sont déballés à sept reprises, ce qui augmente le temps et les coûts de transport. Tout bénéfice pour les marchandises israéliennes qui peuvent du coup afficher des prix inférieurs, et qui envahissent le marché palestinien. Et pendant ce temps,  Arafat fait ce qui lui est demandé, il combat le terrorisme et « met toute son énergie contre le Hamas » se félicite Ami Ayalon, chef du Shin Bet, dans une déclaration publiée par Haaretz le 6 avril 1998.


Il faut dire que Yasser Arafat a accepté de signer un accord stipulant que l’Autorité Palestinienne prendrait en charge la sécurité d’Israël, « lutterait contre les terroristes en coopération avec Israël, avec en particulier, échange d’informations, d’idées et d’assistance militaire », et prendrait « toutes les mesures nécessaires pour infiltrer les organisations terroristes et les détruire de l’intérieur ».

Et il l’a mis en pratique, en faisant arrêter et assassiner un grand nombre de militants du Hamas, en coopération avec Israël, comme pour Muhi A-din A-Sherif, arrêté, torturé puis abattu fin mars par les forces d’Arafat grâce à des informations fournies par les services secrets israéliens. (Yediot Aharonot, 14 avril 1998).

Les frères Imad et Aadel Awdalla furent assassinés quelques mois plus tard par des Israéliens, près de Hébron, grâce à des renseignements donnés par les services de sécurité palestiniens.

Arafat instaure à cette époque un régime de terreur pour faire taire les opposants, les journalistes et même les médecins légistes qui pourraient contredire les versions « officielles » concernant les conditions de décès de divers Palestiniens. L’agence Reuters à Gaza fut fermée pour 3 mois et ses 5 journalistes emprisonnés jusqu’à ce qu’ils signent un engagement « à ne pas favoriser l’agitation des fanatiques ».

La tactique israélienne est claire : engager des négociations sans fin pendant lesquelles l’autre partie n’obtient rien, mais remplace l’armée israélienne pour faire la police de l’occupation et paralyse la résistance. Et quand on a bien fait durer le plaisir, on dit que ce sont les Palestiniens qui ont rompu les négociations, refusé l’offre généreuse d’Israel, et Sharon peut lancer des provocations et une répression à grande échelle.

CAPJPO-EuroPalestine